Katumbi, Bemba, Muzito, Mbusa veulent embraser la RD Congo
Ce ne sont même plus des simples signes annonceurs qu’il s’agit. Ce sont des faits de violence organisée et préméditée et de provocations d’adversaires politiques. La coalition des invalidés et autres chefs rebelles nostalgiques née à Genève met en œuvre une politique planifiée de la terre brûlée et ne s’en cache même pas. Les premières alertes ont été lancées à l’occasion du retour triomphal à Kinshasa du tandem Félix Tshilombo Tshisekedi-Vital Kamerhe, le 28 novembre 2018. Des rumeurs faisant état d’un projet de perturbation de l’accueil des dirigeants du CACH (Cap pour le Changement) avaient circulé dans la capitale rd congolaise, suffisamment pour que les états-majors de l’UDPS/T et de l’UNC organisent des séances de conscientisation de leurs combattants pour éviter les affrontements. D’autant plus que quelques jours plus tôt, le 21 novembre 2018, les combattants mobilisés pour accueillir le « candidat unique » de Lamuka s’étaient lancés dans des invectives contre leurs anciens amis de l’opposition radicale à la hauteur du siège de l’UDPS/T sur la 10ème rue Limete. «Nous préparons nos combattants à faire face aux provocations sans réagir », expliquait au Maximum un chargé de la mobilisation de l’UDPS/T, le 27 novembre à Limete. Si aucun incident majeur n’avait émaillé le parcours du cortège de l’aéroport international de Ndjili au siège de l’UDPS/T à Limete, les forces de police chargé de le sécuriser avaient néanmoins été contraintes d’user de grenades lacrymogènes pour lui permettre de se frayer un passage à la hauteur du camp Badara, une ancienne caserne de la PNC.
Meeting perturbé au Camp Luka
La prochaine fois fut la bonne, cependant. Dimanche 2 décembre 2018, le « candidat unique » du CACH et son directeur de campagne animaient un meeting sous pluie battante au Camp Luka, un quartier périphérique de Kinshasa. Parmi la centaine de combattants venus écouter Félix Tshilombo Tshisekedi et Vital Kamerhe venus leur expliquer leurs malheurs, malgré le sale temps, s’étaient glissés ceux du camp adverse. Au milieu et à la fin des speechs, ils se firent bruyamment entendre en scandant à tue-tête le nom de leur « candidat unique », Martin Fayulu. Interrogé sur le sujet par la presse, Vital Kamerhe choisit de se montrer bon prince en déclarant que ces intrusions dans un meeting de l’adversaire relevaient de l’expression démocratique. « Nous ne devons pas nous tromper d’adversaire. Notre adversaire, c’est le pouvoir en place », exhortait pour sa part Félix Tshilombo, tentant ainsi de minimiser l’incident. Mais rien n’y fait.
En provinces où se ruent ceux des candidats à la présidentielle du 23 décembre qui en ont les moyens, les combattants de Lamuka s’illustrent par des voies de fait, carrément. C’est à Beni, la capitale administrative du Nord Kivu et ancien fief rebelle d’Antipas Mbusa Nyamuisi, un ténor de Lamuka connu pour sa prédilection pour la lutte armée contre Joseph Kabila, que le ton est donné. Le 5 décembre 2018, Martin Fayulu y lance sa campagne électorale avec un meeting au Rond-Point de la Révolution bondé de monde, tard dans la soirée. Le « candidat unique » de Lamuka n’y évoque pas de programme de gouvernement. Il n’en a pas. Selon les accords en vertu desquels il a été investi à Genève, il ne devrait gouverner, s’il est élu, que durant 2 ans avant d’organiser des élections. Par contre, ce président d’un petit parti politique kinois manifestement choisi par qu’il ne vaut politiquement rien en lui-même, promet d’enrayer l’épidémie d’Ebola qui sévit depuis plusieurs mois dans la région, aggravée par la résistance des populations hostiles aux vaccins et aux recommandations des équipes de riposte. Martin Fayulu promet également de déménager le camp militaire Kokolo, le plus grand de Kinshasa, à Beni pour enrayer le terrorisme ADF qui a déjà fait plus de 2000 victimes parmi les civils dans la région de Beni. Avant d’inviter les populations à s’opposer à l’utilisation de la machine à voter et exiger un bulletin papier le 23 décembre prochain. La mèche est allumée. Des combattants Lamuka s’en prennent aux affiches de campagne du candidat du Front Commun pour le Congo, la plateforme électorale du président de la République sortant, Joseph Kabila. Qu’ils incendient sans que nul ne les en dissuade.
Affiches électorales incendiées à Beni
Arrivés à Bunia dimanche 9 décembre, Félix Tshilombo et Vital Kamerhe voient le meeting qu’ils animent perturbé par des combattants Lamuka qui scandent le nom de Martin Fayulu et font retentir des klaxons de motos dès que l’un ou l’autre des deux orateurs ouvre la bouche. Au chef-lieu de la province de l’Ituri où le « candidat unique » des invalidés est passé 24 heures plus tôt, le tandem dirigeant du CACH peine à mobiliser. Seulement quelques centaines de sympathisants sont venus écouter les deux acteurs politiques de l’opposition qui se présentent comme le « ticket gagnant » de la prochaine présidentielle. Et ça dérange. Leurs anciens amis de Lamuka plus que quiconque, apparemment. Des sources à Bunia rapportent que l’arrivée du « candidat unique » du CACH et de son directeur de campagne a été précédée par une véritable campagne de dissuasion des populations, interdites de se rendre au lieu du meeting. « Des jeunes drogués ont menacé ceux qui voulaient venir écouter le duo Fatshivit », rapportent des sources locales qui font également état de jets de pierre contre le cortège du tandem Félix Tshilombo et Vital Kamerhe.
Agression contre le Palu à Kinshasa
Samedi 8 décembre à Kingasani dans la commune de Kimbanseke à Kinshasa, une caravane organisée par le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) a été attaquée par des partisans de Lamuka. Les participants à ce défilé organisé pour présenter les candidats du parti aux combattants, dont des femmes âgées, ont essuyé des jets de pierre et plusieurs blessés graves ont été enregistrés. Selon Lugi Gizenga, le secrétaire permanent du Palu, les assaillants bien connus sont des militants de Lamuka. Certains parmi eux ont été mis aux arrêts sur la base d’une plainte déposée par le parti gizengiste.
Incitation à peine voilée à s’en prendre aux machines à voter et à utiliser des bulletins de vote non conformes, agression systématique et planifiée d’adversaires politiques, perturbation des meetings … ce sont bien des affrontements généralisés que fomentent les accords qui ont abouti à la désignation d’un poids mouche pour représenter l’opposition radicale en novembre dernier à Genève. Lamuka est un cocktail explosif.
J.N.