Mercredi 22 août 2018, un candidat à la présidentielle (un prétendu candidat, en fait !) faisait sensation en annonçant avec pompe, comme c’est d’usage lorsqu’on veut se présenter comme un opposant politique, son retrait de la course à la compétition électorale du 23 décembre 2018. Michel Okongo Lomena, un acteur politique de la diaspora rd congolaise qui se revendique de l’UDPS/Tshisekedi annonçait son retrait pour 5 raisons allant de l’absence de lisibilité, traçabilité, d’inclusivité du processus électoral en cours à l’imposition par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de la machine à voter. Pour ce natif de Kisangani dans la province de la Tshopo, les incursions de la majorité présidentielle au cœur du système électoral ainsi que la prise en otage du processus ainsi que la violation du calendrier électoral par la CENI (selon lui), s’étaient avérés suffisantes pour qu’il renonce à l’investissement consenti pour prendre part à la présidentielle de décembre prochain.
Quelques jours auparavant, par la voie des médias et sur les réseaux sociaux dont il paraît très friand, le président fondateur du parti politique dénommé « Unité de Mesure », avait annoncé le dépôt de son dossier de candidature à la présidentielle, dans la suite logique de prétentions affichés (sur la toile) pour le top job en RD Congo. L’homme proposait un programme de gouvernance politique axé sur les réformes dans la justice, de l’économie, de l’Armée, de la Police nationale, des services de renseignement, de la santé, de la douane, de l’emploi, du transport, de l’enseignement, de la recherche scientifique. Sans plus de détail, comme au bon vieux temps de la lutte udpsienne contre la dictature mobutienne et le parti-Etat déliquescent.
Seulement, de dossier candidature à la présidentielle, Me Michel Okongo Lomena n’en a jamais déposé. Pas au bureau de réception et de traitement des candidatures du boulevard du 30 juin à Kinshasa, où ses collègues candidats à la présidentielle se sont pressés depuis le 2 août 2018. Selon toutes les apparences, l’ex UDPS Michel Okongo s’était contenté de poster son dossier de candidature sur les réseaux sociaux. Parce que la CENI a démenti de la manière la plus formelle l’information relative à cette candidature au top job rd congolais. L’homme n’a jamais figuré sur la liste des candidats affichée au BRTC de Kinshasa Gombe, comme l’exige la loi électorale. Et ne s’en est pas plaint outre mesure. «La déclaration de retrait de candidature de l’intéressé ne correspond nullement à la réalité et n’est qu’un stratagème mis en œuvre par son auteur, dans le dessein malveillant de jeter le discrédit sur le processus électoral, en relayant des accusations gratuites contre la centrale électorale et des déclarations aussi non fondées qu’inexactes sur le respect du calendrier électoral et la machine à voter, en voulant donner l’impression d’agir par nationalisme et respect des valeurs», lit-on sur le communiqué rendu public par l’administration électorale à cet effet.
Mais cela n’empêche pas l’avocat (puisque c’est en cette qualité qu’il se plaît à se présenter à l’opinion) de persister, dans le plus pur style des politiques de la génération de la littérature orale héritée des années Mobutu, où le slogan vaut preuve de vérité. « J’ai déposé ma candidature. Je ne peux pas vous en dire plus. La vérité est têtue. Ce processus va droit au mur. J’ai déposé l’argent de la caution. Ce qui comptait, c’est d’avoir le départ de Kabila (-…) On ne peut pas dire que j’ai perdu de l’argent. Le Congo vaut plus que 100.000 USD », soutient le candidat fictif. Sans présenter la moindre preuve de ses affirmations : ni un accusé de réception du dossier à la CENI, ni un reçu de versement de la DGRAD. L’unité de mesure était une unité d’escroquerie politique.
J.N.