A la clôture de l’enregistrement des dossiers de candidatures à la présidentielle du 23 décembre 2018 à Kinshasa, mercredi 8 août 2018, 28 postulants avaient formellement été enregistrés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Parmi les 25 ou 26 prétendants au fauteuil de Joseph Kabila Kabange, le Chef de l’Etat sortant, de nombreux inconnus au peloton d’acteurs politiques en RD Congo. Mais aussi et surtout, une extraordinaire espèce de ruée vers l’or d’hommes de Dieu, pasteurs, prophètes, évangélistes et tutti quanti.
Au moins 5 des candidats sont gestionnaires d’âmes.
A commencer par Théodore Ngoy, le bouillant pasteur de l’église dite de la Gombe et néanmoins président national d’un parti politique, Congo pour la Justice (C. Just). L’homme n’en est pas à son premier coup d’essai et est donc passablement connu de l’opinion. C’est depuis les scrutins de 2006 que Théodore Ngoy tente sa chance à l’élection présidentielle. 12 ans après, ses ambitions politiques ne semblent pas lui avoir laissé de répit. L’homme de Dieu récidive, derechef.
Autre homme de Dieu qui se tâte avec insistance, c’est le professeur Jean-Paul Moka. Le révérend clame ses ambitions présidentielles depuis son exil européen, qui remonte à plusieurs années déjà. En 2011, il postule formellement au top job dans son pays, mais voit sa candidature malencontreusement recalée par la justice. Loin de se décourager, le professeur Moka s’improvise co-médiateur (avec John Kuofor) de la crise politique née de la revendication de la victoire par l’UDPS Etienne Tshisekedi. Le Révérend Moka, qui s’est déjà illustré en portant plainte contre la Belgique pour son implication dans l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba, n’en prêche pas moins avec insistance la mise en œuvre d’un plan Marshall pour la RD Congo. Qu’il chiffre à quelque 100 millions USD.
S’ils sont assurément connu de Dieu le Père, 3 autres de ces intercesseurs auprès des humains qui convoitent les fonctions présidentielles en RD Congo le sont un peu moins des brebis nationales.
C’est un peu le cas du Pasteur Joseph Maluta, 48 ans, converti aux vertus chrétiennes dans les travées de l’église « Foi Audacieuse » de Tumbu Lukoki, un apôtre. S’il entame son ministère apostolique, lui aussi, à Tembo dans l’ex. Bandundu, il ne tarde pas étendre sa sphère d’influence au Brésil où il est honoré du titre de Docteur par une université locale. Il y épouse une certaine Rita de Cassia Cavalcante et fonde la communauté chrétienne Meresa (Mission Evangélique pour la Récupération et le Salut des Ames). Joseph Maluta se revendique de nombreuses œuvres sociales à travers le monde.
Il y a aussi le pasteur Radjabu Mbira. Comme Théodore Ngoy, il plastronne au-dessus d’un parti politique, le CUC (Congolais Unis pour le Changement), actif dans la province de l’Ituri, à ce qu’il semble. Membres de la Majorité Présidentielle (MP), Radjabu Mbira et le CUC ont animé un point de presse en avril 2018 à Bunia pour annoncer qu’ils claquaient la porte de la famille politique kabiliste. Parce que des membres fondateurs de ce parti avaient manifesté des ambitions à la présidentielle de 2018 qui n’ont jamais obtenu d’échos de la hiérarchie de la MP.
Le dernier des hommes de Dieu qui a déposé sa candidature à la prochaine présidentielle est le pasteur Central-Kongolais Charles Diavena Luntadila. Tout ce qu’il a été possible de savoir sur lui est qu’il ne dédaigne pas les affaires commerciales. L’identité de l’homme de Dieu candidat est reprise sur la liste des actionnaires de la DIA NCD Sarl, une entreprise d’import/Export enregistrée à Fontaines-sur-Grandson, CHE-242.817.545. Qu’il a du reste quittée, manifestement.
Fasse Dieu et les cieux que tous ses préposés ne quittent pas prématurément les électeurs de la RD Congo.
J.N.