Pressé par une certaine communauté internationale de se rendre à Luanda où l’attendait avec quelque impatience son homologue angolais, Joao Lourenço, le Chef de l’Etat de la RD Congo a pris tout son temps avant d’effectuer, du 2 au 4 août 2018, un séjour strictement consacré aux relations bilatérales entre les deux Etats. Et non pas une visite pour s’entendre formuler des « recommandations » sur les affaires intérieures de son pays. C’est ce que Joseph Kabila a fait en conduisant une impressionnante délégation de ministres, conseillers de cabinet présidentiel et même d’un représentant des banques congolaises intéressé par les secteurs de coopération bilatérale avec ce pays voisin.
Minutieusement préparée 24 heures plus tôt par le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, qu’accompagnait l’ambassadeur de la RD Congo en Angola, le séjour angolais du week-end dernier a vu dans la suite du Chef de l’Etat le ministre d’Etat en charge des Transports et voies de communication, José Makila, le ministre de la Communication et Médias, Lambert Mende Omalanga, le ministre de l’Energie, Ingele Ifoto et le ministre des Hydrocarbures, Aimé Ngoyi Mukena. Mais aussi le conseiller principal en charge du collègue diplomatique à la présidence, Barnabé Kikaya Bin Karubi et l’ambassadeur itinérant, Séraphin Ngwej. A ce beau monde s’était joint le distingué patriarche et banquier, Pascal Kinduelo.
Après un bref tête à tête avec son hôte, Joseph Kabila a tout de suite donné le ton qu’il entendait imprimer à son séjour angolais en omettant volontairement de se prononcer sur l’évolution politique dans son pays et en insistant sur son caractère bilatéral. « Le Chef de l’État congolais n’a pas fait allusion à la préparation des élections dans son pays, bien que João Lourenço, qui l’a précédé, ait salué les mesures pour mener à bien les élections dans le pays voisin prévues pour décembre » écrivent nos confrères de l’Agence de presse angolaise dans une dépêche datée du 2 août 2018. Au cours de l’habituel point de presse conjoint des deux Chefs d’Etat, Joseph Kabila a dit son intention d’élargir les relations de coopération dans les domaines tels que le commerce et les infrastructures ainsi que ceux liés à la sécurité aux frontières communes au bénéfice de peuples de la RD Congo et de l’Angola.
Joignant l’acte à la parole, vendredi 3 août, la délégation présidentielle visitait les installations de SONILS et le Musée national de l’histoire militaire de l’Angola. La SONILS (Sonangol Integrated Logistic Services) est le centre intégré des services pétroliers de l’entreprise angolaise bien connue, situé au port maritime de Luanda. Il a été créé pour répondre aux problèmes de raffinerie pétrolière et fournir aux sociétés pétrolières des solutions à leurs problèmes opérationnels et logistiques. Le site visité par Joseph Kabila et sa suite s’étend sur une superficie de 200 hectares et entretient un réseau routier interne de 21 km, assorti d’un quai de 2 km pour un tablier de 30 m de largeur et de 12,5 m de profondeur, rapporte-t-on.
Le séjour angolais du Président de la République a également permis d’approfondir les questions liées à l’exploitation des installations portuaires de Lobito, indispensables à l’exportation des produits miniers rd congolais dont la demande va crescendo depuis plusieurs années.
Dans le domaine énergétique, Kinshasa et Luanda ont récemment conclu un accord-cadre de coopération énergétique consistant en la construction d’une ligne de transport d’électricité de 220 kV du barrage d’Inga à la province angolaise du Cabinda, le 19 juillet 2018. Le protocole signé par les ministres angolais de l’Energie et de l’Eau et rd congolais de l’Energie attendait l’établissement de conditions générales entre les gouvernements des deux pays dans le domaine de l’électricité. La ligne de transport de courant électrique Inga-Cabinda passera par les villes rd congolaises de Boma et de Muanda vers Cabinda sur une distance de 179,4 km en RD Congo et 47,5 km en Angola.
Point de discussions ni concertations sur l’alternance au pouvoir à Kinshasa donc. A Luanda, Joseph Kabila a démontré que les relations bilatérales entre la RD Congo et l’Angola se portent suffisamment bien et peuvent être améliorées pour le bien-être des populations des deux pays sans immixtion dans les questions de politique interne et dans le respect mutuel. Point barre.
J.N.