Le décompte est macabre. Au total 48 personnes ont péri à la suite des pluies diluviennes qui se sont abattues sur la ville de Kinshasa dans la nuit du 3 au 4 janvier dernier. C’est le bilan définitif donné par les autorités de la capitale congolaise. Les communes les plus touchées par ce drame sont celles de Mont Ngaliema, Mont Ngafula, Barumbu, Limete, Selembao, Bandalungwa.
Selon les témoignages recueillis sur ces différents endroits, la plupart des personnes sont mortes à la suite de la coulée des boues ou par noyade. Les rivières N’djili, Kalamu et Makelele, bouchées par des immondices accumulées, sont sorties de leurs lits occasionnant de fortes inondations qui ont atteint près de deux mètres de hauteur dans plusieurs quartiers de Kinshasa affirme le gouverneur de la ville, André Kimbuta.
Dans plusieurs familles, c’est la consternation, mieux la désolation. Ici, une famille de 5 enfants a été complètement décimée pour avoir perdu 4 de ses membres ; là, un père, une mère et leur fillette surpris par la mort en plein sommeil par les eaux des pluies. Des corps sans vie ont été retirés sous les décombres des maisons ou encore dans la boue dans ces quartiers affectés.
Outre le bilan humain, les dégâts matériels sont considérables. La quasi-totalité des maisons érigées le long des trois rivières sont balayées par ces inondations ; d’autres avec tous les biens meubles sont englouties dans la boue, certains de ces biens emportés par les eaux des pluies.
Évènements difficiles à vivre pour la plupart des kinois qui ont assisté à cette scène macabre. Le 4 janvier 2018 vient donc encore écrire une autre page sombre de l’histoire de la RDC en dehors de celle de 4 janvier 1959 célébrée chaque année en mémoire des martyrs de l’indépendance.
La crainte d’une épidémie
Ces inondations interviennent malheureusement à un moment où Kinshasa ploie sous le poids d’une épidémie de choléra. L’alerte en a été donnée par le Ministre de la Santé, le Dr. Oly Ilunga. Selon Médecins Sans Frontières, des 220 cas déclarés dans le quartier Paka Djuma et Camp Luka, l’on dénombre 23 morts. Avec ces inondations qui laissent à l’air libre des matières fécales et autres immondices, la situation risque de s’aggraver et s’étendre dans d’autres communes redoute l’infirmier Julio Iponge, la cinquantaine révolue.
Un malheur ne vient jamais seul. Les dernières pluies qui se sont abattues à Kinshasa dans la nuit de dimanche ont encore occasionné d’autres victimes à Mont Ngafula. Déjà la météo annonce d’autres pluies diluviennes. Et le gouvernement est interpellé pour prendre des mesures coercitives, question d’épargner le pays d’un nouveau drame.
Les autorités, seuls responsables ?
La plupart de quartiers victimes de ces inondations et éboulements se recrutent le long des rivières qui traversent les quelques communes de la capitale et les bas-fonds des montagnes qui surplombent les communes Ngaliema et Mont Ngafula. En l’absence d’une politique gouvernementale en matière de logements sociaux, nombreux sont les kinois qui, en complicité avec certains agents de service d’urbanisme et de l’habitat, construisent n’importe où, sans tenir compte des normes exigées. Ici, il faut souligner qu’en dehors des quelques initiatives notamment la construction de la cité verte, cité Mama Mobutu, Camps Badiadingi et Bumba, cité Salongo auxquelles il faut ajouter les maisons loties par le défunt Office national de logement à Matete, Lemba, Yolo, Kauka, Matonge, Bandalungwa, rien n’a été jusque-là fait de la part du gouvernement congolais ouvrant ainsi la voix à l’anarchie dans ce secteur. Les sites sont lotis sans viabilisation de la part du gouvernement et de ces services compétents. Dans une ville de plus de 10 millions d’habitants où les citoyens font face à la montée vertigineuse des loyers payés en devises fortes, chacun tient à tout prix se faire bâtir une maison. C’est ce qui justifie l’envahissement de certains sites non viables par des constructions anarchiques aux conséquences néfastes non seulement pour leurs occupants, mais également pour l’image de la ville capitale de la rdc. Pour des pareilles situations, l’État devrait sévir contre ceux qui construisent anarchiquement et contre ceux qui leurs livres les autorisations de bâtir.
Mais les kinois eux-mêmes sont aussi responsables de ces drames. Ils confondent pour la plupart des cas certains ouvrages comme les caniveaux à des poubelles, obstruant ainsi la voie aux eaux de ruissellement. Pour parer à toute éventualité, la population doit être sensibilisée et contrainte à respecter les règles élémentaires d’hygiène et du respect des biens publics et l’Etat doit y veiller en réprimant les mauvaises habitudes. C’est cela la nouvelle citoyenneté pour un Congo voulu émergent à l’horizon 2030.
Monulphe Bosso