L’affaire faisait les choux gras des réseaux sociaux dont on sait, pourtant, qu’ils représentent un extraordinaire fourre-tout dont la qualité des informations est plus que sujette à caution. Mais n’y fait, lorsqu’il s’agit du continent noir et particulièrement du sous-continent qu’est la RD Congo. Depuis plusieurs jours pleuvent rapports et résultats de prétendues investigations indépendantes qui ont en commun de pointer un doigt soupçonneux et accusateur sur les autorités de la RD Congo, présentées comme responsables des crimes commis sur le territoire du pays.
Le meurtre de deux experts onusiens dans la province du Kasai Central, dont le procès est en cours actuellement, est revenu sur la sellette après que les tentatives d’en retirer l’initiative de l’enquête et de l’instruction eurent été mises en échec par un vote au conseil des droits de l’homme de l’ONU. Grâce à une prétendue enquête indépendante de nos confrères de la RFI et de l’agence Reuters, qui accuse les autorités rd congolaise du meurtre des onusiens. Et non plus les milices se revendiquant du trône de Kamwina Nsapu, ainsi que concluait une enquête préliminaire onusienne.
Au cours d’un important point de presse, jeudi 21 décembre 2017 à Kinshasa, le ministre de la Communication et Médias, et porte-parole du gouvernement de la RD Congo est revenu sur les dessous de cette enquête aux allures d’une vendetta politique. Et a remis les points sur les i et les barres sur les t. Comme il sait le faire avec à propos. « C’est le lieu de rappeler que ni le Gouvernement, ni le Secrétaire général des Nations-Unies et encore moins des journalistes ne sont qualifiés pour accuser qui que ce soit de quoi que ce soit. La responsabilité de poursuivre des faits criminels et de procéder à l’accusation revient exclusivement au Ministère public … « a rappelé Lambert Mende à ces confrères qui professent l’amalgame autour de la séparation des pouvoirs de mise dans tout Etat moderne. « Il est surprenant que des professionnels de médias aussi respectables fassent fi du principe élémentaire de la séparation des pouvoirs qui laisse au seul ministère public (le parquet en l’occurrence) la plénitude de l’action publique et aux juges le pouvoir de désigner les coupables de crimes et d’infractions », a soutenu le porte-parole du gouvernement.
Lambert Mende Omalanga a également abordé les points relatifs au processus électoral rd congolais, confirmant la volonté du gouvernement de remplir sa part du contrat, particulièrement en assurant le financement du processus électoral, comme il est seul à le faire jusque-là.
Le lecteur lira ci-après le texte intégral du point de presse du porte-parole du gouvernement.
J.N.
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS
KINSHASA, 21 DECEMBRE 2017
Mesdames et Messieurs de la presse,
Mon propos de ce jour tournera essentiellement autour de l’état de la Nation après l’adoption par le Parlement de la Loi Électorale qui défraie la chronique ces jours-ci. Je vous présenterai aussi un large tour d’horizon de la situation politique en République Démocratique du Congo depuis notre dernière rencontre qui remonte, si mes souvenirs sont exacts à la publication début novembre dernier par la CENI du calendrier électoral.
I. LE PROCESSUS ELECTORAL
Il y a plus d’un mois, la CENI a procédé, à la satisfaction générale des Congolais et de ses partenaires extérieurs, à la publication d’un calendrier électoral assorti néanmoins, pour sa mise en œuvre, de préalables et de contraintes, notamment d’ordre législatif, budgétaire et sécuritaire.
Face à ces contraintes qui ne sont rien d’autre que des défis majeurs induits par ce calendrier, le Gouvernement de la République, respectueux de ses engagements, a fait et continue de faire sa part.
1.1. La Loi Electorale
L’adoption par les deux Chambres de la Loi Électorale déposée dans les délais à l’Assemblée Nationale est la première preuve, si besoin en était encore, de la bonne foi du Gouvernement qui manifeste ainsi sa volonté de remplir scrupuleusement ses engagements à cet effet.
Cependant, une partie de l’opposition a préféré boycotter les séances d’examen de cette Loi à la Chambre basse du parlement. Il lui appartient de s’en expliquer car, dans le système politique démocratique parlementaire dans lequel notre peuple a choisi de vivre, pareille attitude donne le sentiment que certains parmi nous voudraient inventer d’autres règles en vertu desquelles la majorité devrait renoncer au privilège qui lui revient de proposer des innovations nécessaires à la rationalisation des interactions politiques et à la respiration normale des institutions.
Le Gouvernement se réjouit de ce que le Parlement ait pris la résolution de mettre un terme au foisonnement ingérable des partis politiques qui ont gêné, d’une part, l’organisation des scrutins par la CENI et, d’autre part, la sérénité des débats dans les différents hémicycles ainsi que la gouvernabilité des instances exécutives nationales et provinciales au cours de ces dernières années. L’introduction d’un seuil minimum de représentativité qui vise la réduction, sur des bases objectives, du nombre de partis politiques (plus de 700 à ce jour) et l’élimination des candidatures fantaisistes qui rendent très laborieux l’accomplissement par un grand nombre d’électeurs de leur devoir civique et le travail de dépouillement des résultats par la CENI est tout à fait conforme à l’optimisation du processus électoral recommandée avec insistance par l’accord de la Saint Sylvestre que d’aucuns aiment bien invoquer de manière sélective.
On peut regretter à cet égard que toutes les réformes institutionnelles significatives initiées au cours de ces deux dernières décennies se soient heurtées à l’attitude négative d’une certaine opposition radicale. Même la constitution de 2006 dont cette opposition se veut aujourd’hui le défenseur passionné avait été combattue par elle avec acharnement, au point de boycotter et faire boycotter le référendum grâce auquel les Congolais l’avaient adoptée. Cette posture négationniste rituelle qui semble forgée dans la conviction que la seule façon pour l’opposition de jouer son rôle démocratique est de pratiquer l’obstruction hargneuse et systématique et de placer les bâtons dans les roues de la majorité afin de l’empêcher d’apporter même des solutions idoines aux problèmes qui assaillent le pays n’est guère favorable aux Intérêts Nationaux, loin s’en faut.
1.2. Les contraintes financières
En ce qui concerne les contraintes financières et logistiques, on aura noté que la loi des finances pour l’exercice 2018 adoptée par l’Assemblée Nationale et le Sénat au cours de la dernière session parlementaire reprend une ligne budgétaire équivalente à cinq cents millions de dollars américains correspondant aux besoins présentés au Gouvernement par la CENI pour ses activités durant l’année 2018 ; activités devant aboutir à la tenue effective de l’élection présidentielle et des élections législatives nationales et provinciales au cours d’une séquence unique comme convenu dans l’accord de la Saint Sylvestre et selon le calendrier subséquent publié par la Commission électorale. Le Gouvernement confirme sa détermination à mettre à la disposition de la centrale électorale les fonds prévus à cette fin selon le chronogramme convenu.
Il n’est pas inutile de rappeler à ce stade que pour l’exercice 2017 qui touche à sa fin, c’est grâce aux allocations de l’Exécutif National complétées par l’appui logistique de la MONUSCO que le processus électoral a pu être mis sur orbite par la réalisation des opérations d’enrôlement des électeurs et la poursuite normale de certaines autres opérations préparatoires grâce à l’amélioration de la situation du Trésor du fait de la tendance haussière des cours de nos matières premières.
Comme en 2011, la corbeille des apports promis par la plupart des partenaires extérieurs de la CENI qui avaient offert de l’appuyer substantiellement dans l’organisation du processus électoral est restée désespérément vide jusqu’à ce jour. Une fois de plus, les promesses mirobolantes faites par les plus bruyants de ces partenaires à la centrale électorale prennent chaque jour la forme des contes de fées pour enfants sans aucune réalisation effective. Annoncées à grand renfort de publicité, ces promesses se diluent au fur et à mesure que se rapprochent les échéances électorales dans un nuage de conditionnalités et d’ultimatums surannés. L’Union européenne s’est ainsi fendue récemment d’un communiqué dans lequel elle conditionnait son soutien financier à la centrale électorale congolaise à « la fin du harcèlement contre l’opposition et la société civile », sans la moindre élaboration et à la grande satisfaction des oiseaux de mauvaise augure qui cultivent et proposent le scepticisme sur la RDC. Quant à la Belgique, elle a annoncé une contribution de l’équivalent d’un peu plus de 5 millions de dollars américains mais si, et seulement si, l’accord du 31 décembre 2016, dont tout le monde sait que l’exécution a atteint sa vitesse de croisière, était « intégralement appliqué ». Comprenne qui pourra. C’est en tout état de cause un sujet intéressant à creuser pour les analystes et les médias congolais et africains. On a l’impression qu’alors que le pays avance, il y en a que cela n’arrange pas.
1.3. Le défi sécuritaire
Le pays avance même dans la réponse aux défis de l’insécurité qui déstabilise certaines zones et qui a bloqué pendant de longs mois l’enregistrement des électeurs par la CENI dans les provinces du Kasaï et du Kasaï Central de même que dans deux territoires de la province de la Lomami où l’activisme sanglant de groupes terroristes empêchait toute activité de la centrale électorale. Grâce au retour progressif à une vie normale dans ces entités, les opérations d’enrôlement des électeurs ont pu y démarrer et sont en voie d’achèvement.
Entretemps, la justice est en train de passer sans coup férir grâce à des procédures en bonne et due forme contre les présumés membres de ces groupes terroristes qui ont instrumentalisé le label “Kamuina Nsapu” pour semer la mort, la destruction et la désolation dans l’espace kasaïen. Ils ont tenté récemment de transplanter la terreur à Kinshasa, siège des institutions nationales dans le but de déstabiliser gravement la RDC. Mais nos services de sécurité ont fait preuve de leur professionnalisme et de leur efficacité et ont appréhendé la plupart de ces fauteurs de troubles qui comparaissent devant la justice. Sans se livrer à des commentaires sur ces procès qui sont en cours, et dans le strict respect du principe de la séparation des pouvoirs, le Gouvernement congolais exprime le vœu de voir éclater la vérité sur ces crimes abominables commis contre notre pays et contre de nombreuses victimes congolaises et étrangères et ce, dans le respect des règles de l’art, notamment des droits de la défense qui sont garantis par notre constitution.
Le Gouvernement se félicite également de la perception plus réaliste des problèmes sécuritaires que la RDC a connu par la plupart de nos partenaires régionaux et internationaux qui définissent désormais tous ces groupes de criminels comme des groupes terroristes à traiter comme tels.
En parlant de la sécurité, je voudrais dire un mot sur le lâche massacre de 14 vaillants casques bleus tanzaniens de la MONUSCO déployés dans le territoire de Beni au Nord-Kivu en appui à leurs frères d’armes des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) près du pont sur la rivière Semliki où ils ont été victimes de la barbarie d’un groupe de présumés terroristes djihadistes ougandais de l’ADF qui ont attaqué leur bivouac dans la nuit du 07 au 08 décembre 2017.
Le Gouvernement présente une fois de plus ses condoléances aux autorités de la République sœur de Tanzanie, aux proches et aux membres des familles de ces vaillants soldats.
la Cour militaire opérationnelle de Beni est d’ores et déjà à pied d’œuvre en collaboration avec la Mission des Nations Unies en RDC pour identifier les auteurs de cette énième atrocité contre notre pays afin de les appréhender, les poursuivre et les sanctionner avec la plus grande sévérité.
Le Gouvernement de la RDC remercie le Président de la Tanzanie, S.E. John Magufuli, et la haute hiérarchie militaire de ce pays frère membre de la SADC qui, en dépit de cet ignoble carnage visant manifestement à dissuader les pays contributeurs de troupes à la brigade de la MONUSCO dont l’efficacité de l’impact sur la mission d’appui aux FARDC pour le rétablissement et le maintien de la paix dans notre pays n’est plus à démontrer, ont décidé de poursuivre la participation des forces tanzaniennes à ladite brigade. Il s’incline devant le sacrifice suprême consenti par nos frères tanzaniens qui est une illustration que la solidarité africaine n’est pas un slogan creux.
Vous aurez constaté avec nous la timidité de la condamnation de ce massacre par certains acteurs qui se sont spécialisés ces dernières années et dans d’autres circonstances, dans la récupération politicienne ou géostratégique des tragédies de même nature à l’occasion desquelles la RDC reçoit des véritables volées de bois vert assorties de demandes – que dis-je, des injonctions – pour des enquêtes internationales indépendantes. En effet, le sort des soldats de la paix tanzaniens et celui de leurs homologues congolais et des paisibles populations du Nord-Kivu victimes de ces tueurs est loin de provoquer la même levée de boucliers chez certains membres de la communauté internationale et certaines ONG même nationales qui leur servent de caisses de résonnance dans notre pays et dont la promptitude à ruer sur les brancards lorsque les victimes des terroristes sont des Occidentaux est devenue un lieu commun. Il importe que les Africains en général et les Congolais en particulier en prennent pleinement conscience. Et qu’ils défendent en tout lieu et en toutes circonstances l’idée que rien ne justifie cette sorte de commisération sélective qui tend à banaliser en quelque sorte les injustices, les souffrances ou les persécutions infligées à des Africains. Cela est moralement inacceptable surtout de la part de nos compatriotes, quels que soient les intérêts particuliers qu’ils croient défendre en agissant de la sorte.
II. L’ENQUETE DE RFI ET REUTERS SUR LE PROCES DES TERRORISTES KAMUINA NSAPU DE KANANGA
C’est dans ce contexte que s’inscrit la campagne médiatique qui, à partir d’une enquête menée par deux journalistes de RFI et Reuters, Sonia Rolley et Aaron Ross, tente, par des amalgames maladroitement agencées, de rendre le Gouvernement congolais responsable, ou complice, de l’assassinat de deux experts de l’ONU dans le Kasaï Central au mois de mars 2017.
Pour faire court, cette véritable chronique judiciaire littéralement saucissonnée semble poursuivre l’objectif de remettre en cause la version du Parquet militaire congolais partagée par la Commission d’enquête mise en place par le Secrétaire général de l’ONU accusant les insurgés Kamuina Nsapu d’avoir assassiné ces deux enquêteurs onusiens pour essayer d’induire la culpabilité du Gouvernement congolais dans ce crime odieux.
C’est le lieu de rappeler que ni le Gouvernement, ni le Secrétaire général des Nations-Unies et encore moins des journalistes ne sont qualifiés pour accuser qui que ce soit de quoi que ce soit. La responsabilité de poursuivre des faits criminels et de procéder à l’accusation revient exclusivement au Ministère public dont nous, Gouvernement, nous nous limitons de temps en temps à relayer les conclusions qui, en l’espèce, ressortent d’une instruction juridictionnelle qui est du reste publique devant les Cours Militaires Supérieures de Kananga et de Mbuji-Mayi. Il est surprenant que des professionnels de médias aussi respectables fassent fi du principe élémentaire de la séparation des pouvoirs qui laisse au seul ministère public (le parquet en l’occurrence) la plénitude de l’action publique et aux juges le pouvoir de désigner les coupables de crimes et d’infractions.
Les deux auteurs de la fameuse enquête de RFI et Reuters se permettent de se substituer aux magistrats et de caricaturer leur démarche en parlant de « scénario dessiné au fil des audiences » comme si, au-delà du compte-rendu des audiences qui sont en train de se dérouler, il leur revenait à eux d’instruire cette affaire parallèlement avec la justice. Aucun Etat de droit au monde ne peut accepter pareille usurpation de qualité même sous le prétexte du journalisme d’investigation.
En réalité, les « révélations »de RFI et de Reuters ne contiennent aucun élément nouveau pour quiconque suit la chronique de ce procès qui oppose devant les Cours Militaires Supérieures de Kananga et Mbuji-Mayi les Auditeurs Militaires Supérieurs près ces juridictions aux personnes impliquées dans les violences dans l’espace kasaïen et notamment dans l’assassinat des deux experts de l’ONU.S’agissant de ce dernier dossier, d’après les renseignements recueillis au cours des audiences publiques (pas besoin d’être un fin limier pour y accéder), la Suédoise Zaïda Catalan et l’Américain Michael Sharp sont arrivés à Kananga le 8 mars 2017en provenance de Goma à bord d’un avion de la MONUSCO avec le projet d’effectuer un déplacement de Kananga vers la mission catholique de Bunkonde à 78 kilomètres au sud du chef-lieu du Kasaï Central. Le 10 mars, c’est-à-dire deux jours après avoir débarqué à Kananga et sans sacrifier à la tradition qui veut que les visiteurs nationaux ou étrangers nantis d’un mandat officiel présentent leurs « civilités » à l’autorité politico-administrative du lieu, (le Gouverneur de province), ils participent à une réunion de la famille régnante de la chefferie Kamuina Nsapu qui s’est tenue au domicile de M. Tshibuabua Mbuyi José, un fonctionnaire, Inspecteur Adjoint à la Direction Générale de Migration de son état dans un poste reculé de l’intérieur du Kasaï Central. C’est manifestement cette qualité de fonctionnaire de la DGM qui semble avoir fait bondir les auteurs des prétendues révélations impliquant le Gouvernement comme si tous les fonctionnaires congolais étaient des petits saints ne pouvant poser un acte que sur instruction du Gouvernement. Or tel n’est pas le cas en l’espèce. En effet, ce n’est pas en sa qualité de fonctionnaire de la DGM que M. Tshibuabua Mbuyi José a organisé la réunion, auquel cas elle se serait tenue au siège de la DGM et non à son domicile. Il n’aurait du reste pas pu le faire à Kananga car c’était un agent subalterne qui n’avait aucune responsabilité ni au niveau de la province ni même à celui de la ville de Kananga car il n’était que chef d’équipe au poste frontalier de Muenye Mbulu vers l’Angola dans le territoire de Luiza. Originaire du village Dinyuka, secteur Dibatayi dans le territoire de Dibaya, Tshibuabua Mbuyi José est, de plus un membre connu de la famille régnante du chef coutumier Kamuina Nsapu. C’est donc à ce titre qu’il a abrité dans sa résidence de Kananga (N° 41 avenue du Rail, Quartier des Plateaux) la réunion entre ladite famille régnante et les deux experts onusiens. Tous ceux qui suivent l’instruction juridictionnelle devant la Cour Militaire Supérieure de Kananga ont par ailleurs pu apprendre que c’est à cette résidence de Tshibuabua Mbuyi José que logeaient tous les membres de la délégation de la famille régnante Kamuina Nsapu venue à Kananga dans le cadre de pourparlers avec le gouvernement provincial du Kasaï Central après les incidents qui avaient entraîné la mort du chef Kamuina Nsapu lors d’affrontements entre sa milice et les forces de sécurité.
Le 10 mars donc, Tshibuabua Mbuyi José a porté à la connaissance de ses visiteurs qu’il venait d’être informé par le Colonel Jean de Dieu Mambueni, officier des renseignements de la garnison locale des FARDC (21ème Région Militaire), de la présence à Kananga de Mme Catalan et M. Sharp dont l’intention était d’enquêter sur la mort du chef Kamuina Nsapu et que les deux enquêteurs cherchaient à rencontrer la délégation de la famille régnante Kamuina Nsapu présente à Kananga. Les membres de la délégation ont accepté et la rencontre a eu lieu le lendemain 11 mars 2017 à l’Hôtel Wood-Land de Kananga. Y ont pris part, outre les 2 visiteurs Tshibuabua Mbuyi José lui-même, Betu Tshintela Abdoul et 7 autres membres de la délégation venue de Kamuina Nsapu.C’est au cours de cette réunion qu’il sera convenu que Betu Tshintela et Tshibuabua Mbuyi José allaient se charger de l’organisation du déplacement des deux experts de Kananga vers la mission catholique de Bunkonde, après que les deux experts aient fait part de leur volonté de visiter plutôt le village Kamuina Nsapu où ils souhaitaient enquêter à la source sur les circonstances de la mort du chef Kamuina-Nsapu Pandi.
Le 12 mars, les 2 experts ont quitté Kananga à l’insu des autorités provinciales. Ils avaient, par souci de discrétion, loué 3 motos-taxis et n’étaient accompagnés que par Betu Tshintela Abdoul et trois motards (taximen). Le dernier appel téléphonique de Betu Tshintela Abdoul à Tshibuabua Mbuyi José qui était resté à Kananga a eu lieu à 12H06’ à partir du pont sur la rivière Moyo, à quelques 12 Km de la mission catholique de Bunkonde.
Ils seraient tombés sur une barrière érigée par un groupe terroriste après le pont sur la rivière Moyo à l’entrée du village Moyo Musuila. Emmenés devant les chefs miliciens Tshidima Bulabula Mpiana (chef du village Moyo Musuila), son frère Kabongo Gérard et Muteba Tshiakuisha François alias Kapipi (chef du village voisin de Mulumba Muteba) qu’accompagnaient ses deux fils majeurs, Mulumba Mamba Tshiakuisha Clément et Biduaya Mulumba Tshiakuisha Augustin, tous miliciens Kamuina Nsapu, ils subissent un bref interrogatoire à l’issu duquel Tshidima Bulabula Mpiana et Mulumba Muteba Tshiakusha François auraient décidé de leur mise à mort. Ils sont tout de suite acheminés dans la brousse avoisinante et assassinés avant d’être mutilés selon plusieurs témoignages concordants.
Ce sont les faits que rien ni personne jusqu’à présent n’est encore parvenu à infirmer devant la Cour Militaire Supérieure de Kananga.RFI et Reuters n’apportent rien de nouveau et se contentent de broder sur l’implication du colonel officier de renseignement cité par le fonctionnaire de la DGM Tshibuabua Mbuyi José. Cet officier a comparu en qualité de renseignant tandisque Tshibuabua Mbuyi José a été arrêté le 14 novembre dernier dans le village de Kalamba Mbuji en territoire de Luiza, près de la frontière angolaise par l’ANR après avoir refusé de déférer à deux mandats de comparution successifs émis par l’Auditeur Militaire Supérieur de Kananga respectivement le 1er mai et le 6 mai. Il a été transféré à Kinshasa le 17 novembre 2017. Ce M. Tshibuabua Mbuyi José avait été utilisé occasionnellement comme informateur bénévole par l’ANR (comme le font tous les services de renseignements normalement constitués) au plus fort de l’offensive terroriste. La seule chose qu’on peut dire c’est que le Congo bashing se vend bien, car au fond, on nous a rabattu les oreilles avec des nouveaux éléments que les deux journalistes auraient mis à jour, alors qu’en réalité il n’y a aucun nouvel élément que leur enquête ait révélé. Il y a de leur part comme une tentative de jouer sur la curiosité légitime du public à connaître les conclusions que la justice militaire donnera à ce dossier mais il faut bien qu’ils se fassent une raison car le temps de la justice n’est pas le temps des médias ou des politiques. Tous les éléments dont ils ont fait état ont été publiquement évoqués au procès de Kananga qui n’a pas encore jusqu’à ce jour abouti à une sentence. Nous avons tous entendu Mme Sonia Rolley reconnaître hier sur une chaîne publique française qu’il s’agissait en fait « à la fois de nouveaux éléments et pas tellement nouveaux ». Ça s’appelle dire une chose et son contraire.
S’il est donc vrai qu’un agent de l’Etat au moins est impliqué dans ce drame, rien ne permet d’en déduire la complicité ou l’implication du Gouvernement de la RDC dans ce crime. Même parmi le groupe de la branche Kamuina Nsapu de Kinshasa qui passe en jugement devant le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa, il y a quelques officiers renégats de la Police nationale, ce qui ne veut nullement dire que le Gouvernement soit mêlé à l’attaque de la prison de Makala ou à l’assassinat de l’administrateur du Marché central.
Tout se passe comme si ces journalistes essayaient de forcer les juges à aller vite en besogne et, pire, à influencer leur intime conviction. Ce qui est inacceptable pour le système judiciaire dans un Etat de droit digne de ce nom.
Cette curieuse chronique judiciaire est, on ne sait pour quelle raison, saucissonnée car elle exclut certains détails importants. Elle n’évoque par exemple pas l’intérêt de la justice à avoir quelques éclaircissements sur les quatre contacts téléphoniques retracés entre Sonia Rolley et le présumé principal bourreau des deux enquêteurs qui répond au nom de Kabasele Manga, des appels qui sont bien répertoriés dans le relevé que la police scientifique a mis à la disposition des magistrats. Sonia Rolley aiderait la justice en dévoilant par n’importe quel moyen le contenu de ces échanges qu’elle a eu avec ce suspect et dont elle ne parle nulle part dans sa fameuse enquête.
III. LEGENDES D’INFAMIE ET ATTITUDE PARADOXALE DE QUELQUES MEDIAS
Dans cette même optique, je voudrais évoquer le cas de certaines structures des professionnels des médias qui, plutôt que de coopérer activement avec les autorités congolaises pour promouvoir et défendre la liberté d’expression et le droit des journalistes à accomplir sans entraves leurs tâches, semblent se complaire dans la recherche effrénée de dénonciations sensationnelles même non vérifiés dans le but d’arriver à capter les fonds de donateurs de bonne foi ou de groupes d’influence politiquement ou économiquement motivés. Ils donnent parfois l’impression d’être mal à l’aise lorsque les gouvernants congolais ne se comportent pas en bourreaux, ou en « prédateurs de la presse» selon une expression consacrée, dans la mesure où ils estiment que leur prospérité est tributaire des persécutions subies par les journalistes ; et nous le disons en connaissance de cause. Il s’ensuit, et là est tout le paradoxe de la situation, que la réduction des cas d’abus ou l’amélioration des conditions de travail des professionnels des médias en RDC est une bien mauvaise nouvelle pour eux. C’est ce qui les pousse à inventer des récits infamants à l’instar de cette organisation kinoise qui nous a carrément étiqueté « bourreau de la presse » pour la simple raison qu’en application de la loi congolaise faisant obligation à toute entreprise audiovisuelle étrangère désireuse d’émettre en RDC de le faire en synergie avec une entreprise audiovisuelle nationale pour des raisons évidentes de protection des acteurs nationaux du secteur, mon Ministère avait sanctionné une entreprise audiovisuelle européenne réfractaire à cette exigence légale. Ironie du sort, son accusation est intervenue quelques semaines après que le média européen en question, réalisant son erreur, ait pris l’initiative de conclure un accord de partenariat avec une entreprise congolaise, ce qui avait entraîné la levée subséquente de la sanction administrative lui infligée par le Ministère. Dans le même rapport ce lanceur d’alertes avait donné pour emprisonné à cause de ses activités professionnelles un journaliste de Mbuji-Mayi qui a, 48 heures après la publication dudit rapport, protesté en personne contre cette fausse information par un cinglant démenti, se désolidarisant ainsi de ces méthodes indignes ; ce qui n’a pas empêché l’organisation Reporters Sans Frontières de m’adresser une correspondance particulièrement comminatoire, qui soit dit en passant, ne m’est parvenue qu’une semaine après avoir été balancée sur les réseaux sociaux, exigeant du Gouvernement de mettre fin à ces actes purement imaginaires ou prétendument attentatoires à la liberté d’expression…
Un peu plus de rigueur, d’objectivité et de professionnalisme ne ferait pas de mal aux journalistes qui ont besoin que leurs dénonciations de cas avérés d’abus ou d’entraves dans l’exercice de leur noble métier dans notre pays ne soient pas décrédibilisés à l’avenir.
Ce sont de telles légendes d’infamies, véritable fonds de commerce pour certains, qui justifient les prétentions impérialistes de quelques uns de nos partenaires dans la communauté internationale qui y prennent appui pour initier des sanctions illégitimes contre des personnalités en vue de la RDC afin de mieux les subjuguer au mieux de leurs propres intérêts économiques ou géostratégiques. Des sanctions unilatérales et illégales au regard du droit international qui participent en réalité d’une entreprise de chantage sans fards.
Le Gouvernement qui a attaqué ces sanctions devant les instances compétentes engage tous ceux qu’elles visent à rester droits dans leurs bottes et à raffermir leur détermination à défendre et à sauvegarder à tout prix les Intérêts Nationaux. Le salut de la République Démocratique du Congo et le bonheur des Congolais ne viendront que des Congolais eux-mêmes et pas de ceux qui ne voient du Congo que ses ressources naturelles stratégiques dont ils tiennent coûte que coûte à prendre le contrôle en imposant à la tête du pays des dirigeants dociles, y compris par des voies non démocratiques.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement