Dans les provinces kasaïennes durement frappées par les violences causées sur de paisibles citoyens par des milices se réclamant du chef tradi-praticien Kamwina Nsapu, c’est fort probablement le bout du tunnel. Des sources gouvernementales annoncent l’ouverture, vendredi 15 septembre courant, du forum sur la paix la réconciliation et le développement dans l’espace kasaïen. Les assises placées sous le haut patronage du Président de la République, s’étendront sur 48 heures, jusqu’au dimanche 17 du même mois. Les services du vice-premier ministre et ministre en charge de l’intérieur et sécurité renseignent que ces assises qui se tiendront à Kananga, le chef-lieu de la province du Kasai Central, réuniront les forces vives des 5 provinces touchées par le phénomène dit « Kamwina Nsapu » : le Kasaï Oriental, le Kasaï Central, le Kasaï, le Sankuru et la Lomami.
Un an après
Il aura donc fallu attendre un an, un mois et 3 jours après la mort le 12 août 2016 de Jean-Pierre Pandi, l’héritier du trône coutumier qui contestait l’autorité de l’Etat dans la région de Tshimbulu, pour qu’enfin il soit songé à la pacification des cœurs, à la réconciliation des esprits, et au développement de régions littéralement mises sous coupe réglée. Entre temps, d’énormes dégâts humains et matériels ont été enregistrés à la suite du phénomène terroriste connu sous le nom de Kamwina Nsapu.
Rien qu’au chapitre des morts, les bonnes âmes habituelles en pareilles circonstances rivalisent de statistiques macabres. Les dernières en date remontent à quelques jours et sont l’œuvre de l’église catholique romaine rd congolaise. En séjour de consolation des populations kasaïennes, Frederico Montemayor, le Nonce Apostolique en poste en RD Congo a brandi le chiffre rocambolesque de 3.383 morts. Soit près de 10 fois plus le nombre des mêmes morts kasaïennes estimées par l’ONU à quelque 400 âmes fauchées.
Au chapitre des dégâts matériels, les catholiques recensent 60 paroisses et 34 maisons religieuses fermées ou endommagées, une trentaine de structures sanitaires et 141 écoles, qui ont subi le même sort, dont 2 grands séminaires saccagés et pillés. Mais également, 20 villages détruits, entraînant dans l’errance 1,3 million de personnes, selon les chiffres datant de juin 2017 d’Ocha, le service coordination des agences humanitaires onusienne.
L’heure de panser les plaies
L’heure était donc venue pour que l’on pense à panser les plaies béantes causées par la bêtise humaine dans les provinces kasaiennes où, à l’évidence, tout ou presque, est à reconstruire. Qu’on l’aime ou pas, c’est au gouvernement de la République, qui a réussi le coup de maître sécuritaire de faire taire armes et machettes dans les Kasai, que revient aussi bien la palme de la restauration de la paix que celle de la réflexion sur le développement de ces régions ravagées par la violence jusqu’à il y a quelques mois encore.
Certes, dimanche 8 septembre 2017, Mgr Luis Mariano Montemayor, le Nonce Apostolique, avait lancé un appel à la paix. A la suite de nombreux autres lancés plusieurs mois auparavant par ses collègues les évêques locaux, qui n’avaient guère été suivis d’effets. Le terrorisme Kamwina Nsapu, c’est la puissance militaire et policière exercé par l’Etat qui en est irrémédiablement venu à bout. C’est également le même Etat qui engage les populations meurtries sur les chemins de la réconciliation et du développement. Rien à dire.
J.N.