Encore un rapport, onusien celui-là, qui accuse les forces de sécurité d’un Etat membre, la RD Congo. Un peu comme si les forces de sécurité, en France ou en Belgique, tous deux des pays en proie au terrorisme international, étaient accusées … d’exaction contre les populations qu’elles s’efforcent de protéger en déployant des éléments de leurs polices et de leur armée. Vendredi 4 août 2017, le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) a publié un rapport qui, selon les titres que les médias dits mondiaux lui ont consacré, met gravement en cause les forces de l’ordre et les agents de l’Etat. 251 personnes auraient été victimes d’exécutions extrajudiciaires et d’assassinats ciblées entre mars et juin dernier, dont 62 enfants parmi lesquels 30 âgés de moins de 8 ans. Le rapport onusien se fonde sur « les témoignages de quelque 96 personnes, des réfugiés rencontrés en Angola voisin où ils avaient fui les violences de Kamonia dans la province du Kasai. Ces témoins auraient les rapporteurs, fait état d’assassinats ciblés selon l’appartenance ethnique, qui auraient exclusivement visés les victimes selon leurs appartenances ethniques. Il s’agirait principalement des luba et des lulua.
Pluie de rapports
Quelques semaines auparavant, des rapports onusiens avaient fait état de la découverte de fosses communes dans la province du Kasai Central, épicentre du phénomène Kamwina Nsapu qui sévit contre les symboles de l’Etat, ses fonctionnaires et les populations civiles depuis un an. Les forces de sécurité et de l’ordre qui les combattent sont pointées d’un doigt accusateur, ici aussi, et soupçonnées du meurtre crapuleux de deux experts onusiens assassinés en mars dernier dans la région de Kananga.
Dans l’un et l’autre cas, aucun compte n’est tenu du point de vue des autorités en place à Kinshasa, dont les forces régaliennes, traitées au même pied d’égalité que des miliciens égorgeurs, sont ainsi accusées sans autre forme de procès. Des espèces d’accusations … extrajudiciaires, elles aussi, dont se rendent coupable les structures onusiennes contre un pays membre. L’affaire transpire l’acharnement. D’autant plus qu’il y a seulement un peu plus d’un mois, à l’occasion de la 33ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU tenu à Genève en Suisse en juin dernier, la question des enquêtes autour des atteintes aux droits de l’homme dans les provinces kasaïennes avait été résolue. Par la Résolution 35/33 qui prescrit l’envoi d’une équipe d’experts internationaux chargée d’enquêter, conjointement avec les experts rd congolais, sur les crimes déplorés. Un dossier qui suit son cours normal, puisque le 19 juillet 2017, trois experts onusiens ont été désignés qui sont attendus à Kinshasa début septembre prochain.
Contourner Genève
Manifestement, la solution trouvée à Genève ne satisfait pas tout le monde parmi les puissances mondiales qui régentent les Nations-Unies, et tiennent à sanctionner à tout prix Kinshasa. Une attitude qui n’est pas sans rappeler le scénario libyen, monté et mis en œuvre par certains pays occidentaux pour contourner une résolution en bonne et due forme du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur le dossier : il pleut des accusations, les unes présentées comme aussi graves que les autres, sans attendre le plus petit commencement des enquêtes neutres convenues. Même lorsque les témoignages recueillis auprès de personnes dont l’objectivité est plus que sujette à caution, incitent à la plus grande circonspection dans l’examen du dossier. Le rapport onusien du week-end dernier n’a pas pu ne pas faire état d’exactions attribuées par certains témoignages aux milices opérant sous le label Kamwina Nsapu dans la même région de Kamonia au Kasai Central. Si les « … témoins et victimes parmi les Luba et les Lulua ont déclaré que la milice Bana Mura avait mené des attaques apparemment bien planifiées sur plusieurs villages du territoire de Kamonia … », ainsi qu’on peut lire sur ce rapport onusien, le même document se fonde sur d’autres témoignages pour rapporter que « … la milice Kamwina Nsapu aurait organisé des assassinats ciblés, y compris contre des militaires, des policiers et des agents de la fonction publique ». De même que « tous les incidents documentés par l’équipe impliquaient des garçons et des filles, pour beaucoup âgés de 7 à 13 ans, engagés combattants par les Kamwina Nsapu … ». Ce que les rapporteurs ont oublié de mentionner, c’est que des lubas et des lulua, il y en a au sein des FARDC de la base au sommet. L’idée que cette force loyaliste se soit laissée allée à soutenir une épuration ethnique des ressortissants de ces deux groupes ethniques ne résistent donc à aucun examen sérieux.
Enfants tueurs innocentés
Des enfants de 7 à 13 ans qui auraient été tués … des garçons et filles de la même tranche d’âge impliqués dans des assassinats … contre des militaires … tout se passe comme si les rapporteurs des Nations-Unies présentaient des miliciens comme des victimes innocentes parce qu’ils ont été vaincus ou se sont réfugiés en Angola.
De la circonspection dans l’appréciation des crimes commis dans les provinces kasaïennes autour du phénomène Kamwina Nsapu, c’est pourtant ce qu’a recommandé et obtenu le gouvernement de la RD Congo du HCDC en juin dernier. Pour ne pas prêter le flanc aux dénonciations politisées dont les technostructures onusiennes en RD Congo se sont trop souvent fait l’écho sans le moindre discernement. Selon un communiqué signé du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement le week-end dernier, Kinshasa avait reçu le rapport rendu public vendredi dernier en date du 19 juillet 2017. La ministre en charge des droits de l’homme, Marie Ange Mushobekwa, avait, en réponse, estimé prématuré et inopportun la publication d’un rapport d’enquêtes menées unilatéralement par des experts onusiens dès lors qu’une équipe d’autres experts était déjà diligentée par la même instance onusienne.
Selon toutes vraisemblances, les Nations-Unies et le gouvernement ne poursuivent pas le même objectif de l’établissement de la vérité sur le dossier kasaïen. Et sur beaucoup d’autres tout aussi délicats, sans aucun doute. La pluie de rapports contre ses forces de l’ordre et de sécurité, que Kinshasa juge infamants, paraît davantage destinée à préparer les esprits à la mise en œuvre d’une solution extrajudiciaire et extra onusienne pour régler « l’équation rd congolaise ». Comme ce fut le cas avec le leader libyen Mouammar Kadhafi, livré à des opposants qui peinent à gérer sa succession aujourd’hui encore, et à amorcer le plus petit début de commencement de la reconstruction du pays dévasté par les puissances occidentales coalisées derrière Nicolas Sarkozy.
J.N.