Il faut le faire. Partir de l’enfant de maquisard et devenir un homme d’Etat qui tient en haleine et donne des insomnies à tout ce que la planète compte de puissantes officines néocolonialistes n’est pas donné au premier venu. Cela suppose des dons innés et des qualités acquises qui sont le propre des géants qui marquent l’histoire des nations.
Là où ses détracteurs les plus féroces croyaient qu’il ne ferait rien, il a surpris par des initiatives aussi inattendues qu’appropriées aux situations souvent inextricables auxquels son pays-continent s’est souventefois trouvé confronté au cours de ces dernières années. Lorsque ses pourfendeurs ont jalonné son chemin de traquenards les plus déloyaux, dans l’espoir qu’il ne les surmonterait pas, il les a tranquillement surmontés ou contournés avec un art consommé de l’esquive que ne renieraient pas les plus grands stratèges, comme Sun Tzu. Complexés, méprisants, engoncés dans leur suffisance et abusés par sons sens de la dissimulation à nul autre pareil, nombre de ses adversaires politiques nationaux et étrangers ont fait couler beaucoup d’encre et de salive pour prédire son échec, toujours dans des délais relativement courts. En vain.
Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, force est de reconnaître qu’en plus d’avoir été à bonne école, le fils et successeur du tombeur de Mobutu Sese Seko, est doté d’une intelligence politique particulière et exceptionnelle. Un surdoué de la politique qui surprend et intrigue.
Joseph Kabila est un grand, quoiqu’en dise ceux qui, ivres d’envie, de colère ou de jalousie, s’évertuent à le présenter comme petit et dépourvu de toute perspective singulière. Son style affable, feutré mais ferme (une main de fer dans un gant de velours) déroute détracteurs et ennemis confus qui, hors d’eux, après le fiasco de tous leurs assauts contre lui, tentent de se rattraper ou de rationaliser leurs propres erreurs d’appréciation en lui prêtant, au gré du public auquel ils adressent leurs imprécations, des pratiques diaboliques imaginaires et en lui imputant de manière décousue tantôt une allégeance sans faille aux maîtres néocolonialistes occidentaux, tantôt une appartenance à l’internationale anti néocolonialiste du monde dans la lignée des Patrice Lumumba ou de Mouammar Kadhafi…
Kabila Kabange est pris dans l’engrenage néocolonialiste du monde parce qu’il dirige un pays comme la République Démocratique du Congo, cette « gâchette du revolver Afrique » dont a parlé à bon escient Frantz Fanon. Un géant délibérément fragilisé par une décolonisation ratée avec des ressources naturelles immenses vers lesquelles des puissances occidentales aux dents longues lorgnent avec une concupiscence à peine voilée. C’est la seule explication possible du fait que des problèmes banalisés partout ailleurs sur le continent y prennent une dimension dramatique spéciale. Tous les jugements à l’emporte-pièce qui fusent outre Atlantique sur le moindre événement dans ce pays doivent être juxtaposés à cette donne. Même si des erreurs et des disfonctionnements expliquent aussi un certain nombre de problèmes auxquels se trouvent confrontées les populations du pays de Lumumba, il importe de les replacer dans la dynamique d’ensemble des forces actives, internes comme externes, sur la RDC…
Samy BOSONGO
UN SURDOUE QUI SURPREND ET INTRIGUE : JKK, flegmatique et déroutant.
