Aussitôt clos les travaux du 29ème sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine à Addis-Abeba, le 5 juillet 2017, Léonard She Okitundu s’est envolé pour Bruxelles, le siège de l’Union Européenne, pour une rencontre avec l’italienne Federica Mogherini. Au menu des entretiens avec la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, les fameuses sanctions de l’UE contre des personnalités militaires et politiques de la RD Congo.
Au sommet d’Addis-Abeba, auquel a pris personnellement part le Président de la République, Joseph Kabila, c’est déjà la même question de l’ingérence européenne dans les affaires internes d’un pays indépendant qui a été au menu des interventions de la délégation de la RD Congo. Léonard She Okitundu a brossé la situation sur le terrain au pays à l’intention des chefs d’Etats et des membres de l’Union Africaine. « Nous ne nions pas qu’il y ait eu des problèmes, particulièrement au Kasaï. Personne ne le nie. Mais de là à établir des responsabilités sans donner la possibilité aux personnes visées de pouvoir s’expliquer, de pouvoir se défendre, là il y a un problème par rapport à certaines valeurs cardinales en matière de respect de l’Etat de droit et de la démocratie », avait déclaré le plénipotentiaire rd congolais quelques heures plus tôt sur les antennes de la RFI.
Une main de fer dans un gant de velours
La délégation et le patron de la diplomatie rd congolaise ont plus qu’êté entendus à l’UA où les ingérences européennes dans les affaires internes des Etats Africains a été dénoncée sans ambages. Un acquis précieux, qui sera exploité au prochain sommet UE-UA qui se tiendra à Abidjan en Côte d’Ivoire au mois de novembre prochain. «… Lors de ce Sommet de l’UE et l’UA, on ne restera pas inerte parce que nous devons assumer notre responsabilité et affirmer notre indépendance sur cette question [des sanctions]. Donc ce Sommet sera pour nous une bonne tribune d’affirmer sa position sur cette question », a encore assuré le ministre Bruno Tshibala des affaires étrangères.
En attendant, c’est à Bruxelles que Léonard She Okitundu a accouru, mercredi 5 juillet, pour en débattre avec Federica Mogherini. Une rencontre présenté comme un rendez-vous de la dernière chance par certains confrères en Belgique, mais qui n’en a rien été. Le patron de la diplomatie rd congolaise est allé dire la Haute Représentante pour les affaires étrangères et la sécurité de l’UE que la RD Congo était capable de mesures de représailles contre l’Union Européenne à ne pas prendre à la légère. « J’ai dit à Madame Morgherini qu’on ne sous-estime pas la capacité de la République Démocratique du Congo à prendre par réciprocité des mesures restrictives à l’égard de certaines personnalités de l’Union européenne », déclaré She Okitundu au sortir de l’entretien.
En fait, Kinshasa a déjà apprêté une liste de personnalités visées par des sanctions qui n’attend plus que l’aval du parlement, au nombre desquelles Federica Mogherini. En même temps que des sanctions contre des entreprises de certains pays dont l’ingérence dans les affaires intérieures de la RD Congo est manifeste.
Selon un communiqué de la délégation de l’UE à Kinshasa, la Haute Représentante a tenu à exprimer l’importance attachée au partenariat entre l’UE et la RD Congo. Madame Mogherini a insisté sur le fait que la tenue d’élections transparentes et démocratiques dans les plus brefs délais représente le moyen de sortir d’une impasse politique aux graves retombées sécuritaires, économiques et humanitaires. Tout en rappelant l’ouverture de l’union aux discussions d’options susceptibles d’appuyer le processus électoral dès qu’un calendrier électoral sera défini.
J.N.
CROISADE CONTRE LES INGERENCES DE L’UE EN RD CONGO : She Okitundu, prochain rendez-vous à Abidjan
