Pas de visite papale à Kinshasa avant les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, a déclaré jeudi 29 juin 2017, le Nonce Apostolique en poste à Kinshasa, Mgr Luis Mariano. Le représentant du Saint Siège profitait de la messe de solennité aux apôtres Jean et Paul pour rappeler aux chrétiens rd congolais que le périple papal, initialement prévu entre juillet et août 2017, avait été reporté « pour éviter des manipulations politiques et d’interprétations malicieuses qui pourraient diviser la nation ». Le meilleur moyen de préparer la visite de François 1er en RD Congo, c’est de lutter pour la tenue des élections, a conseillé Mgr Luis Mariano, pour qui cette préparation ne relève donc pas de manipulation politique, manifestement.
Tout comme ne relèverait pas de manipulation politique, l’appel papal, relayé par le même Mgr Luis Mariano, qui insiste sur la nécessité d’un cessez-le-feu dans l’espace Kasaï afin de permettre aux humanitaires de venir en aide aux populations meurtries. C’est l’instruction donnée par le Pape au représentant du Saint Siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a expliqué Luis Mariano. « En suivant fidèlement les instructions du Pape François, le représentant du saint siège a demandé, lors de la 35ème session du Conseil des droits de l’homme, tenue à Genève du 19 au 23 juin dernier, la mise en place dans le Kasaï d’un cessez le feu capable de protéger la population et le personnel humanitaire qui est en train d’amener le secours indispensable aux populations», a-t-il déclaré en substance. Mais à Kinshasa on sait aussi qu’un haut représentant de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), Mgr Fridolin Ambongo, avait également effectué le voyage de Genève pour y défendre l’envoi d’une commission d’enquête internationale et indépendante du pouvoir en place à Kinshasa. Une position défendue avec acharnement par une frange de l’opposition politique rd congolaise qui lutte pour obtenir une table rase de des institutions politiques nationales, à commencer par la présidence de la République.
L’appel papal est donc assez mal perçu dans certains milieux politiques, ceux de la majorité au pouvoir particulièrement. « On se serait plutôt attendu à un appel du Pape invitant les terroristes à déposer les armes. Mais le Pape François demande plutôt un cessez-le-feu entre supposés belligérants. Cela réduit les forces armées et de sécurité nationales chargées de ramener la paix dans le Grand Kasaï au même rang que les Kamwina Nsapu. Et c’est inadmissible », commente ce député provincial du Kasai Central qui a contacté les rédactions du Maximum le week-end dernier. Le 19 février 2017, François 1er avait déclaré ressentir une « douleur » pour la population du Kasai, dénoncé l’insécurité et interpellé les autorités rd congolaises ainsi que la communauté internationale sur la crise kasaïenne.
J.N.