«Cher ami, Arrêtez de rêver. La grande casse arrive. L’heure de vérité approche. Le moment de la lucidité est là. Anticipez si vous avez des choses ou des personnes à protéger. Il est minuit docteur…il se fait tard». Ce posting, reçu à 11h12 le 25 mai 2017, est une réaction de José Endundo Bongonge, président du PDC, membre fondateur du G7 dont l’autorité morale, selon Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi (Fatshi), est Moïse Katumbi, son présidentiable pour l’élection à venir…
L’article à la base de cette réaction est intitulé «Affaire Kamwina Nsapu. L’Onu en flagrance de manipulation !». Y est mis en exergue l’article 49 de l’Accord de siège conclu entre la RD Congo et l’Onu qui stipule que : «Le Gouvernement se charge des poursuites contre les personnes relevant de sa juridiction pénale et accusées d’avoir commis, à l’égard de la Monuc ou de ses membres, des actes qui, s’ils avaient été commis à l’égard des forces du gouvernement ou de la population civile locale, auraient exposé les auteurs à des poursuites». Il s’agit d’une analyse qui porte sur le bras de fer en observation entre New York et Kinshasa par rapport à la compétence de la partie habilitée à traiter de l’assassinat des experts onusiens, Michael Sharp et Zaidan Catalan, tués aux Kasaï.
Sur ce dossier, la justice militaire rd congolaise a fait état, le 20 mai 2017, de la fin des enquêtes et de l’imminence du procès. Trois jours plus tard, se saisissant des éléments publiés par le New York Times, le Procureur Général de la République venait, lui aussi, d’ouvrir une information judiciaire visant le député national Clément Kanku.
Réuni exceptionnellement sur ce dossier le même jour, le Conseil de sécurité de l’Onu a eu une attitude ambiguë. Son porte-parole, Stéphane Dujarric, a commencé par déclarer au sujet des enquêtes de la Haute cour militaire congolaise que «Cela semble avoir été mené avec pas mal de rapidité», en même temps que, se confiant à l’Afp dans une dépêche reprise par la Voa sous le titre « L’ONU met en doute les conclusions de Kinshasa sur les meurtres de deux experts», le même Dujarric se trahira en notant que «Kinshasa n’avait pas encore communiqué ses conclusions à l’ONU» ! Un lapsus ( ?) qui induisant une préoccupation qui coule comme de source : «comment l’organe principal de l’Onu peut-il émettre des doutes sur un rapport d’enquêtes non encore reçu du Gouvernement congolais» ?
A cet égard, l’analyse rappelle deux articles de l’Accord de siège (Sofa) conclu le 4 juin 2000 entre la RD Congo et l’Onu : les 49 et 48. Le libellé du second de ces articles stipule que : «Le Gouvernement prend toutes les mesures utiles pour assurer la sécurité de la Monuc et de ses membres. A la demande du Représentant spécial du Secrétaire général, le Gouvernement assure la sécurité voulue pour la protection de la Monuc, de ses biens et de ses membres pendant l’exercice de leurs fonctions».
Les deux articles sont évoqués pour étayer le constat, qui coule comme de source, lui aussi, que : «Du moment que Sharp et Zaidan ont été tués sur le territoire congolais et encore par des présumés auteurs congolais, il revient à la partie congolaise de mener ses investigations, d’ouvrir le procès et de décider de la suite du dossier». Ceci de un. De deux : «La question, à cette étape, est de savoir si la Monusco a déployé ses experts en tenant informées les autorités congolaises tant au niveau national qu’au niveau provincial. Apparemment – et cela se vérifie depuis un certain temps – les agents de la Mission onusienne se pavanent sur le territoire congolais comme sur l’esplanade du Palais de verre, à New York. D’où l’interpellation de ‘New York Times’».
La même analyse évoque ensuite l’article 7 du Sofa selon lequel «Le Gouvernement s’engage à respecter le statut exclusivement international de la Monuc, tout comme la Monuc s’engage à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo». Avant de conclure que : «Sur ce point-là, aucun commentaire n’est utile. Il suffit de se référer à la Résolution 2348. Tout en soulignant la souveraineté, cette résolution dicte quasiment aux Congolais ce qu’ils doivent faire…Moralité : l’Onu est en flagrance de manipulation avérée…».
Ils préparent en réalité la violence
Telles sont les réflexions livrées à l’opinion, qui ont eu le don de faire jaillir José Endundo Bononge de ses gongs et provoqué une réaction épidermique hors de proportions du pharmacien converti en hommes d’affaires avant d’embrasser vaille que vaille la carrière politique. Ce n’est pas vraiment un secret, durant ces 20 dernières années, la carrière politique du président du Parti Démocrate Chrétien (PDC) se singularise par une constante notable : l’inconstance. Il a été tour à tour avec Mobutu (Mpr), Kengo (UDI),Ruberwa (Rcd Goma), Bemba (Mlc), Kabila (Amp/Mp) et aujourd’hui Katumbi (G7/Rassemblement).
C’est cet homme politique qui use de l’expression «grande casse» dans le contexte inflammable actuel, pour annoncer, sans dissimuler sa jubilation, des troubles à grande échelle dans son pays. Parce qu’inviter un compatriote qui n’a fait qu’émettre une opinion à anticiper s’il a des choses (des biens) ou des personnes (notamment la famille) à protéger avant qu’il ne soit tard a tout d’un plan de pillage et de mise à mort assumé et revendiqué à l’avance.
Et puisque José Endundo Bononge ne peut nullement agir en solo, on peut déduire de ces prédictions apocalyptiques qu’elles sont partagées avec sa plate-forme politique, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement/aile Katumbi, que l’on sait en instance d’organiser son conclave dans les prochains jours. D’ailleurs, un organe de presse proche du G7 en a lâché un morceau en notant récemment que : «Convaincu de la mauvaise foi du pouvoir à adhérer à la dynamique de l’accord du 31 décembre signé au Centre interdiocésain sous l’égide de la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo), le Rassemblement serait prêt à opter pour la radicalisation… ». A la manœuvre, signale-t-il, Pierre Lumbi et Félix Tshisekedi.
Ainsi, alors que, d’un côté, ils prônent la non-violence pour la consommation extérieure (lisez occidentale), de l’autre, ils préparent en réalité la violence. José Endundo Bononge, lui, en sait tellement qu’il s’en répand sur quiconque semble ne pas se rendre à l’évidence.
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum