Dans son communiqué de presse du 12 mai 2017 engageant l’aile du « Rassemblement de l’opposition » dont il est le président, Félix Tshilombo Tshisekedi a appelé « le peuple congolais à une mobilisation générale le 17 mai, dès 6 heures du matin, pour la libération du siège de l’UDPS et la démocratie en péril », ce, après avoir instruit ses avocats « de saisir, toutes affaires cessantes, les instances judiciaires aux fins d’y déposer une plainte contre les auteurs de ces actes odieux », à savoir l’envahissement du « siège national de l’UDPS »…
Pourquoi ce choix exprès de la date du 17 mai 2017, qui marque la célébration du 20ème anniversaire de la révolution-pardon initiée par Laurent-Désiré Kabila et qui mit fin à 32 ans de dictature de la Deuxième République ? L’Histoire de la RD Congo renseigne que c’est le 17 mai 1997 que le régime Mobutu, érigé avec la participation plus qu’active d’un certain … Etienne Tshisekedi wa Mulumba, ci-devant géniteur de Félix, est tombé après un long règne sans partage de celui qui deviendra plus tard le Maréchal du Zaïre. Passées les 5 années de la Première République (1960-1965) au cours desquelles, c’est de connu aujourd’hui, il tirait les ficelles dans l’ombre, Joseph-Désiré Mobutu décida d’opérer désormais à découvert entre 1965 et 1997. D’abord avec le MPR, ensuite le MPR/Parti-Etat, enfin avec le MPR/fait privé. C’est essentiellement au cours des 7 années dites de cohabitation conflictuelle « Mobutu-Tshisekedi » que le pays connaîtra la terrible descente aux enfers qui a d’ailleurs inspiré à certains Américains le fameux « Plan Pentagone » consistant à démembrer le Zaïre pour rattacher certains territoires des provinces de l’Est à des Etats voisins. Notamment, ceux de la Province Orientale et du Nord-Kivu qui devaient être rattachés à l’Ouganda et au Rwanda. C’est la Révolution de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), conduite par Mzee Laurent Désiré Kabila, qui empêché la réalisation de ce plan, malgré la caution de certains membres de cette organisation qui seront mis en déroute par le troisième président congolais, ce qui causera son assassinat en 2001.
Les acteurs du « Rassemblement de l’opposition » pouvaient tout ignorer, sauf la symbolique de cette date…
Que Fatshi ait alors choisi de façon expresse la date symbolique du 17 mai pour mobiliser la rue kinoise, en vue d’un nouveau bras de fer avec les forces de l’ordre est une indication du fait que l’héritier « programmé » du combat politique tshisekediste, bloqué net le 17 mai 1997, tient à en découdre, quitte à plonger le pays dans le chaos et l’anarchie. L’homme semble mu par une sorte d’esprit de vengeance.
Que les bénéficiaires de la « Révolution-Pardon » des Kabila aient donné leur caution à ce bras de fer prévu le 17 mai 2017 est assez surprenant et gênant. La vérité étant connue pour être têtue, tout le monde sait aujourd’hui que sans la prise du Pouvoir d’Etat par Laurent-Désiré Kabila à cette date précise, Joseph Kabila Kabange n’aurait jamais été Président de la République de la RD Congo et, sans ce dernier, ni le PPRD, ni les autres partis de l’opposition, en ce compris l’UDPS ainsi que nombreux parmi ceux qui composent le Rassop n’auraient existé avec comme membres directs ou indirects notamment des personnalités « bénéficiaires » de la révolution de 1997.
Ils ont préparé le pays à une situation insurrectionnelle…
La vérité étant ce qu’elle est, comme on dit, les événements qui se sont produits au siège de l’UDPS la nuit du 11 au 12 mai 2017 ont eu pour cause unique les tribulations autour des obsèques d’Etienne Tshisekedi.
On se souviendra que le 3 mai 2017, ce parti, en accord avec la famille biologique du défunt, avait annoncé le rapatriement de la dépouille mortelle de son ‘lider maximo’ à la date du 12 mai. Jean-Marc Kabund, le tonitruant Secrétaire général de l’UDPS a même lancé à la cantonade la phrase de défi : «Qu’il pleuve, qu’il neige… ».
Le 9 mai 2017, l’UDPS, toujours en accord avec la famille biologique, avait résolu de reporter les obsèques à une date ultérieure, les contacts avec les officiels n’ayant pas résolu les problèmes de fond : la sécurisation des obsèques, le lieu de recueillement et le lieu d’inhumation. Et voilà que, selon les renseignements en provenance des services compétents belges et égyptiens, la famille biologique avait introduit pour le 11 mai 2017 auprès des premiers une demande de retrait de la dépouille mortelle pendant que, selon le plan de vol, l’avion dans lequel devaient embarquer 36 proches du défunt numéro 1 de l’UDPS, au nombre desquels la veuve, Marthe Kasalu Tshisekdi, devait faire escale au Caire pour atterrir à Kinshasa le 12 mai dernier au matin.
Ainsi, alors que l’humanité entière venait d’être informée le plus officiellement du monde du report des funérailles, l’UDPS et la famille biologique s’activaient autour du programme initial annonçant le rapatriement à la date prévue, et cela à l’insu des autorités congolaises.
Au jour J, à leur réveil, les Kinois trouvé « agréablement » de trouver la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi tractée dans les rues.
Comment cette donne allait-elle être gérée ? Le corps aurait-il été directement acheminé à la morgue ? Ou au Palais du Peuple ? Ou encore au siège du parti, sinon à la résidence familiale ? Mystère sécuritaire s’il en est. En mettant ainsi une pression désordonnée sur les autorités rd congolaises, pensait-on vraiment résoudre les « problèmes de logistique et de sécurité » ? Mystère et boule de gomme…
Il est à noter que sur ces entrefaites, les travaux de la tombe annoncée le plus illégalement du monde comme devant être érigée au siège du parti, en pleine zone urbanisée habitée, contrairement au prescrit des lois en la matière, se limitaient jusqu’à quelques heures de l’arrivée du corps au réaménagement des fosses septiques. Jusqu’au moment où la dépouille devait arriver à Kinshasa, on n’avait même pas entrepris la moindre érection d’un caveau, à supposer qu’on se soit résigné à simplifier la sépulture.
En fait, l’UDPS et les proches d’Etienne Tshisekedi, sous la férule de Fatshi, ont tenté de créer dans la capitale congolaise une nouvelle situation chaotique susceptible d’appuyer un plan de désordres généralisés qui auraient enflammé la mégapole de plus de 11 millions d’habitants. Une attitude simplement criminelle.
Ceux qui regrettent la 2ème République et la Transition 1990-1997
C’est cela qui ressort clairement du communiqué de presse du 12 mai 2017 signé justement Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi.
Etait-ce vraiment utile de faire coïncider la « libération » du « siège de l’Udps de la présence des policiers » avec les manifestations du 17 mai 2017, l’événement retenu dans le calendrier officiel ce jour-là étant le 20ème anniversaire de la révolution-pardon proclamé par ailleurs journée nationale des Forces armées de la RD Congo ?
En fait réalité, les tshisekedistes se seraient retrouvés face aux policiers, et peut-être face à des kabilistes excédés par tant d’outrecuidance, avec les effets que l’on peut aisément deviner… Pour dire vrai, ne peuvent en vouloir à cette Révolution que ceux qui regrettent la 2ème République et la Transition 1990-1997. Et qui les regrettent parce qu’ils en tiraient profit. Or, de la 2ème République 1965-1990, voici le bilan dressé personnellement par le Maréchal Mobutu dans son discours du 24 avril 1990. « Au plan social et économique : dégradation des infrastructures sociales (Hôpitaux, écoles, universités, édifices publics), vétusté des formations médicales, carence en équipements et en médicaments, insuffisance du personnel médical, surpopulation dans les salles des cours, modicité des rémunérations des agents de l’Administration publique, sous-emploi des cadres universitaires, poids de la fiscalité et de la parafiscalité, tracasseries administratives, invendus dans les collectivités rurales, détérioration des termes de l’échange du paysan, insuffisance de l’énergie électrique dans certaines régions du pays etc. »
Et de la Transition 1990-1997, on sait qu’elle fut marquée par la suspension de la coopération structurelle avec les partenaires traditionnels du Zaïre (RDC), le pillage et la destruction du tissu économique et social, l’étranglement du système bancaire, la thésaurisation, la contrefaçon monétaire, les zones monétaires parallèles, les grèves intempestives, les journées ‘ville morte’ et les années académiques blanches. C’est le bilan des années 1965 à 1997, soit 32 ans durant, celui des années d’amitiés-inimitiés Mobutu-Tshisekedi qui furent aussi celles de la dictature qui a affecté le nationalisme et accru l’ethno-tribalisme.
Qui commet l’acte le plus abject ?
Sans être parfaite, la révolution-pardon de Mzee Kabila a permis une forte recomposition de la classe politique, si bien qu’aujourd’hui on trouve Lumumbistes, Kabilistes, Mobutistes, Tshisekedistes, Kengistes etc. dans toutes les sphères de responsabilité publique et dans tous les regroupements politiques se revendiquant de la Majorité ou de l’Opposition. La date du 17 mai est à cet égard tout un symbole.
On peut détester Mzee Laurent-Désiré Kabila, et au travers de sa personne son fils Joseph Kabila, mais on ne peut pas susciter une Contre-Révolution au motif de libérer le QG d’un parti soupçonné de voies de fait sur agents de police et soumis pour cela à une perquisition des autorités judiciaires en prétextant ainsi « libérer la démocratie et l’Etat de droit ».
La chosification de la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi pour des raisons de positionnement politique est tout autant inacceptable pour tout esprit équilibré.
C’est facile, comme le fait Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS, d’ironiser en prétendant que même mort, le ‘lider maximo’ fait peur au pouvoir. Mais, entre celui qui a peur de ce corps et celui qui le brandit pour faire peur, qui donc commet l’acte le plus abject ? Ce n’est sûrement pas le premier.
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum