Au Fleuve Congo Hôtel, lundi en fin de matinée, une journaliste peste : « ils m’ont déplacée pour rien. Je me suis pointée, habillée pour la circonstance sur Boulevard Triomphal pour battre le pavé avec les opposants. Personne n’est venu. J’ai dû retourner chez moi et me changer pour me rendre en ville ». Un autre y va de son commentaire du cru : « Pourquoi voulez-vous qu’il y ait marche ? Félix Tshisekedi a pris fuite et s’est rendu au Maroc. Désormais, ils devraient marcher avec leur peuple … ». C’est, certes quelque peu caricaturé, ce qu’il faut retenir de l’appel à marcher lancé par les radicaux du RaSop pour protester contre la nomination de l’UDPS Bruno Tshibala aux fonctions de 1er ministre du gouvernement d’union nationale. La marche opposante n’a simplement pas eu lieu, contrairement aux prétentions du SG Katumbiste de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, qui assurait au cours d’un point de presse à Limete pouvoir marcher jusqu’au Palais de la Nation et y remettre en mains propres la déclaration des opposants à Joseph Kabila. « Le secrétaire général le plus folklorique qu’ait connu l’UDPS », selon le commentaire d’un confrère habitué aux manifestations du RaSop lundi au Fleuve Congo Hôtel, a, lui aussi, brillé de mille feux par son absence au point de rencontre de la commune de Lingwala. Autant que Félix Tshisekedi Tshilombo qui, dimanche 9 avril encore, présidait au siège du parti paternel sur le Petit Boulevard à Limete, une réunion réputée « importante » de sa frange du RaSop. L’homme s’apprêtait sans doute déjà à prendre son avion, un régulier d’Ethiopian Airlines, vers Marrakech au Maroc via Addis-Abeba. « Convoqué par Moïse Katumbi », selon une source à Limete. L’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga séjournait depuis plusieurs heures dans la bourgade marocaine d’où il s’est fendu d’un nouvel appel au Jihad contre les autorités rd congolaises. Parce qu’elles n’avaient pas nommé le fils Tshisekedi à la primature.
Kinshasa n’aura pas marché donc, et l’appel de l’opposition n’a pas été suivi d’effets escomptés. D’autant plus que dimanche dans la soirée, les autorités urbaines avaient diffusé un communiqué interdisant toute manifestation publique, et menacé de disperser tout regroupement de plus de 10 personnes. Conséquence, la capitale de la RD Congo a tourné au ralenti, comme il y a quelques jours, avant de reprendre son train-train habituel, petit à petit. Un peu en raison de l’important dispositif sécuritaire mis en place par les services de la police, dont véhicules et éléments armés et non armés sillonnaient les principales artères lorsqu’elles ne protégeaient pas les points dits chauds d’où partent habituellement les émeutes kinoises.
Pour se déplacer, parce que ceux des kinois qui l’ont voulu ont pu se mouvoir à l’aise, rien de tel qu’une moto : les fameux weewa, de ce nom accolé aux taxis-moto et à leurs bruyants conducteurs, n’ont jamais été aussi sollicités. Une aubaine. Jusqu’aux alentours de midi, seuls quelques taxis étaient visibles et assuraient le transport des personnes.
J.N.
APPEL A MARCHER CONTRE INTERDICTION DE MANIFESTER : F. Tshisekedi envolé, pas d’opposant en vue lundi à Kinshasa
