La sortie médiatique de Madame Nikki Haley, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique aux Nations-Unies, mercredi 29 mars devant le Conseil pour les Relations Extérieures de New-York fait l’objet de commentaires divers et suscite des interrogations quant à l’avenir de certaines structures de l’ONU sinon de l’ONU elle-même. Elle y a distribué des cartons rouges presque au monde entier, y compris à la RDC, ce qui a retenu l’attention de certains chroniqueurs adeptes du « Congo Bashing » en ce moment où se négocie le renouvellement du mandat de la MONUSCO. Le Gouvernement de la RDC n’a pourtant pas à s’en inquiéter outre-mesure.
On savait déjà Donald John Trump, le nouveau Président américain, atypique. On découvre à présent que le franc-parler aura été un critère essentiel dans le choix de la plupart de ses collaborateurs. Madame Nikki Haley, le nouvel Ambassadeur américain aux Nations-Unies qui est un des collaborateurs volontaires et volontaristes du 45ème Président des USA paraît décidée à donner un coup de pied dans la termitière de la Communauté internationale. Elle s’est ainsi livrée à une réflexion critique aussi tonitruante que dialectique sur le fonctionnement de l’ONU à laquelle elle reproche avec raison une certaine schizophrénie.
C’est une véritable volée de bois vert que le Président Trump assène par elle à une institution aussi établie que l’ONU qui campait jusque-là confortablement dans ses certitudes et ses œillères. Appelée à assumer la présidence tournante du Conseil de Sécurité pendant le mois d’avril, Nikki Haley a en effet distribué des cartons rouges pratiquement à tout le monde et on peut s’étonner que certains esprits chagrins n’aient retenu que ses propos sur la mission de l’ONU dans notre pays, la République Démocratique du Congo, avec laquelle elle n’a pas été tendre bien sûr. Elle a en effet d’abord lancé des attaques au vitriol contre des pays comme la Chine ou l’Arabie-Saoudite qui sont en partenariat avec l’ONU tout en étant accusés de violation des droits de l’Homme à l’intérieur de leurs frontières ou ailleurs dans le monde. Après avoir accusé l’ONU elle-même, où elle représente son pays, de n’être qu’un club fondamentalement corrompu qui nécessite d’être reformé. Et qu’elle a fustigé le détournement du concept de ‘’droits de l’Homme’’ de son sens initial que les pays membres de la Commission des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme dont relève le Bureau Conjoint aux Droits de l’ONU utilisent pour se protéger eux-mêmes.
Contrairement à ce que certains commentateurs voudraient faire croire en sortant ses propos de leur contexte, l’Ambassadeur de Donald Trump aux Nations Unies n’a pas focalisé son discours de mercredi dernier sur la République Démocratique du Congo dont elle a parlé en demandant que soit réduit le nombre des casques bleus engagés dans la MONUSCO dont les Etats-Unis sont les premiers contributeurs au budget qu’elle juge excessif.
S’agissant de la République Démocratique du Congo, prenant le contre-pied de la thèse de ceux qui appellent à l’augmentation du nombre des casques bleus de la MONUSCO, l’Ambassadeur Nikki Haley s’est interrogée, et à juste titre, sur le paradoxe qui consiste pour l’ONU à prétendre établir un partenariat et apporter un appui aussi coûteux à un gouvernement comme celui de la RDC que les structures de cette même ONU comme le Conseil des Droits de l’Homme présentent comme un ‘’Gouvernement corrompu qui assaille ses citoyens’’. Selon sa logique, si l’ONU est convaincue que le Gouvernement congolais commet des actes criminels contre son propre peuple, elle doit avoir la décence et le bon sens de mettre fin à la MONUSCO qui est un soutien à ce Gouvernement. Or, curieusement et, peut-être devrais-je dire paradoxalement, l’ONU souhaite en ce qui concerne la RDC un accroissement, ou tout au moins un statu quo pour la MONUSCO, ce qui suscite le questionnement légitime de l’Administration Trump qui tient à justifier l’utilisation à bon escient de l’argent des contribuables américains. La logique à l’appui de la position de l’Ambassadeur Nikki Haley qui exige en même temps de nouvelles règles de performance et une implication forte sur terrain des casques bleus dont le nombre doit être revu à la baisse n’est, au fond, pas éloignée des thèses défendues par le Gouvernement de la RDC, un pays qui ne figure pas sur la liste noire des pays non grata en matière d’immigration aux Etats-Unis établie par le Président Trump.
Cédric K.