Branle-bas au G7. Le très réservé Pierre Lumbi Okongo, Katumbiste devant l’Eternel, fulmine de colère à la suite de la levée de l’immunité parlementaire de Gabriel Kyungu à l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga. Ça n’est pas du tout une mesure de décrispation politique, pour le G7. «Nous en tirerons toutes les conséquences! », a déclaré l’ancien numéro 1 de Sécurité de Joseph Kabila, qui entrevoit un déraillement des négociations politiques conduites sous l’égide la CENCO. A Lubumbashi, l’appel du Gouv Kazembe à la confiance aux forces de sécurité laisse filtrer une certaine inquiétude liée aux troubles dans les provinces voisines des Kasaï et de Tanganyika. Pendant que le cardinal Monsengwo met ouvertement en garde contre la tentation d’un coup d’Etat militaire.
L’armée -non plus la police – monte à la première ligne de front contre les hors-la-loi dans le centre-sud de la RDC. Le Chef d’Etat-Major des FARDC, le général Didier Etumba, a effectué le déplacement de Mbuji-Mayi, le 28 décembre dernier, accompagné d’une escouade d’officiers généraux. Il s’est entretenu avec le Gouv du Kasaï oriental, Alphonse Ngoyi Kasanji, durant plus d’une heure et demie. Selon la télévision publique, RTNC, la durée du séjour du Chef EMG des FARDC n’a pas été révélée à la presse. Les menées subversives des miliciens de Kamwina Nsapu devraient pourtant être au centre des préoccupations du général Etumba, croient toutefois savoir les observateurs avertis dans la région Sud-centre de la RDC.
Effet boule de neige.
Des rumeurs persistantes circulent en effet dans la région, selon lesquelles un groupe de soldats FARDC et policiers auraient rejoint la milice de Kamwina Nsapu, laquelle jouirait de l’encadrement d’un certain colonel Tshibangu qui s’est déjà illustré, il y a plusieurs mois, par des actes qualifiés de grand banditisme par les autorités provinciales. Des attaques simultanées des miliciens autour de grandes agglomérations, Mbuji-Mayi, Tshikapa, Kananga, donnent à penser à une coordination de plus en plus rodée sous contrôle d’une main experte. Par ailleurs, les services sont sur la piste des sites d’entraînement des jeunes manipulés qui se laissent aller dans des rituels supposés rendre invulnérables aux armes létales. Le QG de l’UDPS dans la ville de Mbuji-Mayi a été dernièrement pris d’assaut par des éléments de sécurité qui y auraient trouvé des jeunes en pleine cérémonie mystique d’initiation à la pratique mayi-mayi d’invulnérabilité. Mais, comme par effet boule de neige, le mouvement rebelle semble déborder des limites des terres kasaienne. Une guerre qui, selon un confrère natif de la région du défunt Kamwina Nsapu, Boucar Kasonga Tshilunde, a pour cause profonde les sempiternels conflits coutumiers entretenus sinon non résolus par le ministère de l’Intérieur et Sécurité à Kinshasa.
Dans la capitale, le cardinal Laurent Monsengwo a pour sa part urbi et orbi lancé de sévères mises en garde autant contre le pouvoir que contre une certaine opposition qui serait tentée de s’ouvrir à coups de Kalachnikov, les portes de la Cité de l’UA – l’équivalent de la Maison-Blanche ou de l’Elysée en RDC- plutôt que par les urnes. Il est révolu ce temps où le pouvoir se prenait par les armes, a lancé l’archevêque de Kinshasa dans son homélie de la messe de la Noël. Monsegwo a-t-il eu vent d’un coup de force en gestation ? Probable. Le prélat et son frère le sénateur Kaniki passent, dans certains milliers politiques branchés, comme des taupes de la CIA.
Si à Kinshasa, un effet boule de neige du phénomène Kamuina Nsapu est peu envisageable, dans le Haut-Katanga, le gouvernorat redoute une déstabilisation de grande envergure. Même si, pour la prévenir ou la repousser, les autorités provinciales risquent de raviver dans l’opinion le vieux démon de l’ethnicité…et de l’épuration ethnique.
Des commandos suicidaires dans L’shi.
D’après le gouverneur du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe Musonda, un groupe des bandits connus sous le nom de suicidaires, notamment d’anciens militaires démobilisés par la CONADER, Commission nationale de démobilisation et réinsertion, venus de Mbuji-Mayi et de Kananga se sont installés au quartier Kisanga dans la commune annexe, dans la ville de Lubumbashi, pour saboter, soutient le Gouv, les actions du développement initiées par le Chef de l’Etat au Haut-Katanga. Pour mémoire, la CONADER dirigée du temps du régime spécial de 1+4, par le pasteur Daniel Kawata, a démobilisé de l’armée, outre des miliciens, des anciens soldats dont des ex-FAZ (l’armée de Mobutu) et des FAC (forces armées de l’AFDL). Le Gouv successeur de Moïse Katumbi aurait mieux fait, selon des analystes, d’ordonner, aussitôt informé, le bouclage de toute la commune annexe par des éléments de sécurité afin d’y neutraliser les suicidaires. Er, sans doute, que Jean-Claude Kazembe sait pertinemment que les grandes agglomérations katangaises abritent des groupes extrémistes, fous de son prédécesseur, Moïse Katumbi. Depuis la nuit du 19 décembre2016, ils s’illustrent par des actes répréhensibles dans la ville de Lubumbashi, au point de paralyser les activités économiques dans la ville cuprifère. Entre les 20 et le 21 décembre dernier, des échauffourées entre la police, l’armée et «les ennemis de la paix et de la province», a indiqué le Gouv du Haut-Katanga, notamment au carrefour Matshipisha à l’entrée sud de la ville de Lubumbashi, ainsi que dans les communes de la Kenya et de Katuba où deux stations d’essence ont été incendiées. A 48 heures du nouvel an 2017, la situation demeure plutôt volatile dans le Grand Katanga. A Manono, des armes automatiques auraient crépité dans un conflit qui n’a vu en scène que des flèches et des armes de chasse de fabrication artisanale. La belligérance récurrente entre Pygmées et Bantou–Luba, dans la province du Tanganyika, atteint des proportions inquiétantes…devant le peu d’intérêt porté sur la crise par Kinshasa, à en croire le député Edmond Kebawa. Qui sollicite la tenue sans délai d’une conférence sur la paix dans la région.
POLD L et NKM