La mission des bons offices confiée par le Président Kabila aux évêques catholiques continue de faire parler d’elle. Tout au moins en ce qu’elle a abouti à des discussions entamées jeudi 8 décembre au Centre catholique interdiocésain de Kinshasa entre les parties prenantes au dialogue de la Cité de l’OUA d’une part et, d’autre part, le Rassemblement de l’Opposition et le MLC de Jean-Pierre Bemba, réfractaires audit dialogue. Une évolution de la situation susceptible d’aboutir à l’élargissement du consensus sur les problèmes politiques qui se posent autour de l’organisation des prochaines élections. Certaines sources proches du Rassemblement affirment que si elles aboutissaient positivement, ces discussions qui se tiennent au Centre interdiocésain de la Gombe pourraient avoir comme conséquence de mettre prématurément un terme aux fonctions de Premier ministre du gouvernement d’union, récemment confiées par Joseph Kabila à l’UDPS Samy Badibanga Ntita. Compte tenu du fait que certains radicaux tshisekedistes-katumbistes du Rassemblement exigent, entre autres, que le prochain 1er ministre soit tiré de leurs rangs.
De sérieux éceuils
Seulement, on n’en est pas encore là. Et d’ici à la fin des discussions du Centre interdiocésain, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Cependant, de sérieux écueils attendent les participants à ce nouveau round de discussions. Parmi ceux-ci, on peut signaler la ferme détermination affichée par le Président Kabila à demeurer fidèle et à la Constitution de la République, et à l’accord politique du 18 octobre 2016, qui selon lui « reste la feuille de route incontournable des nouvelles discussions ». Une feuille de route à laquelle les radicaux et leurs soutiens occidentaux reprochent de n’avoir pas suffisamment écorné les pouvoirs dévolus par la constitution au Chef de l’Etat en place. C’est le véritable enjeu des travaux dirigés par les prélats catholiques, selon les observateurs : réduire suffisamment pouvoirs et prérogatives présidentielles pour offrir à l’opposition une marge de manœuvres suffisante pour faire valoir les intérêts de leurs mentors américains et européens.
La tâche devrait s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît. Les deux camps campent sur des positions limites dont elles ne devraient pas démordre aisément. Rien dans les textes légaux en vigueur n’oblige le Chef de l’Etat sortant à céder l’organisation des scrutins à un groupe d’individus qui n’en a ni droit ni légitimité. On voit mal Joseph Kabila concéder plus que le nécessaire pour un consensus autour de l’organisation des scrutins : un droit de regard légitime, des assurances politiques et sécuritaires … ainsi que quelques aménagements institutionnels de surface susceptibles d’aller avec. Comme cette cession de la primature, déjà acceptée avec la désignation de Badibanga qui n’appartient pas à son camp politique, et quelques portefeuilles ministériels aux parties prenantes au processus électoral. Tandis que l’opposition radicale, qui joue sur le pourrissement de la situation pour altérer la légitimité du Chef de l’Etat sortant pourrait demeurer inflexible et placer la barre à un niveau trop élevé pour que quiconque ne l’atteigne.
Dans ces conditions, Samy Badibanga, le 1er ministre du gouvernement d’union nationale nommé il y a quelques semaines, devrait pouvoir être assuré de rester en place et se mettre à l’ouvrage. La perspective est d’autant plus envisageable qu’il filtre méfiance et prudence du côté de la majorité présidentielle, où on ne semble pas prêt à oublier que le dialogue de la Cité de l’OUA avait été convoqué, l’ordre du jour arrêté de commun accord avec la même opposition. Avant que sur un coup de tête, Etienne Tshisekedi ne revienne sur ses engagements. A malin, malin et demi…
J.N.