L’opposition tshisekediste-katumbiste, les organisations satellites qui gravitent autour depuis toujours (pseudos associations de la société civile, Ong, mouvements prétendument citoyens, etc.), et les puissances occidentales, ne jurent que par le départ de Joseph Kabila du pouvoir. Sans autre forme de procès que leur volonté. Parce que les rd congolais n’ont, à proprement parler, jamais été interrogés quant à ces échéances plus ou moins arbitraires. Mais de ce qui adviendra après ce départ du pouvoir, de la manière dont le vide ainsi créé sera comblé, nul ne s’explique suffisamment pour gagner l’adhésion en toute connaissance de cause et en toute conscience des populations de la RD Congo. Le départ et le remplacement de Joseph Kabila sont un plat prêt à être consommé tel quel. Rien de plus.
Seulement, il y a vraiment lieu de s’interroger sur la tournure que prendront les événements, si jamais il y avait un vide. L’erreur, ou, mieux, l’astuce de ceux qui prônent le départ de l’actuel Chef de l’Etat du pouvoir consiste à faire croire à l’opinion en RD Congo qu’après tout ira comme dans le meilleur des mondes. Alors que chacun sait que ce sera le contraire. Il suffit de songer aux mouvements subversifs et plus moins rebelles qui poussent comme des champignons à travers le pays. Le week-end dernier, la ville de Tshikapa en plein centre du pays a été le théâtre d’affrontements entre miliciens Kamwina Nsapu de Tshimbulu et les forces loyalistes qui ont fini par les déloger de la ville qu’ils avaient occupé par surprise durant quelques heures. Curieuse affaire, tout de même, que cette milice qui « survit » dans la chronique malgré le décès de son mentor, Kamwina Nsapu, tué alors qu’il affrontait les forces de l’ordre il y a quelques mois à Tshimbulu.
En fait de mouvements rebelles, les miliciens de l’ancien Kasai Occidental ne sont pas les seuls. A l’Est du pays, dans la région de Beni-Lubero, renaissent les mouvements maï-maï qui avaient pourtant disparu au début des années 2006. Sans compter les rebelles ougandais de l’ADF qui sévissent dans la même région, ainsi que les Rwandais, ces FDLR que personne n’a jamais réussi à déloger des provinces du Nord et du Sud Kivu depuis le tristement célèbre génocide Tutsi, sans oublier les guerres ethniques qui opposent régulièrement groupes armés pygmées et bantous au Nord du Katanga.
Rien que ce tableau sécuritaire peu reluisant devrait inciter à davantage de réflexion ceux qui conjurent le vide au sommet de l’Etat à brève échéance : après le départ de Joseph Kabila, quid ? Les observateurs, eux, ne se font guère d’illusion quant à la réponse à cette question : c’est la balkanisation, la partition de la RD Congo qui est recherchée à travers la multiplication de ces foyers d’affrontements. Il suffira, le moment venu, que les puissances occidentales qui les entretiennent poussent sur un bouton. Et ce moment, ce peut-être celui où il s’avérera que les Congolais préfèrent la poursuite du processus de démocratisation de leur pays à leurs schémas de remplacement sans le plus petit scrutin, parce que putschistes.
J.N.