Sur la fin, le 19 décembre 2016, du second et dernier mandat de Joseph Kabila, ça épilogue ferme. Dans les rangs d’une partie de l’opposition et au sein d’une certaine communauté internationale, celle qui est derrière les extrémistes de l’opposition. Tout le monde, ici gage, sur une date présentée comme fatidique par ceux qui ne jurent que du départ de Joseph Kabila du pouvoir malgré ce que stipule la constitution adoptée par referendum en février 2006. Notamment, que le Président de la République sortant est remplacé par un Président de la République élu. C’est-à-dire que, entre la sortie et l’entrée de l’un et de l’autre, doivent se tenir des élections qui permettent aux rd congolais de participer au jeu démocratique et de trancher.
Dans les rangs de l’opposition, c’est le principalement le Rassemblement tshisekediste-katumbiste qui menace de « faire partir Joseph Kabila le 19 décembre prochain », par la force de la rue. C’est-à-dire, par un mouvement insurrectionnel dont Etienne Tshisekedi a toujours détenu le secret durant plusieurs années. Il s’agirait, comme les 19 et 20 septembre derniers, d’appeler les populations de Kinshasa et d’agglomérations provinciales à manifester sous le prétexte fallacieux de protéger une constitution que la manifestation convoquée elle-même viole, en fait. Etant donné qu’une tentative de prise de pouvoir par des voies autres que démocratiques (par la force donc) et toute aussi répréhensible que la conservation du même pouvoir par les mêmes voies.
Seulement, depuis les incidents de septembre dernier, qui ont entraîné la mort d’un peu plus d’une trentaine de personnes dont au moins 4 agents de police, des pillages, des saccages et autres destructions de biens publics, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Et démontré que dans cette affaire, nul n’a vraiment gagné. A l’évidence, la manifestation convoquée dans une mégapole de près de 12 millions d’âmes, a, naturellement débordé. Ni les forces de l’ordre, cantonnées dans le périmètre du parcours autorisé par les autorités urbaines à Kinshasa, ni les opposants, qui se sont avérés incapables de contrôler les foules conviées à manifester à travers les 24 communes de la capitale, n’ont su contenir quoi que ce soit.
Les conséquences de l’appel à manifester de septembre 2016 n’ont pas encore fini de produire leurs effets. Mis aux arrêts depuis plus d’un mois, Bruno Tshibala, le porte-parole de l’UDPS/Tshisekedi qui s’était laissé aller à prendre sur lui les encouragements à d’avantage manifester, n’a été provisoirement remis en liberté que sous condition mardi dernier. Son compère des Fonus, Joseph Olenghankoy, également sous le coup d’un mandat d’arrêt des services du procureur général de la République, se cache depuis lors dans un appartement, propriété de sa belle-famille dans l’immeuble abritant l’ambassade de Belgique à Kinshasa. Il oserait mettre le nez dehors qu’il se faire harponner illico presto. Tandis que le MLP Frank Diongo, que l’on avait aperçu défilant gaillardement à la tête d’une horde de délinquants, le 19 janvier dernier, doit sa liberté de mouvement à sa qualité de député national bénéficiant d’incontestables immunités. Tant qu’il ne s’approche pas du plus petit poste frontalier du pays, où il se ferait coffrer immédiatement. Voilà qui est de nature à inciter à la réflexion les convocateurs de manifestations à casses maquillées sous les termes de manifestations pacifiques, alors que tout le monde sait qu’elles ne peuvent aller sans heurts.
A cela il faut ajouter une certaine évolution de l’appréciation de ces appels au suicide faite par l’opposition dite radicale dans la communauté internationale. De plus en plus, il n’est plus question de condamner unilatéralement le pouvoir et les forces de l’ordre. Un communiqué récent du département d’Etat Américain sur la situation politique en RD Congo a carrément convié l’opposition tshisekediste, nommément citée, à davantage de propositions constructions et à renoncer aux incantations incendiaires. C’est beaucoup dire : en cas de morts d’hommes, tous, les forces de l’ordre et leurs chefs autant les opposants seront rendus responsables chacun à la hauteur de ses responsabilités dans ce qui pourrait advenir.
Compte tenu de ces paramètres d’incertitudes, nul dans la classe politique n’a donc intérêt à appeler à l’apocalypse le 19 décembre prochain. Parce qu’il n’est pas certain qu’il en survivrait, physiquement et politiquement. L’épouvantail ne tient plus la route.
Il faut donc s’engager sur la voie de la résolution pacifique des différends politiques, dont la meilleure reste l’organisation d’élections qui rassurent tout le monde et préservent le droit des citoyens à participer à la vie politique de leur pays. Pour cela, point n’est besoin, comme le fait encore le rassemblement tshisekediste-katumbiste, de brandir l’épouvantail du 19 décembre 2016 pour obtenir gain de cause dans les négociations entreprises par les évêques de la CENCO. Des concessions attendues sur la base d’un tel argument fallacieux, comportent le défaut de supposer, non sans quelque naïveté, que ceux qui concèdent sont faibles … d’esprit.
J.N.