Réponse : c’est plausible au regard de la confirmation, diversement exprimée entre le 16 et le 24 septembre 2016, par le Conseil de sécurité de l’Onu, le Groupe de soutien à la facilitation et quelques Etats occidentaux, de l’impossibilité d’organiser la présidentielle dans le délai constitutionnel, à savoir le 27 novembre prochain. Les Etats-Unis et la Belgique ayant été les premiers à s’engager dès le 16 septembre dans la voie du «glissement» – entendez l’organisation des élections après l’échéance du 19 décembre 2016 – il n’était pas raisonnable de la part du «Rassemblement» d’initier des actions de rue pour tel délai ou tel autre délai. Sinon, après le 19 septembre pour la convocation du corps électoral, il va prévoir d’autres marches, d’autres meetings, d’autres sit-in, d’autres « journée ville morte » à l’occasion de chacune des dates étapes prévues dans le calendrier global et inclusif du 12 février 2015. Il y en a 24 ! On imagine la suite…
C’est probablement pour prévenir pareil engrenage que les Etats-Unis et la Belgique, «parrains» de la création de la plateforme dite du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, né du conclave de Bruxelles-Genval du 8 au 10 juin 2016, ont pris les devants en s’exprimant trois jours avant la date fatidique, pardon symbolique qui n’est même pas du 19, mais du 20 septembre 2016. En s’inspirant du calendrier électoral global publié de la Céni mais boudé par l’opposition, le 12 février 2015.
S’ils avaient un peu de considération à l’égard des personnalités qui les ont aidées à se fédérer, notamment Thomas Pierrello pour les Etats-Unis et Didier Rynders pour la Belgique, les membres de cette plateforme auraient dû faire preuve de pragmatisme en n’organisant pas la manifestation devenue sans objet. Exactement comme le fut 24 ans plus tôt la Marche dite des Chrétiens, dès l’instant où le maréchal Mobutu s’était engagé devant le cardinal Frédéric Etsou à rouvrir la Conférence Nationale Souveraine.
A la date du 16 septembre 2016, les Etats-Unis ont déclaré soutenir «le dialogue inclusif dans la poursuite d’un consensus dans la poursuite d’un plan qui privilégie les élections présidentielles dès que techniquement possible pour assurer une transition pacifique du pouvoir politique». La Belgique, évoquant «la situation politique en République Démocratique du Congo (RDC) et le dialogue qui est en cours », a insisté «pour que cela aboutisse à un accord inclusif, fixant des échéances claires et selon des modalités permettant d’organiser les scrutins le plus rapidement possible».
En réaction, il s’est avéré que Tshisekedi père et fils, Katumbi, Mwando père et fils, Olenghankoyi, Fayulu, Lumbi, Lutundula, Kamitatu, Endundo, Sessanga et autres Diongo ont décidé de ne pas tenir compte de ces prises de position. Avertissant l’opinion d’informations relatives à l’infiltration de la manif’ (sic), ils se sont radicalisés en maintenant leur programme au motif, d’un côté, d’amener la Céni à convoquer un corps électoral encore en construction depuis moins de deux mois (et dont le fichier est jusque-là limité à moins de 400.000 électeurs sur les 42.000.000 escomptés) et, de l’autre, d’imposer au Président de la République un préavis de trois mois, malgré les dispositions de la constitution au sujet de la passation des pouvoirs au sommet de l’Etat en RD Congo.
Apparemment, les opposants tshisekedistes-katumbistes ont tenu à organiser une manifestation qui n’avait plus de raison d’être pour la consommation extérieure, puisque le lundi 19 septembre 2016, c’était la veille du débat général à la 71èmeassemblée générale ordinaire de l’Onu.
Soutien renouvelé…
Certes, les condamnations espérées ont fusé de toutes parts : Bruxelles, New York, Washington, Paris, Genève. Mais, avec l’effet boomerang garanti en ce que les Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, notamment les Etats-Unis et la France, de même que le Groupe de soutien à la facilitation insistent plus que jamais non pas sur les élections dans les délais constitutionnels, mais sur les élections une fois les conditions nécessaires réunies via le Dialogue.
Effectivement, 19 septembre 2016, les Américains sont revenus à la charge en faisant observer que «Les événements d’aujourd’hui soulignent la nécessité d’un processus de dialogue véritablement inclusif visant à parvenir à un consensus sur la tenue d’élections présidentielles dès que techniquement réalisable et garantissant la première transition démocratique du pays au pouvoir». Le même jour, la France a donné de la voix en estimant qu’«Il est nécessaire que le calendrier soit connu au plus vite et que le report de l’élection soit aussi court que possible». Le 21 septembre, le Conseil de sécurité a fait de même en soulignant «l’importance cruciale de la tenue d’une élection présidentielle pacifique, crédible, transparente, dans les délais opportuns et dans le respect de la constitution». Le 24 septembre, le Groupe de soutien à la Facilitation s’est exprimé dans le même sens. Il va réaffirmer son «soutien au dialogue national en cours, soulignant en même temps la nécessité d’assurer l’inclusivité la plus large possible parce que cette inclusivité est un gage de stabilité et un gage de succès». Et le 26 septembre, les ambassadeurs de l’Union européenne, du Canada et des Etats-Unis. «L’importance pour cette délégation, qui représente bien la communauté internationale, c’est qu’on puisse s’assurer d’avoir un consensus le plus large possible qui puisse mener à la tenue d’élections crédibles et transparentes dans les meilleurs délais et dans le respect à la fois de la Constitution et de la volonté de la population. Nous félicitons le facilitateur pour le travail réalisé sur la colline et l’encourageons à mener à bout ce travail, mais on a partagé cette préoccupation quant à l’inclusivité qui reste un problème…», ont-ils déclaré.
Ainsi, tous ont déploré et dénoncé les dérapages non sans rappeler cependant, à l’unanimité, l’exigence d’un calendrier électoral consensuel qui permette l’organisation de l’élection présidentielle le plus tôt possible, précisément après l’échéance du 19 décembre 2016. En plus, ils ont renouvelé leur soutien la Facilitation Edem Kodjo et au Dialogue en cours à la Cité de l’Union africaine.
Le couperet de Thomas Pierrello
Dans la pratique concrète, le «Rassemblement» aura mal joué. Il a marqué un but assassin contre son propre camp. C’est là la rançon réservée à tout enfant gâté. L’Opposition radicale, qui en est l’ossature, semble ne plus se souvenir qu’au cours de l’année 2015 particulièrement, elle a eu l’audace de dire systématiquement NON à l’Onu, NON à l’Union européenne, voire NON au Saint-Père, donc à la Cenco.
L’ennui pour cette plateforme est de n’avoir pas saisi à temps le sens des concessions qu’elle a jusque-là fait faire à la communauté internationale. Elle a réclamé la facilitation internationale, elle l’a obtenue. Elle a réclamé la mise en place d’un Groupe de soutien, elle l’a obtenue. Elle a voulu arracher aux Américains le bras avec le préalable de l’implication de Washington dans ce Groupe, et là les Etats-Unis ont dit niet ! Elle a récusé Edem Kodjo, et les «décideurs » ont encore dit niet. Elle a boycotté les travaux préparatoires du Dialogue, les « décideurs » y ont pris part. Elle a boycotté les travaux effectifs en cours à la Cité de l’Ua, les «décideurs» y ont marqué leur présence. Elle a adressé un mémorandum aux «décideurs» qui, eux, l’ignorent simplement.
Le couperet est tombé le 14 septembre 2016 lorsque Thomas Pierrello – qu’elle a cru instrumentaliser – leur a balancé à partir du centre culturel américain de Kinshasa le désaveu exprimé en ces termes : «il est préférable que les gens se présentent, exposent leurs points de vue et observent ce qui se passera ensuite. Etre présent est la meilleure façon de contester le statu quo, d’acquérir de l’influence, et de trouver le meilleur accord».
On en rit sous cape…
L’Opposition radicale oublie que depuis le 24 avril 1990, le pouvoir a changé de main trois fois pendant qu’elle garde, elle, le même leadership et use des mêmes méthodes. Si quelqu’un s’avisait à évaluer le nombre des victimes, c’est à une comptabilité macabre que l’on assisterait au regard du bilan des personnes mortes, des personnes blessées et des pillages perpétrés.
Or, du 19 septembre au 20 décembre 2016, il y a au total 24 étapes prévues par la Céni, au nombre desquelles la convocation du corps électoral (116), la campagne électorale (126), le scrutin proprement dit (133), l’annonce des résultats provisoires (136), l’annonce des résultats définitifs (138) et prestation de serment du Président de la République élu (139).
On imagine seulement ce qui adviendrait du pays si, pour chacune de ces étapes calendaires, le «Rassemblement» organisait une manifestation publique.
Manifestement, les «décideurs» ont des événements en cours une lecture prospective faisant malheureusement défaut au leadership de cette plateforme. Ce leadership a certes la volonté de bénéficier de l’alternance politique – ce qui est tout à fait légitime – mais il s’avère, dans la pratique, qu’elle n’a la capacité ni de l’assumer et ni de s’assumer. Comment, du reste, s’en étonner lorsqu’il lui arrive de décréter le primat d’une Résolution du Conseil de sécurité de l’Onu sur la Constitution d’un Etat souverain ?
On sait que de New York à Tokyo, de Washington à Bruxelles, de Brasilia à Ouaga, on continue d’en rire sous cape.
Puisse, à l’issue de son conclave du 1er octobre 2016, la voir développer un discours plus constructif, plus constructeur.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema