En RD Congo, le Pouvoir a changé de main trois fois depuis le 24 avril 1990. D’abord avec Mobutu Sese Seko qui s’est succédé à lui-même après sa « démocratisation », vint ensuite Laurent-Désiré Kabila, puis, Joseph Kabila. Par contre, l’opposition dite radicale est restée la même avec, à sa tête, Etienne Tshisekedi, flanqué depuis 1991 d’un certain Joseph Olenghankoyi, entre autres. Néanmoins, une propagande intéressée présente tout pouvoir en place à Kinshasa comme une dictature, et son opposition radicale comme une sorte de démocratie en puissance. Même si les méthodes de lutte utilisées par cette opposition, qui ne réserve que peu de place aux pratiques démocratiques consacrées, sont les mêmes depuis 26 ans : journées ou villes mortes, sit-in, marches, meetings sur fond de violences. Les événements du 19 septembre 2016 viennent de le rappeler à la mémoire de ceux qui dans l’opinion entretenaient une fâcheuse tendance à l’oubli. Elles constituent une interpellation pour remettre les pendules à l’heure, tant il est vrai qu’au finish, c’est le pays qui est de tout temps tiré par le bas après de laborieuses avancées réalisées ci et là, tout de même …
Les images sont éloquentes : des manifestants s’exhibant les uns avec fusil ou bouclier de police, les autres avec machette, sans compter ce combattant qui manifeste nu comme un ver ! Il faut être un irrationnel à souhait pour croire et faire croire ces actes sont une réaction à une provocation policière !
Félix Tshisekedi, l’un des organisateurs de la manifestation, a laissé entendre dans une interview à «Top Congo Fm», le 17 décembre 2016, que le «Rassemblement» détenait des informations selon lesquelles des infiltrés à la solde du pouvoir ont été préparés pour, notamment, piller les stations d’essence et en faire porter la responsabilité à leur plateforme. Pourquoi, dans ces conditions, avoir maintenu une manif’ «piégée» ?
Au fait, depuis les années 1990, l’Udps a toujours usé de la stratégie de victimisation, misant sur l’inévitable prise de position de la communauté dite internationale (en vérité l’Occident) qui consiste à stigmatiser invariablement la responsabilité du Gouvernement dans tout dérapage survenant au cours des manifestations initiées par l’opposition ! La réaction du Département d’Etat US dans son communiqué du 19 décembre 2016 invitant certes «toutes les parties prenantes congolaises à faire preuve de retenue et à éviter les provocations », mais réitérant la responsabilité première du gouvernement «de protéger les droits de l’homme, y compris le droit de réunion pacifique et la liberté d’expression» en est l’illustration. Elle sonne comme une prime à l’insurrection ! Autant que les réactions de ces officines de déstabilisation pompeusement dénommées ONG internationales. Dans une dépêche, «RDC : heurts à Kinshasa entre la police et des manifestants de l’opposition» mise en ligne le 19 septembre 2016, Sonia Rolley relève que «Ces tensions inquiètent vivement les ONG ». Elle souligne que «Human Rights Watch appelait les autorités congolaises à respecter la liberté d’expression. Pour l’ONG de défense des droits de l’homme, le pays est ‘au bord du précipice’. Même préoccupation pour la Fédération internationale des droits de l’homme qui appelle les autorités à la retenue, à garantir les libertés d’expression et de manifestation».
C’est à croire que l’opposition radicale a le droit de faire tuer et de faire piller et le Gouvernement, seulement le devoir d’en assumer les conséquences.
Droits et devoirs légaux de l’Opposition
Un regard rétrospectif sur le laborieux processus de démocratisation de la RD Congo enclenché le 24 avril 1990 par le défunt Maréchal Mobutu Sese Seko permet de se rendre compte que les opposants rd congolais rangés sous la bannière de l’opposition dite radicale usent du même type de procédés de démocratisation. Et obtiennent invariablement, en retour, le même type de condamnations au détriment du pouvoir de Mobutu avant-hier, L-D. Kabila hier, Joseph Kabila aujourd’hui.
Ainsi maternée, choyée et, bien entendue, «excusée», cette opposition ne se sent même pas concernée par les dispositions pertinentes de la Constitution et des Lois de la République, remplacées opportunément par les positions des Occidentaux et d’ONG internationales sur les incidents de Kinshasa et d’ailleurs en RD Congo.
Ainsi, jamais on n’a une seule fois entendu l’Udps – autoproclamée fille aînée de l’opposition – évoquer les alinéas 3 et 4 de l’article 6 de la Constitution selon lesquels «Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à l’éducation civique. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans le respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes moeurs. Les partis politiques sont tenus au respect des principes de démocratie pluraliste, d’unité et de souveraineté nationales». Jamais elle n’a une seule fois évoqué l’article 2 de la loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques qui stipule que: «Aux termes de la présente loi, il faut entendre par parti politique une association des personnes physiques de nationalité congolaise qui partagent la même idéologie et le même projet de société, en vue de conquérir et d’exercer démocratiquement et pacifiquement le pouvoir d’Etat. Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage, à la formation de la conscience nationale et à l’éducation civique».
C’est le même sort oublieux qui est réservé à l’article 8 de la même Constitution selon lequel «L’opposition politique est reconnue en République Démocratique du Congo. Les droits liés à son existence, à ses activités et à sa lutte pour la conquête démocratique du pouvoir sont sacrés. Ils ne peuvent subir de limites que celles imposées à tous les partis et activités politiques par la présente Constitution et la loi. Une loi organique détermine le statut de l’opposition politique». C’est la «Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique en République Démocratique du Congo».
Aux alinéas 2 et 3 de l’article 1, il est bien précisé que l’Opposition «vise à maintenir le débat politique dans les limites de la légalité et du respect réciproque et à assurer une alternance démocratique. Elle a pour but de consolider la démocratie pluraliste et de favoriser la participation de l’ensemble des forces politiques au renforcement de la conscience et à l’éducation civique».
Cette loi détermine les droits et les devoirs de cette entité. Au nombre des droits, ceux d’«Etre informée de l’action de l’Exécutif ; 2. Critiquer ladite action et, le cas échéant, formuler des contre-propositions, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes moeurs ; 3. Présider alternativement avec les députés et sénateurs de la majorité, les travaux des commissions de contrôle ou d’enquête de l’action de l’Exécutif ou d’en être rapporteur sans préjudice des prescrits des règlements intérieurs de chacune de ces Assemblées délibérantes ; 4. faire inscrire des points à l’ordre du jour des assemblées délibérantes».
Quant aux devoirs, ils consistent à «1. Respecter la Constitution, les lois de la République et les institutions légalement établies ; 2. Défendre les intérêts supérieurs de la Nation ; 3. S’abstenir de recourir à la violence comme mode d’expression et d’accès au pouvoir ; 4. Privilégier le dialogue et la concertation sur les grandes questions d’intérêt national et dans la résolution des différends politiques ; 5. Promouvoir le pluralisme politique et reconnaître le droit de la majorité à gouverner, 6. Promouvoir la culture démocratique notamment par la tolérance, la non-violence et le soutien du principe de l’alternance dans le cadre d’une lutte politique pacifique ; 7. Concourir, par la libre expression, à la formation de l’opinion publique ; 8. Former et informer ses militants sur les questions touchant à la vie nationale».
Modus operandi
A l’analyse de ces dispositions constitutionnelles et légales, il se constate que l’opposition radicale, animée en amont par Etienne Tshisekedi et en aval par Joseph Olenghankoyi, d’un côté, n’entreprend aucune action de formation civique pour ses partisans (appelés combattants) et, de l’autre, limite l’interprétation de la Constitution aux articles qui épousent sa cause…
Faute de la plus petite formation civique, les combattants sont dépourvus de patriotisme, voire, de jugement rationnel sur leur pays. La preuve, c’est ce non-sens parfait de l’objet hyper-médiatisé de la manifestation du 19 septembre 2016 : la remise du mémorandum à la Céni pour convocation du corps électoral. Un corps qui ne peut se constituer qu’à partir du fichier électoral. Un fichier électoral est en voie de confection avec les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs (donc des éligibles) lancées le 31 juillet 2016 à Gbadolite, au Sud Ubangi. Tout observateur honnête sait que le «Rassemblement» tshisekediste-Katumbiste revendique, lui aussi, ces opérations qui réparent le fichier électoral décrié hérité des scrutins de 2006. La manifestation du 19 septembre n’avait donc rien du sens que ses organisateurs lui ont donné.
Seulement voilà : les tracts distribués nuitamment et les calicots étalés devant les sièges des partis membres de cette plateforme portent des messages différents de ceux véhiculés au travers des médias périphériques qui devraient se sentir abusés. Mais tel est, ils devraient finir par l’apprendre à leurs dépens, le modus operandi de l’opposition radicale depuis le 24 avril 1990. Dont le résultat, prévisible, est que les mêmes causes produisent les mêmes effets en termes de dégâts humains (morts, blessés, perte d’emplois), matériels (pillages, vols,) et politiques (insécurité, restriction des libertés fondamentales…).
Autre résultat prévisible : l’opposition se frotte les mains et vante «plus de 50 morts dénombrés à cette étape», là où le Gouvernement les fixe à 17. Comme pour souligner son inhumanité, elle commence son communiqué de presse – d’ailleurs non signé – par se réjouir de «l’appel du Président Etienne TSHISEKEDI et du Rassemblement de se prendre en charge». La tradition de cette prise en charge, qui signifie en réalité verser dans le vandalisme et tout saccager sur son passage, remonte elle aussi aux années 1990.
Question à un sou : qui perturbe le processus de démocratisation en RD Congo ? Réponse simple : celui qui crée des incidents s’il veut prendre le pouvoir, les crée dès qu’il y accède, et les crée davantage une fois évincé. C’est lui qui, en compagnie de son agitateur favori – représente la menace permanente contre la démocratie au pays.
N’en déplaise à ceux qui, en Occident principalement, les caressent depuis 26 ans dans le sens du poil et qui en ont fait leur fonds de commerce.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema