Chassez le naturel, il revient au galop. Alors que la plupart de leurs compatriotes ont poussé un ouf de soulagement à l’annonce de l’aboutissement convivial des travaux du comité préparatoire du Dialogue Politique National Inclusif, les caciques du Rassemblement des forces acquises au changement qui ont récemment réussi une véritable OPA sur l’UDPS manifestent une grande contrariété. Le flegme imperturbable de Joseph Kabila et la ténacité de l’ancien premier Ministre togolais Edem Kodjo sont en train de déjouer leurs calculs machiavéliques consistant à plonger la RDC dans un nouveau cycle de violence infernale pour ramasser le pouvoir en faisant l’économie de laborieuses élections démocratiques.
La belle salle lambrissée du Béatrice Hôtel, place de la Gare à Kinshasa, a reçu du beau monde de mardi à samedi dernier. Outre les délégués de la majorité présidentielle emmenée par le directeur de cabinet de Joseph Kabila, Néhémie Mwilanya, d’une opposition toujours divisée mais coordonnée vaille que vaille par le député ex. Mlc Jean Lucien Bussa, et de la société civile derrière le révérend Abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la puissante Conférence épiscopale nationale de l’église catholique, se trouvaient, regroupés autour du facilitateur désigné par l’Union Africaine, Edem Kodjo, 78 ans, des plénipotentiaires de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, de la Sadc et de la Cirgl. Prenant le taureau par les cornes devant le refus obstiné des clients du richissime ex. Gouverneur de la défunte province du Katanga, Moïse Katumbi, regroupés dans le Rassemblement de l’opposition créée à Genval en Belgique pour défénestrer coûte que coûte Kabila avant la fin de l’année, le fringuant diplomate africain a décidé de convoquer les travaux du comité préparatoire du Dialogue quitte à voir « les hésitants nous rejoindre plus tard ». La tentative de Tshisekedi et son Udps de saboter le lancement des travaux par une de ces villes mortes – pays mort dont l’efficacité n’est plus ce qu’elle était sous les années Mobutu s’est soldé par un flop. Non seulement les travaux du comité ont bel et bien eu lieu comme prévu, mais ils ont connu la présence à leur ouverture et à leur clôture de tout le gratin de la communauté internationale, pourtant référentiel majeur du duo Katumbi-Tshisekedi. Particulièrement remarquables, les ambassadeurs James Swann des Etats-Unis, et Jean B. Dumont de l’Union Européenne que les bonzes véritables mentors du G7 katumbiste évoquent à tout bout de champ. Joseph Kabila ayant sèchement refusé qu’un Etat, les Usa, trône dans le sacro-saint « groupe de soutien à la transition » comme l’exigeait l’opposant historique Etienne Tshisekedi comme énième préalable à sa participation au forum, c’est une des adjointes de Dumont qui, au nom de l’Union européenne, siégera tout au long des travaux du Comité préparatoire au sein dudit groupe pour le compte de l’Ue, aux côtés de diplomates mandatés respectivement par l’Union africaine, la Sadc et la Cirgl.
Présence en force de la communauté internationale
De l’aveu de la plupart de la très extravertie opposition rd congolaise, c’est cette présence en force de la communauté internationale, excédée par les « enfantillages » du G7, selon une expression attribuée au président français François Hollande dans un message transmis mezza voce à l’opposition congolaise, qui a eu raison des réticences du radicalisme de l’Unc de Kamhere et même de certains au sein du groupe dit de Genval, comme le député Patrick Mayombe.
Samedi 27 août à 16 heures, Edem Kodjo pouvait afficher une légitime satisfaction. Les parties prenantes congolaises, à l’exception des extrémistes du G7 et de leur nouveau « client » Tshisekedi, signaient la conclusion de 5 jours d’âpres négociations et fixaient au 1er septembre 2016 le début des travaux du dialogue politique national inclusif proprement dit auxquels prendront part 200 participants pour deux semaines. Juste à temps pour trouver des solutions avant la date buttoir du 19 à laquelle la Ceni est supposée convoquer le corps électoral, conformément aux fantasmes des opposants de Genval.
« Il devient de plus en plus clair que le but de M. Moïse Katumbi et ses amis est de bloquer la machine dans l’espoir d’en tirer quelques dividendes politiques », a confié au Maximum un diplomate occidental sous le sceau de l’anonymat.
Reste à savoir pour qui sonnera le glas au cas où les choses se gâtaient comme semblent l’espérer les pontes du G7 accrochés à l’idée de faire absolument le lit du richissime président du TP Mazembe. En effet, selon la même source, « c’est un jeu dangereux parce que rien ne permet de croire qu’il soit en mesure de tirer les marrons du feu même avec l’appui des tshisekedistes de plus en plus divisés ».
Vieux lion converti en cheval de Troie
Le vieux lion de la 10ème rue Limete dont l’ex. gouverneur de l’ancienne province du Katanga a fait son cheval de Troie a, en effet, maille à partir d’une part avec ses collègues fondateurs historiques de l’Udps des années Mobutu regroupés autour du député Lusanga Ngiele, qui viennent de lui intenter un procès pour faux, usage de faux et détournement des fonds du parti au tribunal de d’instance de Kinshasa-Matete et, d’autre part, avec Bruno Mavungu, jusqu’à il y a quelques jours le N° 2 du parti qui a décidé de quitter un naviré apparemment déboussolé, emmenant avec lui une frange de bouillants « parlementaires debout » de l’ex. Léopoldville écœurés par la confiscation de leur parti par Félix Tshilombo Tshisekedi, fils du ‘lider maximo’ et sa mère Marthe Tshisekedi accusés carrément d’abus de la faiblesse due par l’âge avancé aggravée par les ennuis de santé du patron de l’Udps. Un ami de la famille de passage avenue des Pétunias (résidence des Tshisekedi) le jour du départ mouvementé de Mavungu de l’Udps semble confirmer l’indélicatesse de dame Marthe et son fils. Selon cette source, en entendant le bruit de la bagarre rangée entre ses partisans et ceux de Mavungu qui tentaient de marcher jusqu’à lui pour exprimer leur mécontentement, Etienne Tshisekedi aurait demandé à son la cause de cette agitation. « Ce sont des indisciplinés qui s’agitent et veulent marcher vers la maison parce qu’ils sont mécontents du limogeage de Mavungu », lui aurait répondu cette dernière. Ce à quoi, à la surprise de tous les visiteurs, le vieil opposant rétorqua « Ah bon ! Mavungu a été limogé ? Depuis quand ? ». Surréaliste.
B. Bolingola