On ne peut pas dire que la tournure prise par les événements autour de la tenue du dialogue national politique inclusif n’arrange pas tout le monde, en RD Congo comme dans un certain nombre de capitales du monde, très sensibles à ce qui se passe dans ce pays de l’Afrique Centrale. Mardi 23 août dernier, Edem Kodjo, le facilitateur de l’Union Africaine à ce dialogue, mais néanmoins honni par une partie de l’opposition politique rd congolaise, a lancé les travaux préparatoires. Sans attendre que les desiderata des radicaux de l’opposition, aient trouvé toutes les réponses voulues. C’est naturel, les radicaux sont montés sur leurs chevaux pour dénoncé ce qu’ils avaient dénoncé, la facilitation elle-même, la libération de ceux qu’ils considèrent comme prisonniers d’opinion, etc. Là, c’est naturel aussi, les plus modérés estiment que le reste des revendications peut trouver solution en cours des travaux. Mais il en a toujours été ainsi, dans ces discussions politiciennes rd congolaises, se dit-on dans l’opinion à Kinshasa et dans certaines provinces très politisées comme dans les Kivu : « on ne fera jamais l’unanimité autour d’une question politique, alors autant y aller », expliquait au Maximum un médecin de Beni, joint au téléphone à partir de Kinshasa, mardi dans la journée.
Médias intéressés
Seulement, et c’est moins habituel. Tout au moins, beaucoup en RD Congo trouve l’affaire moins naturelle. La réaction des médias, surtout de ceux des médias dits mondiaux sur le lancement des travaux préparatoires au dialogue national rd congolais, a surpris et quelque peu déçu. Sur RFI, la « radio mondiale » comme aiment à la désigner journalistes et auditeurs africains, « l’opposition boude les travaux préparatoires », a-t-on appris le même mardi 23 au cours des journaux de l’après-midi. Nos confrères expliquant que les travaux s’étaient ouverts « … avec des acteurs politiques et de la société civile. Mais une grande partie de l’opposition a déjà décliné cette invitation du facilitateur Edem Kodjo ». Le grossissement de l’information est ici patent : l’opposition n’a jamais boudé les travaux préparatoires. A la vérité, on se devait d’affirmer qu’une partie de l’opposition avait, effectivement, boudé ces travaux. Etendre une partie à l’ensemble de l’opposition politique rd congolaise et répéter le titre sur plusieurs éditions d’informations, dans nos pays d’Afrique où les auditeurs se contentent le plus souvent des titres au détriment du développement de l’information, trahit une orientation intéressée de l’affaire. A Kinshasa, mais sans doute à l’intérieur de la RD Congo aussi, des auditeurs s’en rendent de plus en plus compte, et s’en désolent. « La « radio mondiale » n’est pas aussi sainte qu’elle voudrait le faire croire », commentait mardi soir un étudiant de l’Unikin qui venait de suivre l’édition du journal télévisé de 20 heures sur la RTNC, la chaîne publique rd congolaise.
Opposants présents et pas des moindres
D’opposants à la cérémonie de lancement des travaux préparatoires du dialogue politique inclusif, il y en avait, en effet, à en crever les yeux : à commencer par l’UNC de Vital Kamerhe, un candidat à la présidentielle de 2011 arrivé 3ème après Etienne Tshisekedi, représenté par Pierre Kangudia, Jeannot Mwenze Kongolo et Bonane Lusenge ; en passant par le député élu de Budjala, l’ex. MLC Jean-Lucien Bussa Tongba qui trône désormais à la tête d’un parti politique de son cru ; l’UDPS/Tshisekedi Samy Badibanga, ci-devant chef du groupe parlementaire UDPS à l’assemblée nationale (c’est le plus grand groupe parlementaire de l’opposition à l’assemblée nationale), flanqué pour la circonstance de Moleka Albert, un ancien directeur de cabinet du lider maximo, et de Bruno Mavungu, le secrétaire général du parti tshisekediste récemment démis de ses fonctions. A ceux-là, il faut ajouter José Makila Sumanda de l’AR (Alternance pour la République), une plate-forme du Rassemblement que dirige Etienne Tshisekedi ; ou encore Anatole Matusila, un ancien candidat à la présidentielle pour le compte de l’ABAKO, le Sénateur Florentin Mokonda Bonza, et autres Stève Mbikayi ou Justin Bitakwira, des élus nationaux qui représentent bel et bien un électorat à Kinshasa ou en provinces.
L’opposition n’a donc jamais boudé les travaux préparatoires au dialogue. C’est une partie de l’opposition, Etienne Tshisekedi et ce qui lui reste de fidèles, qui a effectivement boudé la cérémonie officielle de mardi 23 août 2016.
J.N.