Les Sages (?) de «Rassemblement» l’ont annoncé avec fracas les dimanche 20 et lundi 22 août 2016. Les voici obligés de le réaliser à leurs dépens : désormais, les opérations «journée morte» mobilisent de moins en moins la rue qu’ils prétendent contrôler. Si celle du 26 mai 2016 a attendu la réanimation de la capitale autour de 9h00, la journée ville morte décrétée mardi 23 août 2016 n’a pas bénéficié de l’heure d’observation habituelle. Dès 6h00 du matin, bus, minibus, taxis et motos ont entamé leurs activités quotidiennes. Plaque tournante pour les communes de l’Ouest de la capitale, en l’occurrence Ngaliema, Kitambo, Gombe, Lingwala, Barumbu, Kinshasa, Bandalungwa, Selembao, Bumbu, Makala, Kasa-Vubu et autres Kalamu, la Place commerciale de Kitambo a fonctionné comme à l’accoutumée, les images diffusées sur WhatsApp faisant foi ! Autour de midi, les échos en provenance de la partie Est ont signalé quelques échauffourées par-ci par-là, mais sans grande importance. Même si on doit désormais s’interroger sur cette drôle de façon de faire observer une journée morte en suscitant des troubles. La consigne officielle lancée par Etienne Tshisekedi fut, les tracts largués à travers la ville en attestent : de rester chez soi.
Au finish, les organisateurs de cette journée ville morte devraient expliquer à «l’opinion tant nationale qu’internationale» (formule consacrée) en quoi la journée leur a procuré les résultats escomptés.
Pour rappel, dans la «Déclaration politique du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquis au changement de la RDC» publiée le 20 août 2016 sous sa signature, Etienne Tshisekedi justifie cette manifestation par la non-satisfaction «des mesures de décrispation politique annoncée par le gouvernement». A l’en croire, «Ces mesures ne concernent aucun acteur politique incarcéré et/ou détenu en vertu d’un procès engagé pour des raisons politiques» et que «Sur les 24 personnes prétendument libérées, seuls 4 se trouvaient encore en détention et/ou incarcérées et n’ont bénéficié du reste que d’une mise en liberté provisoire». Ceci pour les justiciables. Pour les médias, la déclaration note qu’«aucune chaîne proche des membres du Rassemblement n’a été rouverte».
En fait, le «Rassemblement» se montre ainsi sélectif là où il est censé être représentatif et défendre les intérêts du peuple congolais dans son ensemble.
A dire vrai, le vrai problème qui mine de l’intérieur la nouvelle plate-forme de l’opposition, c’est Etienne Tshisekedi lui-même. L’homme campe depuis des lustres dans une logique manichéiste qui voit dans un même pays deux peuples différents et opposés ; celui qu’il reconnaît comme étant le sien et qui doit l’aduler, et celui auquel il dénie tout droit de cité et qu’il déteste. La preuve : la fameuse feuille de route du 14 février 2015. Y sont établis pour la RDC le camp du changement (avec lui et ceux qui n’ont pas rejoint le Parlement issu des élections du 28 novembre 2011) et le camp du statu quo (avec Kabila, la Majorité et toute l’Opposition institutionnelle, « Dynamique » et G7 compris).
En 2016, Etienne Tshisekedi reste dans la même logique, malgré «Bruxelles-Genval». Car lorsqu’il dit clairement qu’aucune chaîne proche des membres du Rassemblement n’a été ouverte, c’est que dans son entendement, il n’est nullement question de plaider pour Cktv du mlc Jean-Pierre Bemba et Canal Futur de l’unc Vital Kamerhe. Il n’intervient que pour les chaînes de Katumbi, Mbuyambo etc. Quel leader atypique pour la RD Congo.
Président d’un comité des Sages… boutefeux !
Aussi, tirant la conclusion selon laquelle les «mesures dérisoires n’ont nullement rencontré les préalables nécessaires pour la tenue du dialogue» et considérant «comme une provocation du peuple congolais le fait que Monsieur Kodjo, en dépit de sa récusation en tant que facilitateur, s’entête à convoquer sa commission préparatoire au 23 août 2016 défiant ainsi toute la Nation congolaise», renouvelle-t-il l’engagement pris par Rassemblement de «mener des actions de grande envergure à travers le territoire national». L’une d’elles est justement la journée ville morte contre Kodjo (authentique !)
La veille de cette manifestation, la communauté internationale sur laquelle il mise pourtant a posé un acte de haute portée politico-diplomatique : chefs et représentants des missions diplomatiques présents à Kinshasa ont échangé avec le facilitateur, à sa demande bien-sûr. Résultat : «Les ambassadeurs ici réunis ont salué le geste et l’attention du facilitateur, de l’appel et du dialogue ouvert qu’il a créé entre lui et la communauté diplomatique au Congo pour le tenir informé régulièrement de la teneur, du contenu, de l’orientation et des progrès de son travail de consultations», rapporte le site www.radiookapi.net qui reprend les propos de Mamadou Diallo, adjoint du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC.
Mise en ligne le 22 août 2016 à 18h18 avant d’être modifiée à 20h41, la dépêche intitulée «Les ambassadeurs accrédités en RDC saluent la libération des prisonniers politiques» est introduite par ce paragraphe hautement significatif : «Les ambassadeurs accrédités en République démocratique du Congo (RDC) ont salué la mesure prise par le gouvernement congolais de libérer les prisonniers politiques, sur demande des opposants. A l’issue de leur rencontre, lundi 22 août avec le facilitateur du dialogue Edem Kodjo, ils ont indiqué qu’ils lui réitèrent leur soutien». En clair : Edem Kodjo reste. En clair encore : la communauté internationale désavoue à son tour le «Rassemblement». Et si ce dernier est conséquent avec lui-même, il doit lui réserver la prochaine «journée morte».
Les dés étant jetés, cette plateforme va devoir apporter les preuves des dividendes politiques et diplomatiques engrangés à la suite de sa manif du 23 août…
En attendant, force est de le constater non sans le déplorer : le train du Dialogue quitte la gare (l’hôtel est juste à côté du terminal ferroviaire de l’ex-Onatra), et Etienne Tshisekedi – le seul des Congolais encore en vie à avoir participé à 95 % de la vingtaine de conférences nationales organisées au pays et à l’étranger au cours des 56 ans d’Indépendance – risque de lui courir après.
C’est à se demander en quoi il est président d’un comité des Sages d’ailleurs composé essentiellement de boutefeux ayant fait de l’opposition, au cours de ces 26 dernières années, un regroupement SDF, entendez Sans Direction Fixe.
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema