Tshisekedi, Kyungu, Mwando, Lutundula, Kamitatu … : des figurants
Le Maximum était sur l’info depuis plusieurs mois, fouillait et tentait d’en soupeser les tenants et les aboutissants. Il s’agissait de savoir comment le leader d’un des plus grands partis politiques de la majorité présidentielle depuis le cycle électoral 2006 s’était retrouvé à au moins deux reprises dans les rangs des frondeurs anti-kabilistes avant de claquer carrément la porte. Le leader, c’est Pierre Lumbi Okongo, ancien titulaire du juteux portefeuille des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction, ancien conseiller spécial du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Certes, un certain nombre de leaders politiques de la majorité présidentielle manifestaient, comme Pierre Lumbi, des mécontentements relatifs au traitement de telle ou telle autre question politique. Mais aucun parmi les Christophe Lutundula, patron d’un petit parti politique dont il est l’unique élu national, Olivier Kamitatu, président de l’ARC qui est passé de peu à côté d’un échec cuisant aux dernières législatives dans le Bulungu maternel ; Charles Mwando Nsimba et Kyungu wa Kumwanza, chacun patron d’un parti politique provincial, ne peuvent eux non plus se prévaloir de plus de 6 ou 7 élus nationaux dont la plupart ont préféré conserver leur loyauté à Joseph Kabila. Pas assez pour soulever la montagne qui consistait à quitter le camp présidentiel aux mamelles duquel ils s’alimentaient jusque-là. Dans ces conditions, qu’est-ce que le G7, la plate-forme tonitruante qui se paie le luxe de narguer et la majorité présidentielle rd congolaise et Joseph Kabila, son autorité morale ? Et surtout, à quelle fin politique la machine a-t-elle été mise en branle non sans quelque précipitation ?
Une source bien informée a levé un coin du voile aux rédactions du Maximum : l’affaire remonte à loin, très loin même, et a plutôt été soigneusement boutiquée. Essentiellement par deux acteurs politiques : Moïse Katumbi Chapwe, le richissime ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga ; et Pierre Lumbi Okongo, l’ex. flic en chef de Kabila et patron du MSR. Les deux compères ont tout mis en chantier depuis belle lurette, notamment en investissant systématiquement la CEI, la commission électorale indépendante, dont le patron de l’administration (Secrétaire exécutif national), M. Misioni, fut durant les dernières élections, un ancien dircab de Lumbi. Il s’agissait de s’assurer de sièges électoraux aux législatives, suffisamment pour peser du poids requis sur l’échiquier national. Pour ce faire, un seul parti politique, le MSR, ne suffisait plus. Il fallait lui créer un pendant, c’est le MCR, que peu de gens dans l’opinion et même parmi les acteurs politiques connaissent. C’est l’autre MSR, qui compte bien quelques élus nationaux, et qui est l’affaire du duo Katumbi-Lumbi.
Le reste, l’appel à la rescousse d’un certain nombre de partis politiques grincheux, c’est de l’habillage. Y compris la création d’une plate-forme qui regroupe ces partis politiques satellites du MSR-MCR, pour ne pas mécontenter frontalement leurs « propriétaires ». Et dont l’objectif réel est de soutenir la candidature de Moïse Katumbi à la prochaine présidentielle, avec le soutien des Libéraux Belges francophones, qui, pressentant des lendemains politiques difficiles à la suite de leur quasi rupture avec leur base politique naturelle, la Belgique francophone, se cherchaient un pied-à-terre dans l’ancienne colonie pour se refaire une santé à l’international.
La source du Maximum explique que c’est parce que Moïse Katumbi a partie liée avec Pierre Lumbi au sein du MSR-MCR que le candidat-président s’est abstenu de créer son propre parti politique après son départ du PPRD. De fait, le très généreux président du TP Mazembe en avait déjà dans son escarcelle une ou deux minuscules formations politiques faisant partie de la nébuleuse G7. Et pouvait en acheter de nombreux autres petits partis, comme il l’a récemment fait en recrutant à tout va quiconque gouaille de temps en temps sur les antennes des radios et télévisions locales et périphériques.
L’objectif final de l’attelage Katumbi-Lumbi, selon la même source, c’est que l’un devienne ‘in fine’ président de la République et l’autre premier ministre du gouvernement qu’ils espèrent mettre en place, et dans lequel figureront l’un ou l’autre de leurs comparses au sein du G7. Rien moins que cela.
Et le « vieux Tshitshi » dans cette galère ? Il se sucre pour ses derniers jours, ou assure un « héritage sonnant et trébuchant » à sa boulimique famille biologique, assure la source. L’échec manifeste du tandem Katumbi-Lumbi à se faire accepter dans l’opinion à l’échelle nationale aurait poussé les deux complices à déférer aux conseils des Libéraux belges de recourir au leader historique de l’Udps. Aussitôt utilisée, elle sera jetée dans la poubelle de l’histoire.
J.N.