La plupart sinon tous les medias dits mondiaux se déchainent sur tous les tons depuis le début de la semaine. Ida Sawyer, la « célèbre chercheuse senior » de la toute puissante Ong britannique Human Rights Watch (HRW) a quitté Kinshasa et la RD Congo mardi 9 août 2016. Pour longtemps sinon pour toujours, parce que les services d’immigration rd congolais n’ont pas renouvelé son visa de séjour.
A en juger par les jérémiades diffusées sur les chaînes de radio occidentales captées à Kinshasa, après 8 années passées en RD Congo, Mme Sawyer n’en avait pas encore fini d’en découdre avec les auteurs des atteintes aux droits de l’homme qu’elle était venue « promouvoir », principalement, les autorités de rd congolaises, ses cibles permanentes préférées. Lambert Mende, le Ministre de la Communication ayant indiqué au nom du gouvernement que l’administration congolaise n’avait pas à donner quelque justification que ce soit à sa décision et que le département d’Etat américain sollicitait très diplomatiquement une « réévaluation » du dossier de Ida Sawyer, détentrice d’un passeport US, HRW son organisation s’est empressée de dénoncer le non renouvellement du visa d’Ida Sawyer par la Rdc comme une atteinte aux droits de l’homme de plus. C’est « un moyen effronté (sic !) d’étouffer la voix de tous ceux qui dénoncent la répression et les exactions en République Démocratique du Congo », écrira sans mettre des gants Ken Roth, le N°1 de l’organisation. Une rhétorique méprisante qui n’augure rien de bon pour la suite d’éventuels négociations entre l’organisation et les autorités congolaises.
Ida Sawyer a contribué à la rédaction d’un nombre impressionnant de rapports alarmants, faisant état notamment de pressions que subiraient à longueur de journées les opposants au régime Kabila et la société civile, rapporte-t-on encore.
L’affaire Ida Sawyer met ainsi en lumière une certaine conception de la protection et de la promotion des droits humains pour le moins sélective, aux relents néocolonialistes, pour emprunter une expression proche de celle du ministre Lambert Mende Omalanga. En RD Congo, Mme Sawyer et HRW ont passé le plus clair de leur temps à dénoncer de présumés pressions sur les opposants, sans jamais dénoncer le moindre abus de ces mêmes opposants, même lorsqu’ils portaient gravement atteinte aux droits d’autrui (agents de police, membres de partis proches de la majorité) ou à l’ordre public. Ainsi, en janvier 2014, des manifestations publiques organisées par un groupe de l’opposition avaient dégénéré en pillages et destructions de biens privés, des boutiques chinoises notamment ; outre des civils, quelques éléments de la Police Nationale Congo trouvèrent la mort au cours de ces incidents, certains atteints par balles, donc par armes à feu. Sans que la toute puissante Ong britannique n’élève une quelconque protestation. Plus près de nous, en moins d’un trimestre, les autorités urbaines de Kinshasa ont interdit deux demandes de manifestation introduites par la majorité présidentielle sans que Mme Ida Sawyer ne sourcille.
Que dire des problèmes sécuritaires autrement plus sérieux pour les rd congolais qui se posent depuis plus d’un an au Nord Kivu ? Dans le territoire de Beni, des rebelles ougandais tuent quasi quotidiennement de paisibles citoyens, en ce compris des femmes et des enfants sans susciter outre mesure l’ire de HRW. Les seuls droits de l’homme dont se préoccupe l’Ong sont donc celles des groupes de l’opposition ou assimilés. Comme nombre d’Ong rd congolaises analogues, HRW avec Ida Sawyer n’aura été en définitive qu’une organisation anti-gouvernementale dont la contribution réelle au respect et à la promotion des droits de l’homme est questionnable. Elle se positionnait de ce fait dans une véritable situation de double emploi avec la myriade de groupes politiques et sociaux nationaux voués à la critique, objective ou non, des actions des pouvoirs publics, ce qui la rendait quelque peu inutile.
J.N.
Refus de Visa à Ida Sawyer