Kabeya Kamwanga, une bourgade de la province du Kasai Oriental située sur la route Mbujimayi-Kananga, jouit d’une certaine renommée du fait qu’il est le territoire d’origine officiel de l’opposant historique et lider maximo de l’UDPS, Etienne Tshisekedi. Qui, sied-il de le rappeler, a été 7 fois Premier ministre dans l’ancien Zaïre. Mais Kabeya Kamwanga est demeuré un grand village dont l’accès relève plutôt du parcours de combattant de nos jours. Auteur du Livre de la Jungle, Rudyard Kipling, soutenait que la civilisation, c’est d’abord la route. La terre natale de Tshitshi sera ramenée à la modernité avec une route fluviale débouchant sur un port moderne. L’administration Kabila s’y engage.
Nul doute Joseph Kabila a dû glaner quelques points au sein de l’opinion publique au Kasaï à la suite de l’annonce de la faisabilité du projet, le 2 août dernier à Mbuji-Mayi. Tout le Grand Kasaï qui tirera profit de ce projet en dépit de sa configuration actuelle, s’en est félicité, dont le Chef de division des Transports et Voies de communication du Kasaï oriental. Découpé en 5 provinces, l’espace kasaien demeure encore largement tributaire de l’aéroport de Bipemba de la ville de Mbuji-Mayi pour les affaires. «Cela représente beaucoup en termes de coût», fait remarquer le Chef de Division de Transport. Il arrive, par moments, que le Kasaï soit ravitaillé en produits pétroliers par avion à partir de Kinshasa. Avec tous les risques que cela comporte. Mais ça ne serait plus que du naguère d’ici là.
Après une étude nautique de 3 mois, la division provinciale des Transports et Voies de communication au Kasaï oriental a rendu, le 2 août 2016, un rapport satisfaisant sur la navigabilité de la rivière Lubi qui ouvre Kabeya Kamwanga sur le fleuve Congo via le Kasaï. La Coopération technique belge (CTB) s’est engagée pour les travaux du balisage de la rivière (longue de 134 Km sur 50 m) et n’attend plus que les données techniques et financières de la part des pouvoirs publics. Preuve que la menace du gel de l’aide au développement que brandit le Parlement belge, sur base des supputations et de procès d’intention contre Kinshasa, n’a guère porté d’écho. De ce fait, le commerce par voie fluviale entre Kinshasa et le Kasaï oriental ou le Sankuru ou encore le Grand Kasaï profond sera possible à moyen terme.
PADIR.
Par ailleurs, le gouvernement de la RDC s’était déjà engagé à réhabiliter, dans le cadre du PADIR, Projet d’appui au développement des infrastructures rurales, les quais d’accostage des vieux ports de Dekesse, de Pania Mutombo dans le territoire de Lusambo ainsi que celui de Ndomba, sur la rivière Lubi, dans le territoire de Kabeya Kamwanga, à califourchon entre les deux ex-provinces de Kasaï oriental et occidental.
Voilà qui devrait booster le développement socio-économique des provinces issues du démembrement des deux anciennes provinces enclavées du Kasaï, dont le Sankuru, le Kasaï, le Kasaï central, le Kasaï oriental. La réhabilitation des différents ports précités a, en effet, reçu le financement de la Banque africaine du développement. Mais le montant n’a pas encore été révélé par la Coordination nationale de l’unité de gestion du PADIR. Ladite Coordination est, en effet, placée sous la direction du ministère du Développement rural. Depuis le 10 juillet dernier, le PADIR a lancé des appels d’offres limités aux seules entreprises nationales portant, naturellement, sur l’exécution des travaux de modernisation des quais des ports des provinces du centre de la RDC. Lesquelles ne sont joignables que par voie aérienne depuis Kinshasa.
Tenter la voie routière relève plutôt du parcours du combattant. Le seul port, dans la région, demeuré à ce jour opérationnel est celui d’Ilebo. Propriété de la SNCC, ce port est plutôt tourné vers l’ex-Katanga et devenu un terminal à containers pour divers articles qui transitent par le corridor est-africain. Dans les prochains mois, de l’avis des experts, pour le Grand Kasaï, le soleil des affaires réapparaîtrait plutôt à l’Ouest : la voie fluviale s’avérant moins coûteuse, et fort lucrative en termes de temps. Après l’ITB Kokolo qui dessert l’axe Kinshasa-Kisangani, la SCTP ex-ONATRA tient à remettre à flots ses unités fluviales qui desservaient naguère le Kasaï.
Il y a encore quelques années, du temps du régime de Transition dit 1+4, un opérateur économique de Mbuji-Mayi, M. Kalambayi wa Nzevu, avait emmené une bonne cargaison de divers produits manufacturiers dans la capitale diamantifère depuis Kinshasa par voie fluviale. L’homme avait confié avoir fait de bonnes affaires. Mais l’apport de l’Etat n’avait pas suivi pour inciter d’autres opérateurs économiques à tenter l’aventure. Le balisage et le dragage des voies navigables relèvent bien souvent de l’exception que des obligations régaliennes de l’Etat. Mais la Coopération technique belge devrait, cette fois, venir à la rescousse de la Régie des voies fluviales, RVF, qui n’est plus que l’ombre de sa gloriole d’antan. Certes, la coopération belge, la Banque africaine du développement auront été d’un apport technique et financier conséquent pour la modernisation du vieux port de Kabeya Kamwanga. Mais il demeure que le projet d’ouvrir la terre natale de Tshisekedi au monde découle de la volonté du gouvernement…Pas si rancunier kabila.
Pold LEVI Maweja