Lambert Mende Omalanga, le porte-parole du gouvernement, est revenu, lundi 1er août 2016, sur le meeting de l’opposition tenu dimanche à Kinshasa. Pour le porte-parole du gouvernement, Kabila n’est pas Mobutu. Tshisekedi va faire perdre le temps au pays, tranche-t-il. Il répond également à Moïse Katumbi qui a affirmé avoir été empêché de rentrer au pays dans un entretien avec Yvon Muya de Cas-Info.
CAS-INFO : Moïse Katumbi affirme que son avion a été empêché d’atterrir à Kinshasa. Quelle est votre réaction ?
Lambert Mende : C’est quelqu’un qui est habitué à raconter des mensonges. Il y a quelques mois, il avait prétendu que son avion avait été empêché de venir de Lubumbashi pour atterrir à Kinshasa. Comme si Lubumbashi était un autre État et qu’il y a des choses qu’on ne pouvait pas lui faire à Lubumbashi, mais qu’on pouvait lui faire seulement à Kinshasa. Donc, nous n’avons aucune philosophie pouvant empêcher un congolais à revenir au Congo. Et s’agissant de monsieur Katumbi, la justice l’a condamné. Nous avons plutôt besoin à ce qu’il revienne pour accomplir sa peine. Donc au lieu de l’empêcher de venir, nous souhaiterions qu’il vienne. On ne voit pas pourquoi on peut empêcher son avion de venir atterrir à Kinshasa. Ça n’a aucun sens. Ça ne correspond vraiment à aucune logique.
Quels sont vos moyens de vérification ?
Je parle parce que je connais Katumbi. D’abord, il avait menti dans cette affaire de Lubumbashi vers Kinshasa. Il est tout à fait prévisible qu’il mente pour cet avion. Il prétend qu’il vient de l’Europe vers ici… Je n’ai aucun moyen de vérification parce que je ne suis pas le ministre des transports. Mais, à ce que je sache, on n’a pas interdit à un avion d’atterrir parce que monsieur Katumbi est à dedans.
À propos de sa condamnation, il parle d’instrumentalisation de la justice. Sur le fond du dossier est ce qu’il n’y a pas quand même un problème ?
Vous parlez avec un membre du gouvernement monsieur. Je ne suis pas de la justice. Il y a toujours plusieurs degrés de juridiction. Si la justice est instrumentalisée au niveau du tribunal de paix, il y a le tribunal de grande instance devant lequel un appel peut être introduit s’il n’y a rien. Alors, ne faisons pas comme si nous sommes au prétoire déjà. Comme si vous êtes avocat de Katumbi et moi le juge d’appel.
Il y a quand même les révélations de la juge Ramazani qui circulent partout. Vous devriez quand même avoir une réaction.
Non. Cette révélation est complètement forte du café. Parce que la juge qui aurait écrit cette lettre l’aurait adressée au ministre de la justice. Donc, si vous connaissez un peu le droit congolais, vous comprendriez que le ministre de la justice n’est pas le supérieur hiérarchique des juges. Il n’a qu’un droit d’injonction sur le parquet. Pas sur les juges. Il n’a aucun pouvoir sur les décisions de justice.
Si vraiment c’est un juriste congolais qui exerce les fonctions de juge écrit cette lettre et qu’il connaît le droit congolais, il l’aurait adressée au président du Conseil supérieur de la magistrature, c’est-à-dire au président de la cour constitutionnelle qui est l’employeur des juges. Et pas au ministre de la justice qui lui, n’est que l’autorité hiérarchique des magistrats du parquet. Donc c’est un faux qu’on a fabriqué par quelqu’un qui ne connaît pas le droit congolais. C’est facile de vérifier ça.
Si Moïse Katumbi rentre au pays, il sera arrêté ?
Il sera arrêté. Parce qu’il est condamné. C’est pour cela qu’il vous raconte des histoires.
« On a l’impression que Tshisekedi n’a pas évolué du tout »
Le dossier Moïse Katumbi, tout comme ceux des autres prisonniers politiques, fait partie des préalables au dialogue tel que l’ont rappelé les opposants dimanche. Votre réaction ?
Il (Katumbi, Ndlr) n’est pas prisonnier, à ma connaissance. Il est fugitif, plutôt…Nous avons fait un effort pour rencontrer toutes les préoccupations qui ont été exprimées par monsieur Tshisekedi. C’est lui qui est à la base de cette initiative pour un dialogue inclusif depuis quelques années. Nous avons rencontré les préoccupations concernant la médiation. Nous avons rencontré sa préoccupation concernant la co-médiation.
Le président de la république a signé une ordonnance pour une mesure de grâce pour ceux pour lesquels il pouvait signer. Il y a les cas des prisonniers pour lesquels on ne peut pas procéder à une libération. Ce sont des détenus qui ont été condamnés pour de faits de droit commun. Surtout les crimes de sang, les crimes de violence sexuelle. Selon notre droit, le président n’a pas le droit de pardonner à ces gens-là. Ils doivent faire leur peine. Ce n’est pas à Tshisekedi de venir écrire le droit ici. Donc je pense qu’avec ces pratiques-là, il va amener tous ceux qui le suivent à perdre leur temps comme il les a fait perdre le temps, comme il NOUS a fait perdre du temps avec la démocratisation sous Mobutu. Il a fait gagner à Mobutu 7 ans. N’eut été Laurent Désiré Kabila, Mobutu serait mort au pouvoir. Et donc, on a l’impression que ce monsieur n’a pas évolué du tout. C’est dommage.
Il dit que le 20 Décembre Joseph Kabila remet les clés du palais présidentiel
Oui, c’est comme Mobutu devait partir à une certaine date. Il a fait 7 ans après, hein ! Donc, parler c’est une chose. Faire c’est autre chose. Moi, j’engagerais les gens de l’UDPS de ramener leur patron à la raison. Toute raison gardée, il faut savoir ce qu’on a comme moyen de pression avant de pouvoir lancer des ultimatums ou de rouler les mécaniques. Il va faire perdre le temps au pays inutilement. Puisque ç’a déjà été fait. On a déjà entendu ce discours-là. Il n’est pas d’aujourd’hui.
C’est quoi votre scénario du 20 décembre. La population descend dans la rue, l’armée réagit ?
(Éclats de rires…) Vendredi, nous avons invité la population à venir pour soutenir le président Kabila et son programme de dialogue. Il y a eu plus de 200 mille personnes au stade Tata Raphaël, puisque le stade a refusé du monde qui débordait jusqu’au pont Kasavubu. Hier, Tshisekedi a appelé les gens pour aller écouter ses jérémiades. Il a eu 15 mille personnes. La roue tourne. C’est ce que j’ai à dire… la roue tourne. Hier n’est pas aujourd’hui. Aujourd’hui n’est pas demain. Kabila n’est pas Mobutu.
Propos recueillis par Y. MUYA