Vendredi 8 juillet 2016, notre confrère Le Soft a largué en exclusivité, «Ce qui fait courir Katumbi», un dossier bien ficelé, à l’identique de celui portait sur la désormais célèbre affaire de recrutement de mercenaires US. La dernière livraison du Soft porte, elle, sur le litige autour d’un immeuble de Lubumbashi, qui implique trois protagonistes : la famille d’un sujet grec du nom de Stoupis, Raphaël Katebe Katoto, le demi-frère de Moïse Katumbi, ainsi que Moïse Katumbi lui-même et ses deux enfants, Champion et Nissim. En deux mots comme en mille, il s’agit d’une sale affaire dans laquelle le dernier des gouverneurs du Katanga aurait pu, avec un peu de modestie, trouver une solution à l’amiable en 2014, bien avant la fameuse allégorie aux penalties et sa démission du Pprd en 2015. Il est vrai qu’à l’époque, l’homme pouvait faire valoir sa «toute-puissance» de premier citoyen de l’ex. province du Katanga. La litanie des affaires délictueuses dans lesquelles est mêlé de près ou de loin le chairman lushois incite nombre d’observateurs à se demander si la posture qui consiste à tout politiser sous prétexte de de «candidature à la présidentielle» ne trahit pas un aveu de culpabilité. En déployant une offensive médiatique certes, impressionnante, et en s’appuyant sur l’UDPS Etienne Tshisekedi, Moïse Katumbi – à l’instar d’autres opposants transfuges de la Majorité Présidentielle – ne réduit pas l’Udps à l’énorme machine à blanchir qu’elle est depuis la transition mobutiste des années ’90 …
Un fait semble révélateur à cet égard : tous les Kabilistes qui ont maille à pâtir avec la Justice pour des délits de droit commun rejoignent à la queue leu leu les rangs de l’opposition radicale et se convertissent, illico presto, en néo-tshisekedistes purs et durs ! Les derniers en date sont, notamment, Moïse Katumbi, Jean-Claude Muyambo et Tshibangu Kalala. La liste pourrait s’allonger… Mais cela n’est pas nouveau : les Kengo wa Dondo, Alexis Thambwe Mwamba, et autres barons de l’Union des Démocrates Indépendants (UDI) sous le Maréchal Mobutu avaient déjà emprunté les mêmes raccourcis nettoyeurs.
C’est qui est d’emblée gênant, c’est la «corruptibilité» de certains parrains et de certains médias de l’hémisphère Nord. Sous les tropiques, on les croyait ; perspicaces, désintéressés et suffisamment forts en investigations pour démêler le vrai du faux ; exemplaires en déontologie et en éthique pour faire triompher les règles d’or de la manifestation des vérités. Mais on les découvre participant eux aussi au blanchissage systématique.
Lorsqu’ils ne choisissent pas de se taire opportunément sur l’affairisme de tel ou tel autre bonze mêlé jusqu’au cou à l’exploitation minière quasi illicite au Katanga, ils mettent en exergue les indélicatesses des creuseurs artisanaux…chinois opérant dans les Uélé ou dans l’ex-Kivu, qui n’ont pas rapatrié le produit de leurs « négoces » en Europe Occidentale. Comme si le péché, dans le domaine minier et des ressources naturelles de la RD Congo, consiste davantage à exporter vers l’Asie qu’à priver le gouvernement de revenus dont il a cruellement besoin.
De ces médias dits mondiaux ou globaux, on ne sait plus trop s’ils obéissent à leurs «parrains» ou plutôt s’ils les inspirent, mais il reste que sur nombre de dossiers trop hâtivement politisés, ils oeuvrent au blanchiment des justiciables. Ils récupèrent et rentabilisent la politisation des actions judiciaires.
Au finish, les uns et les autres soutiennent les ex-Kabilistes dans la désacralisation de la justice rd congolaise. D’ailleurs, tout observateur averti l’aura remarqué : ces médias accordent plus facilement la parole aux avocats de la défense et presque jamais à ceux qui sont commis aux tâches de dire le droit.
Dans cette logique, le plaidoyer de tous les Pierrello d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest en faveur des opposants, poursuivis pour des délits de droit commun, est assimilable à une caution à l’arbitraire et à l’impunité. Des institutions judiciaires nationales, comme de la constitution dont elles tirent leur légitimité, ils se foutent comme de leur première communion. On ne peut pas prétendre défendre la constitution en pourfendant à longueur de journées les institutions chargées d’en rendre les prescrits effectifs sur le terrain.
« Jamais deux sans trois »…
Pourtant, ce que l’opinion congolaise attend des protagonistes internes et externes est simple : le courage, pour tout acteur politique ou tout activiste civil traduit en justice, de s’assumer devant l’organe de loi en répondant de l’infraction pour laquelle il est mis en procès et – le cas échéant – en portant plainte à charge du magistrat ou du juge coupable de forfaiture.
Malheureusement, on assiste de plus en plus à des chantages avérés lorsqu’on entend, par exemple, Moïse Katumbi, Gabriel Kyungu ou Charles Mwando promettre à un magistrat ou un juge le «retour de manivelle», une fois acquise l’alternance démocratique (lisez départ de Joseph Kabila et défaite de la Mp). Comme si l’alternance démocratique apportera dans sa suite une sorte d’alternance judiciaire qui changera l’énoncé des délits sanctionnables par la loi.
Résultat : sur des plateaux de télévision, dans les studios de radio ou les colonnes des tabloïds, les opposants poursuivis par la Justice congolaise promettent de saisir le moment venu la Justice «internationale», donc de disqualifier la justice nationale.
Ces actions de «blanchisserie» et de «chantage» se font malheureusement avec la caution de l’Udps. A Bruxelles-Genval, on s’en souvient, ce parti s’est ouvertement prononcé pour «L’arrêt et l’abandon des tracasseries fiscales, administratives, policières ainsi que de toute procédure judiciaire contre les membres de l’opposition et de la société civile», sans chercher à différencier les cas d’infraction avérés des cas d’infraction non avérés. La narration des faits, pour la nouvelle affaire Katumbi, présentée le 29 juin 2016 par le bâtonnier Cyprien Mbere Moba, vice-président du Collectif des avocats d’A. Stoupis, est d’une telle limpidité que si l’on s’en tenait à la loi, mais alors rien qu’à la loi, même Tshisekedi-le-docteur en droit déclarerait forfait et se désolidariserait de son nouveau mentor …
Or, l’Acte d’Engagement qui porte cette résolution a obtenu sa caution, donc celle de l’Udps et de l’Occident, si bien que l’on est en droit de se demander en quoi la plateforme «Rassemblement» reflète la plus petite «défense des valeurs de la République». Même en réduisant ces valeurs à une association momentanée d’acteurs politiques de l’opposition.
L’Histoire récente de ce pays enseigne et renseigne que la «blanchisserie» udépésienne avait fonctionné sous la Transition «1990-1997» sous le régime Mobutu, avant de récidiver à la faveur de Sun City II sous le couvert de l’Asd (Alliance pour la sauvegarde du dialogue inter-congolais) en prévision de la Transition «1+4».
Les deux fois, l’opération s’est déroulée au détriment de l’Udps, dont le leader court toujours derrière un hypothétique impérium depuis plus de 30 ans.
Croisons les doigts pour que ne se réalise pas la locution proverbiale «Jamais deux sans trois».
LE MAXIMUM AVEC Omer Nsongo die Lema