Depuis les premiers jours de l’indépendance, la classe politique congolaise a toujours été écartelée entre les leaders politiques qui entendent incarner les aspirations profondes du peuple à l’autodétermination et ceux qui, en mal d’onction populaire, coalisent avec les anciens colonisateurs pour s’emparer du pouvoir et l’exercer sous la dictée de leurs maîtres étrangers. Le premier courant politique est connu sous l’appellation « bloc des nationalistes lumumbistes », tandis que le second, qui se reconnait dans l’anti-lumumbisme et ne se sent obligé que par les diktats de « la communauté internationale », qu’il confond délibérément avec la communauté occidentale. Ce décor historique est important pour comprendre les enjeux du « conclave de Bruxelles » organisé récemment dans le très huppé château de Genval.
D’après les informations qui ont été livrées à l’opinion, l’octogénaire leader de l’UDPS aurait invité près d’une centaine d’activistes politiques de son obédience pour conférer sur le destin d’un Congo sans Joseph Kabila et ses compères lumumbistes. Pourtant, on n’a pas besoin d’être initié pour savoir que le vieux leader ne saurait disposer des ressources managériales, financières et administratives à même de lui permettre de concrétiser une telle gageure. Pour les besoins de la cause, certaines indiscrétions avaient fait état d’une rondelette somme de 4.500.000 euros mis à disposition par l’USAID et l’Union Européenne pour la réussite de cette grande messe. « In cauda venenum » disaient les latins. Traduction : « le venin se trouve dans la queue ». C’est finalement à la fin du conclave que l’on verra un peu plus claire sur la commandite de la grande messe du château de Genval.
Officiellement, les délégués du Conclave, tels des enfants commis à une tâche qui seraient tenus de rendre compte à leur papa, sont allés soumettre les conclusions de leurs conciliabules à la tutelle belge, au travers du vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, le libéral Didier Reynders. Tout est dit dans cette gestuelle indigne dont l’interprétation est claire comme de l’eau de roche : pour cette opposition-là, le temps serait venu pour la Belgique de rééditer l’exploit des lendemains de l’indépendance en confisquant par tous les moyens le pouvoir des mains de ceux à qui le peuple l’a confié. Ces néocolonisés ont toujours été convaincus que le Congo est demeuré une chasse gardée de la fameuse « communauté internationale » (occidentale) qui le gère grâce à la sous-traitance de la Belgique. En lieu et place du contrat social à passer avec le peuple souverain, ces acteurs politiques congolais laquais du néocolonialisme préfèrent des pactes occultes avec leurs commanditaires étrangers. Pour les nostalgiques jusqu’auboutistes libéraux belges comme Louis Michel ou Didier Reynders, avec le conclave de Bruxelles, la Belgique serait entrain de reconquérir ses « droits » sur la RDC que Lumumba, puis les Kabila, père et fils, arcboutés sur le nationalisme, les auront empêchés d’exercer depuis près de vingt ans.
Ce qui a le plus choqué la plupart d’observateurs, c’est le triomphalisme béat de certains conspirateurs qui plastronnent sur les médias sociaux, sans comprendre qu’ils ne font qu’exécuter un script conçu par les mêmes officines qui ont toujours bafoué la souveraineté du peuple congolais depuis 1885. A la faveur du conclave de Bruxelles, ils viennent une fois de plus de confirmer leur filiation idéologique à la nébuleuse néocolonialiste. Selon des sources dignes de foi au sein des médias belges, le scénario ne visait qu’à se servir de l’aura d’Etienne Tshisekedi, leader de l’Udps, afin de placer la nouvelle pègre néolibérale congolaise sous les bottes d’une sorte de nouveau « régent ».
Les Ndona Béatrice Kimpa Vita, Simon Kimbangu, Patrice Emery Lumumba, Pierre Mulele et autres Laurent Désiré Kabila se retourneraient dans leurs tombes si, hormis les quelques traîtres qui se sont précipités au conclave de Bruxelles, il n’y avait pas d’autres dignes Congolais conscients des droits inaliénables de leur peuple. Le temps est révolu où les dirigeants du pays de Lumumba étaient désignés par la métropole belge. Toute personne désireuse d’occuper une parcelle d’autorité en RDC ne doit que se tourner vers le souverain primaire à travers le processus électoral que la CENI s’emploie à rendre plus transparent, plus libre, plus apaisé et donc plus crédible. Dans cette perspective, les nationalistes lumumbistes kabilistes devraient à leur tour faire chorus pour s’opposer à cette énième tentative de bradage de notre souveraineté nationale.
LITE ASEBEA
Correspondance particulière