L’histoire bégaierait-elle ? On se croit revenu aux années ’60, lorsque se cherchant des modèles auprès du pouvoir colonial de l’époque, des cadres congolais se rendaient à Bruxelles pour rédiger le premier texte fondamental qui régira les premières années du Congo indépendant. Carrément boudée au départ, la convocation des acteurs politiques de l’opposition à une sorte de conclave autour de leader de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, en soins médicaux à Bruxelles, semblait prendre forme à la fin de la semaine dernière. Et susciter quelques espoirs parmi les sympathisants de cette frange de la classe politique de la RD Congo de pouvoir jouer un rôle dans la transition qui se profile à l’horizon.
Après y avoir opposé un refus à peine nuancé, la Dynamique de l’opposition a fini par accepter d’y déléguer certains de ses membres, selon un communiqué signé de son porte-parole, l’ancien mobutiste Patrick Mayombe. Le Rassemblement pour l’Alternance de Delly Sessanga, qui venait de faire allégeance à l’ex. Gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, a aussi rendu public un communiqué assurant la participation de la nouvelle plate-forme au conclave de Bruxelles.
Une bonne partie de l’opposition politique rd congolaise devrait donc se retrouver autour du vieil opposant à partir de mardi 7 juin pour débattre de la suite à donner au processus électoral en cours et à la fin du second mandat du Président de la République en place. En plus d’une délégation du G7, Moïse Katumbi Chapwe, qui s’est déjà déclaré candidat à la prochaine présidentielle, est aussi annoncé à Bruxelles. Ainsi un ou des représentants du député Diomi Ndongala Nzomambu, le président de la Démocratie Chrétienne qui purge à Kinshasa une peine de prison pour viol sur mineures.
Tout ne devrait cependant pas être rose au cours de ce conclave de Bruxelles où la question du leadership de l’opposition pourrait à nouveau diviser. Déjà, Vital Kamerhe de l’UNC, que l’on sait également candidat à la présidentielle comme en 2011, semble avoir décliné l’offre du Vieux, alors que le N°2 de son parti, Bertrand Ewanga a décidé d’y participer « à titre individuel » selon le député kamerhiste Mayo Mambeke. Du rififi en perspectives dans les rangs anti kabilistes. Et même si Moïse Katumbi effectue le déplacement de Bruxelles, rien n’indique encore qu’il consente à troquer sa candidature contre celle de l’inamovible ‘lider maximo’ de l’UDPS.
A moins que les mentors occidentaux des uns et des autres ne pèsent de tout leur poids pour faire pencher les choix sur un seul des leaders en course. Des sources à Bruxelles renseignent en effet que derrière les opposants opèrent, entre autres, les libéraux belges. C’étaient déjà eux qui avaient porté leur choix sur l’ancien gouverneur du Katanga, après avoir brièvement caressé l’option Dr. Mukwege, jugé en fin de compte, trop peu expérimenté. « Ce sont bien les libéraux belges qui ont demander à leurs affidés locaux, comme Olivier Kamitatu et autres Charles Mwando Nsimba, de soutenir leur ami Moïse dans l’espoir de le voir rafler la mise au profit de leurs multiples intérêts miniers au Katanga », a révélé aux rédactions du Maximum un professeur de sciences politiques de l’Université de Lubumbashi.
La question de leadership réglée, il restera celle de la participation ou non au dialogue politique convoqué par le Chef de l’Etat Joseph Kabila. Dans les rangs de l’opposition, tous n’y sont pas favorables, à l’instar de la Dynamique qui a rappelé son refus de prendre part à ce forum, dans le communiqué rendu public samedi dernier. Ici aussi, il faut compter sur des pressions des « partenaires étrangers » pour vaincre les réticences. Comme ce communiqué des quatre partenaires de la RD Congo, l’UA, l’UE, les Nations-Unies et l’OIF, qui réaffirme la confiance au médiateur, Edem Kodjo, tout en prenant soin de lui adjoindre quelques représentants de la communauté internationale, tous issus d’organisations panafricaines. Le communiqué signé le 5 juin 2016 devrait rencontrer l’une des exigences de l’UDPS/Tshisekedi, qui conditionne sa participation au dialogue à cet élargissement de la facilitation.
J.N.