Sans surprise aucune, parce que l’opinion savait que l’ancien gouverneur de l’ex. Katanga était le vrai parrain du G7. Moïse Katumbi Chapwe a été désigné candidat à la présidentielle par les frondeurs de la Majorité présidentielle, le G7. Cela s’est passé rondement, comme une lettre à la poste, mardi 30 mars 2016, au terme de ce qu’on peut considérer comme un simulacre de conclave, à Kinshasa. Les 7 partis politiques qui avaient quitté la famille politique de Joseph Kabila il y a quelques mois s’étant contenté de réunir quelques caciques de leurs partis politiques et les porte-voix de la plate-forme pour se prononcer au nom du peuple, ainsi que l’a soutenu Charles Mwando Nsimba, qui assume la présidence en exercice des nouveaux anti kabilistes.
Otes-toi de là
En rire ou en pleurer ? Les deux sans doute. Le principal cheval de bataille du G7 est, on le sait, l’alternance politique d’ici la fin du second mandat de Joseph Kabila à la tête du pays, en décembre prochain. Ces hommes de paille grassement rétribués par Moïse Katumbi, selon des sources dignes de foi, crient sur tous les toits du monde leur légalisme, qui consiste (et se limite) à revendiquer le respect de la partie de la loi fondamentale relative au renouvellement de l’animateur de l’institution Président de la République, qu’ils estiment avoir « fait son temps ». Curieusement, la plupart des tenants de cette thèse sont eux-mêmes des vieux briscards qui essuient les plâtres de l’arène politique en RD Congo depuis avant même la naissance de Joseph Kabila, leur bête noire. C’est le cas d’un Charles Mwando Nsimba. Venu en politique dans les valises de Moïse Tshombe (tiens ! un autre Moïse !) dans les années ’60, le président en exercice du G7 n’a pratiquement pas quitté la scène politique depuis plus d’un demi-siècle. Il peut donc paraître loufoque que ce soit cet homme-là qui embouche les trompettes de la limitation des mandats pour prétendre au caractère prétendument inacceptable de voir un quadragénaire comme Joseph Kabila rester au pouvoir plus de 15 ans.
Le roi et ses vassaux
A défaut de trouver hilarante la scène qui se déroule sous nos yeux, on ne peut ne pas sourire de l’accueil que le G7 a réservé le 8 mars dernier à Moïse Katumbi au siège de l’Unafec à Lubumbashi. Les images qui ont immortalisé l’événement qui a eu lieu quelques semaines seulement avant le soi-disant congrès ouvert lundi dernier à Kinshasa sont éloquentes : on voit l’ancien gouverneur du Katanga, réputé pour ses juteux dons en argent assis sur une sorte de trône, écoutant les sociétaires du G7 assis sur des sièges simples autour de lui. Un roi avec sa cour de vassaux dégoulinant de complaisance.
Devant la presse, Olivier Kamitatu s’en est vanté sans rire : « C’est le G7 qui recevait Moïse Katumbi et ce visiteur prestigieux a droit à une meilleure chaise, une chaise spéciale », a déclaré à l’AFP l’ancien ministre du Plan qui a renoué depuis lors avec le train de vie somptuaire auquel il a toujours habitué ses proches.
Le prétexte constitutionnel
Dès qu’on tente de s’expliquer ce qui peut réellement motiver le choix des acteurs politiques qui avaient les faveurs de l’opinion jusqu’à il y a peu, les sourires se transforment en grimaces. Certes, à l’issue de la rencontre Katumbi-G7 à Lubumbashi le 8 mars 2016, l’ARC Olivier Kamitatu expliquait encore que le groupe a claqué les portes de la Majorité présidentielle par souci de respect de la constitution. Mais à Kinshasa en particulier et en RD Congo en général, peu font foi à la rengaine de « l’homme qui voulait devenir président de la République » (selon le titre éloquent d’un confrère paraissant à Kinshasa, qui n’a pas sa langue dans la poche). Comme ses compères frondeurs, l’ancien président de l’Assemblée Nationale croit avoir trouvé l’occasion de financer ses lubies sans commune mesure avec ses revenus. Point à la ligne. Pour le reste, c’est le « ôtes-toi de là que je m’y mette », habituel chez les acteurs politiques en RD Congo, qui est habillé de revendications prétendument fondées sur la recherche coûte que coûte du respect de la constitution.
Malédiction ?
Qu’autant d’acteurs politiques rd congolais (ils représentent la bagatelle de 7 partis politiques) portent un choix discutable voire, contestable, est de nature à faire pleurer. « C’est comme si une malédiction poursuivait notre pays », expliquait au Maximum un cadre de la DGDA Katanga, qui assure avoir « pratiqué » l’élu du G7. Plus maffieux que Moïse Katumbi on ne trouve guère, en fait. Le candidat des frondeurs à la prochaine présidentielle est, comme on le sait, de père juif italien, de mère et d’épouse plus ou moins zambiennes. Quoiqu’il ait été gouverneur d’une des provinces de la RD Congo, proposer une personnalité aux origines aussi extraverties pour diriger un pays continent que l’on sait extrêmement convoité de l’extérieur pour ses ressources naturelles semble suicidaire. Rien qu’à cet égard, le choix des barons du G7 paraît d’une légèreté incroyable en termes de stratégie politique.
Maffieux jusqu’à la moelle
Mais il y a pire. Revenu au pays au début des années ‘2000 aussi pauvre que le Job de la Sainte Bible (les révélations sont l’avocat d’affaire Claude Muyambo), Moïse Katumbi s’est bâti une fortune que l’on dit colossale par des moyens notoirement illégaux et illicites, voire mafieux. Ses premiers millions USD, il les a acquis en revendant sur le marché boursier des carrés miniers obtenus dans l’irrégularité la plus totale. Ce sont les nombreuses lettres ouvertes de Jean-Claude Muyambo qui le révèlent encore. L’homme que Olivier Kamitatu présente comme le sauveur du Katanga est, en réalité, un homme d’affaires sans foi ni lois, un « Tycoon » dépourvu de scrupules qui n’a pas hésité à user de son pouvoir politique pour monopoliser l’économie du Katanga à son seul profit. De la province cuprifère, ceux qui en reviennent assurent comprendre aujourd’hui comment Katumbi procédait pour imposer à la population les prix de la farine de maïs obtenu d’une Ong internationale aux Etats-Unis : il fermait la frontière avec la Zambie, créant ainsi la rareté et le monopole qui lui permettaient d’imposer ses prix. La frontière rouverte depuis son départ du gouvernorat de l’ex. Katanga, les prix de cette denrée alimentaire principale dans la région, affichent une tendance à la baisse perceptible, due à la concurrence, simplement.
Moise Katumbi ? Ce n’est rien moins que le candidat de la vente de la RD Congo et de ses ressources naturelles au plus offrant au sein de ce qu’il faut bien appeler la pègre internationale.
J.N.