“Il faut qu’il y ait un dialogue consensuel entre toutes les parties prenantes. Et j’ai encouragé le président à entreprendre un dialogue inclusif. Toutes les parties que j’ai rencontrées ont indiqué qu’elles souhaitaient participer à un dialogue inclusif. De toutes façons, il n’y a pas d’autre solution“.
Tenus au cours du point de presse du mercredi 24 février 2016, ces propos sont du secrétaire général de l’Onu qui venait de rencontrer le Chef de l’Etat au Palais de la Nation en milieu d’après-midi, quelques heures après la cérémonie d’ouverture de la première Conférence sur les Investissements du secteur privé dans les Grands Lacs. La phrase « j’ai encouragé le président à entreprendre un dialogue inclusif » remet les pendules à l’heure. C’est la confirmation du forum convoqué par Joseph Kabila conformément à l’Ordonnance n°15/084 du 28 novembre 2015 qui est établie, forum ayant d’ailleurs fait l’objet du communiqué du Quartet « Ua-Onu-Ue-Oif » du 16 février 2016…
Le doute n’est plus permis. A l’instar de celles qui attendent depuis une quinzaine de mois, les forces politiques et sociales qui ont espéré du séjour du secrétaire général des Nations Unies une «instruction» en rapport avec le dialogue sont avisées, de même que les forces opposées à ces assises.
Les unes et les autres ont, certes, le loisir de reprendre à leur compte le rappel fait aux Chefs d’Etat africains par Ban ki-moon en 2005 au sommet de l’Union africaine, à savoir «J’ai dit : s’il vous plaît, ne vous accrochez pas au pouvoir. Et écoutez ce que vous dit votre population. Ecoutez attentivement quelles sont leurs difficultés, leurs aspirations. Mais quand la fin de votre mandat constitutionnel arrive, s’il vous plaît, ne vous accrochez pas au pouvoir (…) », mais le message principal à l’étape de Kinshasa est le suivant : « J’ai eu la chance de rencontrer le président Kabila, les responsables du Parlement, des représentants de l’opposition et de la société civile. Je les appelle à s’engager de manière constructive dans un dialogue politique… ».
En d’autres mots : c’est au Dialogue qu’il va falloir régler la question électorale, quand bien même l’exhortation leur est faite «à travailler à un processus électoral inclusif et crédible dans le respect de la Constitution ».
Rien n’empêche plus la tenue des assises
Et que dit l’ordonnance du 28 novembre 2015 prouvant l’engagement du Chef de l’Etat à œuvrer en faveur de ces assises nationales ? La réponse est stipulée à l’article 5. « Le Dialogue porte principalement sur l’organisation d’un processus électoral apaisé, complet, inclusif, crédible et conforme aux standards internationaux et sur toutes les questions connexes au processus électoral », y lit-on.
S’agissant de la facilitation internationale parfois confondue avec la médiation internationale, l’article 4 répond à cette préoccupation première et principale de l’Udps. Il est formulé ainsi : « Sans préjudice d’autres dispositions à déterminer par le Règlement Intérieur, le Dialogue comprend un Bureau et une Plénière pouvant éclater en Commissions. Le Bureau est assisté d’un Facilitateur international ».
L’inclusivité, elle, est garantie dans l’intitulé et à l’article 2. Effectivement, l’ordonnance porte convocation d’un «dialogue politique national inclusif en République Démocratique du Congo». Le comité préparatoire, lui, est composé de « délégués de toutes les parties prenantes, à savoir, la Société civile, la Majorité Présidentielle et l’Opposition politique, placés sous la Co-modération d’un représentant de la Majorité et d’un représentant de l’Opposition politique ».
Alors que l’article 7 charge le Bureau de faire « parvenir les résolutions et recommandations du Dialogue au Président de la République qui les transmet, pour exécution, aux Institutions compétentes », l’article 8 institue, au terme du Dialogue « un Comité chargé du suivi de la mise en oeuvre des résolutions et recommandations du Dialogue comprenant les représentants de toutes les parties prenantes ».
Bien plus, l’ordonnance se réfère à la fois à la Résolution du Conseil de sécurité de l’Onu n°2089 du 28 mars 2013 et à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, portant la date du 24 février de la même année, et dont le point six de l’engagement pris par le Gouvernement congolais recommande à l’Exécutif national de « Promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation ».
Faut-il d’emblée souligner que cet accord a été signé pour la RDC par Joseph Kabila qui, selon l’article 69 de la Constitution, est le « garant », notamment, du «respect des traités et accords internationaux», à supposer que l’Accord-cadre soit considéré comme un instrument international.
Aussi, les griefs relatifs à la compétence de la personne chargée de convoquer le dialogue et de la personne chargée d’en assurer la médiation étant liquidés, et ceux relatifs à l’inclusivité des participants et de la détermination de l’ordre du jour ne se posant plus, plus rien n’empêche maintenant la tenue des assises.
Dégâts d’un lâchage à la Ponce Pilate
Evidemment, tout est question de dignité. Il est notoirement connu que les anti-Dialogue ont usé et abusé de la liberté d’expression pour tourner en dérision le forum qualifié de « dernière chance », dixit Etienne Tshisekedi. On se doit alors de craindre de leur part la résistance type «Kapwepwe», selon un conte diffusé sur les antennes de « La Voix du Zaïre » vers les années 1980, rappelé dans une chronique la veille des Concertations nationales en 2013.
Il s’agit, en fait, de l’adaptation du conte du sénégalais Birago Diop intitulé « L’os de Mor Lam », écrit en 1947, l’objectif de l’auteur étant de souligner la bêtise humaine résultant de l’égoïsme, de l’égocentrisme, du nombrilisme.
Les anti-Dialogue vont-ils, après les NON au Pape, le NON au Nonce Apostolique, le NON à la Cenco, le NON à Edem Kodjo, le NON à la Céni et dernièrement le NON au Quartet « Ua-Onu-Ue-Oif », oser dire NON aussi Ban ki-moon ? Ils sont libres de le faire, assurément, mais ce qui est certain, c’est que la communauté internationale, de laquelle ils sollicitent des pressions sur le Président Joseph Kabila en plus du financement et de la sécurisation des élections ainsi que de la certification des résultats, a des intérêts qui ne sont pas forcément ceux du peuple congolais.
On peut dès lors imaginer les dégâts que causerait un lâchage à la Ponce Pilate qui se justifierait en raison, cela va de soi, de l’obstination des forces politiques et sociales !
« Même la bonne décision est une mauvaise décision quand elle est prise trop tard ». Cette interpellation – qui nous concerne tous – est de l’américain Lee Iacocca.
LE MAXIMUM AVEC OMER NSONGO DL