Les calottes sacrées de l’église catholique remettent ça. Mardi 29 décembre 2015, ils se sont réunis au centre Caritas de la commune de la Gombe. Pour cogiter, en compagnie d’un certain nombre d’acteurs politiques de l’opposition, et semble-t-il, de la majorité, sur le dialogue national et sur le processus électoral. Renversant, pour le moins. Les calottes sacrées semblent verser dans le rétropédalage en revenant sur des sujets sur lesquels elles se sont déjà prononcées, moult incantations à l’appui de leurs sermons.
C’est tout de même connu, c’est la même église catholique qui, il y a peu, mobilisait tous les démons de la terre (et du ciel, sans doute), contre toute perspective de dialogue. Un programme de manifestations de rue dont le point d’orgue était fixé au 16 février prochain, était annoncé : ce jour-là, en mémoire de la marche des chrétiens tombés sous les balles de la dictature mobutiste il y a plus de 20 ans, toutes les âmes catholiques vivantes sont conviés à une marche pacifique dont les objectifs ne sont pas précisés, même s’ils sautent aux yeux de tous et de chacun. Les cathos empruntaient carrément les voies révolutionnaires (et humaines) de la recherche du salut sur terre. Sans l’ombre d’un doute.
Changement de ton depuis hier, cependant. Les calottes sacrées ont décidé de reparler du dialogue et rappelé qu’ils lui reconnaissent, de nouveau, toutes les vertus constructives possibles. D’où, ces échanges avec le personnel politique national et les animateurs de la société civile, inviter à s’exprimer. C’est pour les écouter, que les cathos ont convié les politiques à Caritas, à en croire les propos du secrétaire général de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, l’abbé Santedi, chez nos confrères de Top Congo FM. Le révérend en a profité pour rappeler que la position de ses patrons sur le dialogue. Elle est restée constante, assure-t-il, parce c’est la voie royale pour arranger les problèmes.
A la seule différence que hier, ce n’est pas Joseph Kabila, le Président de la République, qui était aux manettes. Ce sont les évêques qui entendent, selon Santedi, écouter les arguments des uns et des autres et dégager des obstacles éventuellement à lever afin d’amener les uns et les autres à se parler, et décider des problèmes qu’ils peuvent entrevoir dans le seul intérêt de la Nation.
Caritas, ce sont donc les préliminaires ou substitut du vrai dialogue ? Les jours à venir le feront savoir. D’ici là, Vital Kamehre de l’UNC, convié aux cogitations cléricales du centre Caritas, tweetait mardi soir que les échanges s’étaient avérés fructueux (en quelque sorte). Wait and see.
Didier Okende Wetshi
Dialogue : les évêques font danser le tango
