Les pluies qui ne cessent de tomber depuis plus d’une semaine dans la région de Kinshasa font d’énormes dégâts humains et matériels, particulièrement dans le district de la Funa. Le quartier Kingabwa est pratiquement transformé en ilot envahi par les eaux de la N’djili et de la Ngwele. Pourtant, ici, près de 375 millions de FC ont été prévus dans le budget 2015 pour l’érection d’une digue, précisément à Ndanu.
Les travaux de construction de la digue peinent à commencer à près de 20 jours de la fin de l’exercice 2015. Déjà en 2014, 600 millions de FC avaient été inscrits dans le budget mais hélas, pour aucune réalisation. En 2014, il était également prévu que l’Office des voiries et drainages, (OVD), entreprenne la lutte antiérosive autour de l’Université de Kinshasa pour plus de 2, 2 milliards de francs (exactement 2 276 599 000). L’OVD devrait aussi s’appliquer à maîtriser les têtes d’érosion de Bolikango et de Manenga (faubourg Ouest de Kinshasa) pour respectivement quelque 6,7 milliards de francs et 5,6 milliards de francs en 2013. Cet établissement public n’a rien réussi, alors que sur terrain, des têtes érosions précipitées se font plus que jamais menaçantes à la suite des dernières pluies tombées sur la capitale. L’OVD a plutôt entrepris de curer les caniveaux qui serpentent les grandes artères de la capitale. Avis d’experts, sans ces curages, c’est toute la capitale, y compris le centre des affaires, qui serait sous les eaux.
Le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Fridolin Kasweshi, annonce pour 2016, durant la saison sèche, le lancement des travaux de réhabilitation de la voirie de Kinshasa dans le cadre du programme sino-congolais. Le gouvernement attend, dans l’entre-temps, un double prêt de 8 millions de dollars. «Mais en attendant et face à l’urgence, a confié Fridolin Kasweshi, une concertation a été faite avec l’exécutif provincial de Kinshasa pour atténuer tant soit peu la situation par des interventions sélectives sur des points chauds».
La voirie de la capitale totalise un linéaire de 3 364 Km dont 679 Km asphaltés, soit plus de 40 % de l’ensemble de 7.433Km de voiries urbaines de l’ensemble du territoire national. Le gouvernement central dispose actuellement, pour la ville de Kinshasa, de plusieurs études sur les voiries, dont celles du projet portant sur 22 artères d’une longueur totale de 66 Km de voiries urbaines et 3 sites d’érosion sous financement de la Banque arabe de développement économique pour l’Afrique (BADEA), a fait comprendre le ministre des Infrastructures et Travaux publics aux députés à la suite d’une question orale sans débat posée, le 2 décembre 2015, par l’honorable Néron Mbungu.
Cinq de 22 artères étudiées [Croix rouge (commune de Kinshasa), Bianda (Mont-Ngafula), Biangala (Lemba), Kimwenza (Kalamu) et Kisenso (Kisenso)] qui représentent un linéaire total de 12,36 Km ont été sélectionnés pour les travaux de bitumage avec un budget évalué à 18 millions de dollars répartis à hauteur de 8 millions de dollars pour la Banque arabe de développement économique, 8 millions de dollars pour l’OFID et 2 millions pour le gouvernement, a révélé Fridolin Kasweshi. « A ce jour, les accords de prêt de 8 millions de dollars avec respectivement la BADEA et l’OFID ont déjà été signés et ont déjà eu l’approbation de deux chambres du parlement et ratifiés par les ordonnances –loi n°14/009 et 14/010 du 10 juin 2014 du président de la République. Le processus devant permettre l’exécution de ce projet prévu sur 24 mois est en cours», a poursuivi le ministre des Infrastructures et Travaux publics. Voilà l’Etat contraint de solliciter des crédits dont Kasweshi n’a pas pu avancer le moindre chiffre quant au taux de remboursement, alors qu’en 2013, une enveloppe de plus de 15 milliards de Fc, nettement 15.809.521.950 FC, soit un peu plus de 15 millions de dollars, avait été allouée à la voirie de Kinshasa. De bonne foi, le Chef de l’Etat en fit part aux élus de Kinshasa lors d’une rencontre politique. L’affaire fit polémique, le Gouv Kimbuta éclaboussée. Selon Fridolin Kasweshi, cet argent constitue les crédits les plus élevés que l’Etat a alloués à la voirie urbaine de Kinshasa ces 3 dernières années. Ces fonds devraient notamment servir à la réhabilitation de l’avenue Elengesa qui a été reprise dans un programme de plus de 3 milliards de francs. Elengesa est pratiquement un boulevard de plus d’une dizaine de Km qui relie les communes populeuses de Ngiri-Ngiri, Makala, Bumbu…Selembao. Hélas, rien n’est venu.
Autre artère, l’avenue de la Paix. Mais voilà 12 ans que sa construction est chaque fois annoncée. Les travaux commencent, puis s’arrêtent brusquement après quelques mois. L’avenue de la Paix est longue de 14,5Km et fait partie des principales artères de la voirie de Kinshasa non encore revêtues. Déjà en 2003, le Trésor public avait débloqué des fonds pour la modernisation de cette voirie dont les travaux étaient confiés à l’entreprise MW Afritec. Mais les travaux ont été arrêtés faute de fonds pour procéder aux expropriations préalables des terrains sur l’emprise de la voie occupée par des populations riveraines. Selon Kasweshi, MW Afritec avait reçu l’ordre d’effectuer les travaux de toute urgence sur By-Pass en utilisant les fonds encore disponibles qu’elle détenait du projet de l’avenue de la Paix. Mais revoici By-Pass de nouveau impraticable singulièrement dans sa section située entre le rond-point Salongo, le rond-point Ngaba et le Triangle Cité verte de 13, 7 Km. By-Pass a été construite en 1981. Depuis, elle s’est fortement dégradée. Un projet a été élaboré en 2011 en vue de sa réhabilitation et modernisation en une chaussée de 2×2 bandes pour un montant de quelque 40 millions de dollars. Cependant, sans frais pour des expropriations et autres frais connexes relatifs aux délocalisations des concessionnaires. Il s’agit entre autres des tuyaux de la REGIDESO, des câbles de la SNEL. Mais le projet ne sera jamais aligné dans le budget de l’Etat de ces trois dernières années. Actuellement, il est envisagé de faire prendre en charge le projet de réhabilitation de By-pass sur la concession de la route Kinshasa-Matadi, déjà existante, en veillant à la prorogation du délai de la concession et à la réduction de certaines charges relatives aux actions prévues sur le segment Kinshasa-Matadi. Un contrat de concession de 11 ans a, en effet, été signé en 2008 entre d’une part, le gouvernement et la firme chinoise CREC-7 à travers sa filiale SOPECE pour la gestion du péage sur la route nationale n°1 Kinshasa-Matadi. Les recettes de péage sur ce tronçon sont passées depuis début 2015 à 3,5 millions de dollars par mois. Et en retour, les Chinois se sont engagés notamment à entretenir régulièrement la route Kinshasa/Matadi. Un poste de péage pourrait voir le jour sur By-pass. Kasweshi ne l’a pas encore confirmé. Pour le ministre de l’ITP, l’habitat urbain et rural, la voirie et les équipements collectifs provinciaux et locaux relèvent respectivement de la compétence exclusive des provinces et des entités territoriales décentralisées, selon la constitution. Toutefois, le gouvernement pourrait soutenir le SOSAK, Schéma d’orientation stratégique pour l’agglomération de Kinshasa. Ce projet pensé par l’Hôtel de ville de Kinshasa (administration Kimbuta) exige quelque 5 milliards de dollars pour l’élaboration d’un plan d’aménagement de la ville de Kinshasa jusqu’en 2030.
POLD LEVI
INNONDATIONS NDANU LIMETE: Les 975 millions de FC prévus pour la construction d’une digue font polémique
