Les actes posés ces derniers mois par le leader autoproclamé de l’UDPS/Limete, Félix Tshilombo Tshisekedi, démontrent à n’en pas douter que les élections sont son dernier souci. Hier encore chantre tonitruant de la publication du calendrier électoral, le secrétaire national de l’UDPS en charge des relations extérieures refuse aujourd’hui tout compromis, rejette le chronogramme finalement rendu public et campe dans la posture du refus systématique de toute idée de voir quelque scrutin que ce soit organisé en RD Congo dans un avenir prévisible.
L’homme remue ciel et terre pour que le processus électoral en cours se grippe. Alors que certains analystes croyaient le fils Tshisekedi sur les traces de son célèbre géniteur, connu de son vivant pour sa tendance à dire « non » à tout, d’autres appréhendent dans les prises de position radicales de Félix, les effets d’un double chantage subi par rapport à son avenir politique.
A l’UDPS/Limete, il aura fallu que les jeunes combattants du parti mettent la pression pour que finalement Jean Marc Kabund a Kabund, le sulfureux secrétaire général, convoque le congrès qui doit organiser la succession du sphinx mort à Bruxelles en février dernier, et bien entendu, investir le candidat de ce parti pour la prochaine présidentielle. Une pression rendue nécessaire par les atermoiements du tandem Kabund – Tshilombo, qui n’en voulait guère. Le parti de Limete est ainsi tiraillé, d’une part, par certains cadres du parti qui estiment que l’actuel SG est trop proche de l’ancien gouverneur de la défunte province du Katanga, Moïse Katumbi, et ne rêvent que de l’occasion propice pour le défenestrer. D’autre part, une frange au sein de l’aile dite radicale de « la fille aînée de l’opposition », soucieuse d’orthodoxie idéologique, tient à mettre un terme au mariage Félix Tshilombo-Moïse Katumbi, qui présente un peu trop les allures d’une alliance sous le régime de la communauté universelle des biens, par la désignation de l’héritier Tshisekedi candidat de l’UDPS à la prochaine présidentielle. C’est le seul moyen de mettre un terme à la véritable « domestication politique » de Tshilombo par Katumbi, selon les mots d’un fondateur du parti.
Il échappe à peu de personnes que le fils du sphinx, se retrouve à ce jour livré pieds et poings liés à la machine de Katumbi qui, depuis 2016, n’a cessé de verser des sommes d’argent colossales d’argent à la famille Tshisekedi en vue de concrétiser le plan qui consiste à fourguer la direction d’une période de transition à instaurer ou à la primature aux Tshisekedi, comme on mettrait un bifteck dans la bouche d’un enfant pour le faire taire, et ainsi laisser la voie libre à l’ancien gouverneur ambitieux vers le ‘top job’, la présidence de la République. C’est dans le cadre de la mise en oeuvre de cette stratégie que feu le président de l’UDPS,, Etienne Tshisekedi, avait quitté son lit d’hôpital à Uccle en Belgique pour venir malgré les conseils de ses médecins déverser dans les rues de la capitale congolaise des centaines de jeunes casseurs dans l’espoir de rééditer le « printemps Burkinabè » en RDC en 2016.
Naïf, Félix ignorait que Moïse Katumbi, l’ancien marchand de poissons, notait et documentait toutes les transactions passées avec ses partenaires. A tel enseigne qu’aujourd’hui, il dispose de suffisamment de preuves pour doucher toute velléité de Félix Tshilombo de convoiter et de se prononcer pour la conquête du prestigieux maroquin. Un acte de candidature de l’héritier de Tshisekedi pousserait l’ex gouverneur à dévoiler le pot-aux-roses. En publiant les preuves de la machine à sous dont sa famille nucléaire et lui-même ont bénéficié à satiété. Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle : ce sont les dollars de Katumbi qui ont soutenu, et soutiennent les lignes d’actions de l’UDPS/Limete et permettent à Tshilombo de mener un train de vie princier sans emploi ni rémunération.
Voilà donc Félix entre l’enclume et le marteau. Au niveau de la base de l’UDPS/Limete, nul n’ose envisager un seul instant que les années de lutte politique du défunt sphinx de Limete soient couronnées par l’intronisation d’un intrus, d’abord. Ensuite, il y a ce diable de MKC qui est tout sauf un enfant de chœur et garde un oeil vigilent sur Félix via ses bonzes du Rassemblement/Limete, n’attendant qu’un faux pas pour lui faire un sort via à la noria des médias « globaux » à sa solde. Tshilombo Tshisekedi serait donc cuit et c’est ce qui explique pourquoi il ne veut pas entendre parler d’élections, du moins pas dans 306 jours tels que comptabilisés par la CENI, puisqu’il n’a pas encore trouvé de plan B à ce dilemme. En bon émule de son géniteur, l’homme s’est résolu de tout rejeter espérant qu’un nouveau round de négociation assortie d’une « période de transition » lui fournirait le temps, et l’opportunité de se débarrasser de son encombrant bienfaiteur, devoir d’ingratitude oblige… Sa stratégie consiste à gagner du temps en attendant ces perspectives plus ouvertes. Il faut rejeter systématiquement le calendrier électoral publié par la CENI, dans l’espoir puéril de profiter de l’immense popularité dont jouissait son défunt père qui soulevait des bandes de fanatiques d’un simple claquement des doigts. En vain jusque-là. De guerre lasse, il a ensuite parié sur le carnet d’adresse du disparu pour sillonner les capitales d’Afrique et du monde. On l’a vu à Brazzaville, à Prétoria, à Conakry, et surtout à Bruxelles et Paris en quête d’appuis pour ses lubies autour de la fameuse « transition sans Kabila » qu’aucun membre de la communauté internationale n’a accepté d’adouber.
Assumant le service après vente pour le compte de Katumbi, certains cadres du Rassemblement de l’opposition radicale gardent un œil vigilant sur le pauvre Félix, donnant des fois l’impression de fauves à l’affût d’un gibier pris dans les filets mais continuant à ruer sur les brancards dans l’espoir de s’échapper. Une véritable impression de chasse à courre que Tshilombo a dû vivement ressentir lors de son dernier séjour à Lubumbashi, dans la province du Haut Katanga. Le jour de son arrivée, après un accueil semble-t-il chaleureux par l’inénarrable Gabriel Kyungu wa Kumwanza, Félix, annoncé comme « guest of honor » à l’anniversaire du tristement célèbre bourreau de ses frères Kasaïens le lendemain, déclina carrément l’invitation. Il craignait, selon toute vraisemblance, d’être empoisonné par celui qui ne jure que sur Moïse. Prétexte trouvé : à une heure de la cérémonie, une algarade provoquée de toutes pièces avec des agents de la police commis à sa garde auxquels il avait refusé qu’ils l’escortent car les trouvant soudainement « menaçants » pour sa sécurité. Une dispute avec les responsables chargés de sa protection le poussera à simuler une vive colère, entraînant des voies de fait sur un haut gradé des forces de sécurité locales venu aux nouvelles. L’escarmouche est passée pour une « agression des forces de l’ordre contre un cadre d’un parti de l’opposition », permettant à Tshilombo de faire coup double : échapper à la fête de Kyungu et se parer l’auréole de « martyr de la dictature kabiliste ».
Rien de nouveau sous les tropiques de Limete…
KASONGO OROA