La Générale des carrières et des mines, Gécamines (GCM) SA, a fait, début novembre 2018, un prêt de 50 millions USD à l’Etat, son unique actionnaire. Voilà qui prouve à suffisance que l’entreprise « publique » se porte de mieux en mieux.
Il y a de quoi faire rêver à d’aucuns, les années 1970-1990, quand la contribution de la Gécamines était de l’ordre de 70 % dans la constitution du produit national brut et assurait la quasi-totalité des recettes en devises au budget de l’Etat. En 1986, la Gécamines a réalisé son record de production avec 476.000 tonnes de cuivre, 14.500 tonnes de cobalt et 64.000 tonnes de zinc lingots pour un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 1 milliard de dollars. Puis vint le déclin. En 2016, la Gécamines n’a produit que 10 444 t de cuivre et 39 t de cobalt quand ses partenaires ont atteint les 1 013 243 t. En 2017, l’entreprise d’Etat s’est limitée à 15 864 t de cuivre et 180 t de cobalt contre 1 078 773 t et 82 282 t de cobalt pour les entreprises en joint-venture. En 2018, jusqu’à fin septembre, selon le condensé statistique de la Banque centrale, la Gécamines en était à 13.208 t de cuivre et 255 t de cobalt , et la production des entreprises en partenariat se chiffrait à 8 95 487 t et 1 14 861 t pour les deux minerais.
Selon le plan de modernisation présenté en août 2016 par son président du conseil d’administration, Albert Yuma Mulimbi, la Gécamines mise sur un investissement de plus de 700 millions de dollars jusqu’à 2020 pour rénover ses installations.
Ils doivent déchanter ces prétendus experts occidentaux qui doutaient de la relance de l’entreprise du fait de ses installations obsolètes et de sa dette criarde de près de 1,5 milliard de dollars ou encore parce que la générale des carrières et des mines est dirigée par une personnalité politiquement exposée, son PCA soupçonné d’être un prête-nom du président dans plusieurs entreprises dont il préside le conseil d’administration, selon l’ancien banquier congolais devenu lanceur d’alerte, Jean-Jacques Lumumba. Pour la presse occidentale dont Le Monde, Albert Yuma constituerait en soi un handicap de quoi rendre délicate toute levée de capitaux. Que la Gécamines était condamnée à rester une sorte de holding bancale qui gère ses royalties comme elle peut », dit un puissant homme d’affaires katangais. Que l’image de marque de l’entreprise est éclaboussée par un chapelet des transactions sujettes à caution révélées par la très sérieuse ONG Global Witness. Il sied de rappeler, à titre exemplatif, le présumé transfert intervenu en 2015 de quelque 750 millions de dollars de redevances de la Gécamines vers une société établie aux îles Caïmans et détenue par un homme d’affaires israélien, Dan Gertler, selon Global Witness. Raisonnement par l’absurde, ces présomptions de détournements de fonds passeraient bien comme une preuve que la Gécamines s’est sortie de l’auberge des incertitudes dans laquelle l’avait entrainée le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du Portefeuille, Copirep, avec une mutation qui s’est avérée aussi cahoteuse qu’onéreuse.
POLD LEVI