Le report, et non l’interdiction, de la conférence de presse organisée
par l’Institut Français en l’honneur de la femme, pas du Médecin
directeur de l’hôpital de Panzi comme présenté au départ, était dû à la présence à Kinshasa de la Ministre française, Ségolène Royal, qui avait mobilisé la quasi-totalité du personnel en activité au sein de cet établissement.
Mais le silence de Denis Mukwege, le médecin de Panzi qui a construit sa célébrité sur les souffrances indicibles des femmes du Sud Kivu assaisonnées d’une bonne dose de « Congo Bashing » et de son mentor, le réalisateur belge
Thierry Michel, qui avaient accusé le Gouvernement d’être à la base de
cette situation, en dit long sur leur stratégie permanente consistant à instrumentaliser le drame des femmes congolaises violées à l’Est.
La non-tenue de la conférence de presse que devait tenir le Dr Denis Mukwege le 14 mars 2016 à l’Institut Français de Kinshasa n’était pas due à des pressions quelconques des autorités, comme l’avait laissé entendre le Médecin directeur de l’Hôpital de Panzi et son propagandiste Thierry Michel, le co-réalisateur du documentaire dédié à sa gloire. L’Institut Français a, en effet, fait savoir mercredi dernier qu’il n’avait subi aucune pression pour annuler cette conférence de presse qu’il devait abriter.
Selon une dépêche de l’Agence Congolaise de Presse (ACP), Philippe Larrieu, Directeur de l’Institut Français, a fait savoir que le report, et non l’interdiction de la conférence de presse et la projection du film du Dr Mukwege, était dû à un chevauchement d’agendas. En effet, cette manifestation coïncidait avec la visite de travail de Mme Ségolène Royal, Ministre française de l’Environnement, de l’énergie et de la Mer en charge des relations internationales sur le climat et présidente de la COP21. Cette visite avait mobilisé, non seulement l’ambassade de la France en RDC, mais aussi les cadres de l’Institut Français, ce qui les avait mis dans l’impossibilité de gérer les deux événements simultanément.
Ce n’était donc qu’un chevauchement d’agendas qui ont été départagés par des exigences protocolaires évidentes.
Dans la même dépêche de l’ACP, Philippe Larrieu a, par ailleurs, tenu à dissiper toute suspicion tendant à introduire des considérations politiciennes et diplomatiques dans cette affaire. «Je n’ai fait aucun parallèle entre l’expulsion de M. Thierry Michel et l’annulation de la conférence de presse du 14 mars dernier qui, du reste, n’a été qu’un report ». Et de préciser qu’«à aucun moment de la préparation de la visite du Dr Mukwege, je n’ai été en contact avec M. Thierry Michel ». La conférence organisée par l’Institut qu’il dirige rentrait dans le cadre des événements que ce dernier organisait en l’honneur des femmes en ce mois de mars, suivi d’un débat avec le Dr Denis Mukwege et le représentant de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), Sylvain Lumu. La présence de ces deux personnalités s’inscrivait dans le cadre des missions essentielles de l’Institut français de promouvoir des valeurs qui font la devise de la République française et plus généralement la promotion des droits de l’homme qui sont en l’occurrence, ceux de la femme, rapporte également l’ACP.
Pourquoi Mukwege et Michel ont-ils politisé un détail calendaire ?
Tout est bien qui finit bien, peut-on conclure sur cette question de détail de calendrier qui avait pris les allures d’une « affaire congolaise » de plus dans les médias avec les contours politiciens qui vont avec. On peut, à ce sujet et tout à fait légitimement, se demander pourquoi le Dr Denis Mukwege et Thierry Michel ont voulu embarquer l’opinion dans ce genre de dédales. Ils ont en effet délibérément cherché à allumer la mèche au sujet des autorités congolaises qui se seraient profilées derrière ce qui n’aura été que le report d’une conférence de presse qui, du reste, n’avait pas le seul médecin de Panzi comme invité et animateur, une conférence dédiée aux femmes martyres du Kivu en ce mois de la femme et dont le médecin, décidément imbu de lui-même, voulait se projeter comme le personnage central.
En effet, selon ce que l’on peut lire sur Radiookapi.net, Fidèle Mugaruka, un des invités à la conférence, a déclaré que le conférencier lui-même lui a fait savoir qu’il avait été « instruit (sans dire par qui) de ne pas quitter son hôtel ». Las d’attendre le conférencier, Mugaruka dit l’avoir rappelé pour en connaître la raison. C’est là que Denis Mukwege va se dévoiler en prétendant contre toute évidence et sans plus de précision, avoir été interdit de quitter sa chambre d’hôtel. « Moi aussi, on m’a dit de ne pas quitter l’hôtel où j‘étais pour [aller à] la conférence. Je cherche le motif. Dès que je l’aurai, je vous dirai », aurait déclaré le Dr Mukwege à son interlocuteur.
Livrant la même version des faits, le site internet du journal belge La Libre Belgique a publié une dépêche de l’agence PANA dans laquelle Thierry Michel avait confirmé l’interdiction de la conférence de presse du Dr Mukwege, attribuant l’ « annulation » de la conférence à l’Institut Français. « Le directeur n’a pas souhaité en donner les motifs, mais il est évident que cela fait suite à des pressions exercées par les autorités congolaises », a ajouté le cinéaste polémiste belge.
Selon Thierry Michel qui campe volontiers sur le rôle de redresseur des torts des dirigeants congolais, par cette « annulation » de la conférence de Mukwege, les “services” (gouvernementaux congolais) ont démontré qu’ils sont très agacés par les débats auxquels le médecin de Panzi, toujours fonctionnaire émargeant au budget du Ministère de la Santé de la RDC, a participé en Europe et, en particulier, par son intervention devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève sur la question des viols et massacres en RDC et de l’impunité dont bénéficient les “présumés” criminels, peut-on encore lire sur le site lalibre.be.
Silence de lalibre.be et de radiookapi.net qui en dit long…
Curieusement, depuis le cinglant démenti porté par l’Institut Français de Kinshasa à leurs affabulations dans cette affaire, ni Thierry Michel, ni le Dr Mukwege, et moins encore les médias qui ont relayé leurs versions, n’ont cru utile de revenir sur leurs accusations contre les autorités rd congolaises et ainsi rétablir la vérité. Il en va, d’ailleurs, de leur crédibilité. Cette attitude est plus que questionnable au plan éthique et professionnel de leur part. La presse n’est-elle plus soumise au devoir de vérité dès lors qu’il s’agit de la RDC ?
À l’évidence, le Dr. Denis Mukwege et Thierry Michel ont voulu faire une récupération politico-médiatique d’une manifestation qui était pourtant dédiée à la femme en ce mois qui lui est consacré dans le but de se positionner l’un et l’autre comme victimes et dénonciateurs des violations des droits de l’homme dans un pays qu’ils se sont entendus de présenter fallacieusement comme l’enfer sur terre. Ce n’est donc pas pour rien qu’un internaute assidu désigne le tonitruant Médecin directeur de l’hôpital de Panzi comme « un agitateur profiteur de la violence faites aux femmes dans son pays pour soutenir ses visées politiciennes et petites bourgeoises »…
Le Maximum et P. D. Mpoko