Les Lignes maritimes congolaises, LMC, ambitionnent de passer en mode multimodal. Après le transport maritime et routier encore timide et limité à quelques camions-citernes, l’ex-CMZ vise la voie ferrée.
L’OGEFREM (Office de Gestion du Fret Multimodal) a réussi cette mutation, voilà pratiquement 10 ans, mais se heurte toujours à un lobbying des opérateurs économiques de la FEC (patronat) qui s’active à ramener l’Office de gestion du fret multimodal à son objet social d’avant la réforme des entreprises du portefeuille, donc uniquement au fret maritime.
Instrument privilégié du commerce extérieur de l’Etat Congolais, les LMC ont la latitude de contracter des joint-ventures avec des partenaires privés. Mais pour l’instant, la compagnie maritime publique cherche à acquérir un navire en propre. A la suite de la hausse de la taxe du trafic maritime, le 7 août 2017, les Lignes maritimes taxent un container de 20 pieds (soit 28t environ) 40 dollars, celui de 40 pieds à 80 dollars, voiture et minibus à 20 dollars, engins lourds et de génie civile, 70 dollars l’unité, le mètre cube (m3) à deux dollars autant que le cargo général (sac de ciment, sac de riz, etc.,).
Hélas, l’objectif de se procurer un navire grâce aux recettes découlant de la nouvelle grille tarifaire semble chavirer, les Lignes Maritimes Congolaises continuent à louer, dans le cadre d’un partenariat avec le belge Marinvests, des navires au coût de 10.000 dollars le jour. Elles envisagent notamment de diversifier les lignes d’exploitation.
L’entreprise a dans son viseur l’Afrique du Sud, la côte ouest-africaine, le moyen et l’extrême Orient…le trafic méditerranéen. Mais à ce jour, les LMC n’assurent que la ligne régulière entre Anvers et Matadi, via Boma, Viana do Castelo et Caen ; et offrent à la clientèle les services de tramping, le conseil dans le domaine du transport maritime, la consignation maritime ainsi que le transit routier Boma – Matadi – Kinshasa.
Selon nos sources, la compagnie maritime nationale a perdu le juteux marché de transport des hydrocarbures faute de navire approprié. Toutefois, les LMC demeurent encore l’épine dorsale du commerce extérieur de la RD Congo comme par le passé. Et rêvent encore de leur gloire d’antan. L’exploitation maritime de la ligne Anvers/Matadi remonte à l’époque ou le Congo fut le patrimoine privé du Roi des Belges, lorsqu’il était encore l’Etat Indépendant du Congo, « EIC » reconnu par la conférence de Berlin, le 26 février 1885.
Les LMC sont nées de cendres de la Compagnie maritime congolaise, CMC, le 28 novembre 1946. La CMC était une filiale de la Compagnie Maritime Belge « CMB » qui y détenait 80% d’actions contre 20% pour le gouvernement général du Congo Belge. La CMC Sarl était soumise à la législation en vigueur au Congo Belge. Elle avait son siège social à Kinshasa alors Léopoldville et le siège administratif à Anvers (Antwerpen). Ses premiers navires furent les MV Kinshasa et le MV Kindu. Ils étaient gérés conjointement par l’AMI/Anvers avec ceux de la CMB, et desservaient les ports de Matadi, Boma, Dar es Salaam, Beira.
La CMC vendit ses deux premiers navires en 1951 pour les remplacer par deux autres, les MV Congo Moko en 1962 et le MV Congo Zole en 1968. A son accession à l’indépendance, la RD Congo estima qu’il fallait augmenter sa participation au capital de la CMC en privilégiant l’actionnariat privé congolais. Le 14 mars 1966, le président Mobutu prit l’ordonnance loi portant publication du code de Navigation Maritime. Les navires CMC furent autorisés à battre pavillon congolais et sa gestion fut confiée au conseil d’administration présidé par Gaston Diomi, qui délégua au groupe AMI CMB la gestion financière et technique des navires.
Le 21 juin 1966 avait été signé entre la RD Congo et la Compagnie maritime belge un protocole d’accord aux termes duquel la RD Congo acquérait une participation majoritaire dans le capital de la CMC. Le pavillon congolais était né avec Matadi comme port d’attache.
Le 18 juillet 1967, la CMC prit solennellement possession de sa flotte. Le MV P.E. Lumumba ex-MV Léopoldville, avec deux autres navires rebaptisés, à savoir, le MV Okito ex-Congo Moko et le MV Mpolo, anciennement Congo Zole. La CMC reçut mission d’affirmer sur les mers l’indépendance économique du pays. Elle devient l’instrument privilégié de son commerce extérieur. Le transport des produits lourds, pondéreux et onéreux lui fut confié.
Sans aucune modification à ses statuts, CMC dévient CMZ, Compagnie Maritime du Zaïre, à la suite du changement de nom du pays en 1971. Il en sera ainsi durant toute son existence.
De 1971 à 1975, la CMZ était devenue l’un des plus grands armements d’Afrique noire avec une flotte de dix navires parmi lesquels les MV Kasa Vubu-Cargo 11.700 t (port en lourd) en 1971, le MV Kananga Cargo- mixte 15.350 t et le MV Lumumba-Cargo 15.000t en 1973. Puis en 1974, MV Bandundu -Cargo 15.000t, le MV Kisangani -Cargo 15.000t, le MV Mbandaka -Cargo 15.000t, le MV Mbuji mayi-Cargo 15.000 t et le MV Bukavu -Cargo 15.000t.
En sus, la CMZ exploitait en commun avec la CMB, deux cargos de 16.000 tonnes (port en lourd) sur la ligne Anvers/Matadi. Le 2 décembre 1974, l’Etat décide de la dissolution de Compagnie Maritime du Zaïre, société d’économie mixte, et la création de la CMZ (Compagnie Maritime Zaïroise par la loi 74/026 du 02 décembre 1974), entreprise publique à capitaux entièrement zaïrois. En 1997, la Compagnie Maritime Zaïroise (CMZ) est rebaptisée C.M.D.C (Compagnie Maritime du Congo). Cette dénomination ne sera confirmée que, plus tard, par le décret N° 069/2002 du 24 juin 2002, suite au changement de nom du pays de la République du Zaïre en République démocratique du Congo. Par le décret n° 09/12 du 24 avril 2009, la C.M.D.C, est transformée en Lignes Maritimes Congolaises, le 12 septembre 2014, la L.M.C sarl est devenue SA, une société anonyme unipersonnelle avec Conseil d’administration au capital de 16.474.900.000 CDF, en application de l’acte Uniforme sur le droit commercial général de l’OHADA.
POLD LEVI.