L’Angola tient à ce que la liaison ferroviaire entre le réseau de la Société Nationale des Chemins de fer du Congo, SNCC, pour la RD Congo, et le Chemin de fer de Benguela, en Angola, soit effective, même à titre expérimental, avant fin 2017.
Le ministre angolais des Transports, Augusto da Silva Tomais, a remis en mains propres, le 14 novembre dernier, au Chef de l’Etat rd congolais, Joseph Kabila Kabange, une lettre de son homologue angolais, Joao Lourenço, relative à l’exploitation du chemin de fer de Benguela.
Augusto da Silva Tomais a obtenu de son homologue rd congolais, José Makila Sumanda, un contrat de partenariat pour la réhabilitation du réseau SNCC, partant de Lubumbashi à Dilolo. L’on croit savoir que Luanda serait prêt à financer les travaux y afférents d’autant plus que le ministre des Transports angolais a confié à son homologue de la RD Congo que l’Angola disposait d’une expertise avérée dans ce domaine.
Luanda veut visiblement aller plus vite et tient à imprimer son rythme à la RD Congo. Les ministres des Transports angolais et rd congolais ont, en effet, tenu en compagnie des experts des deux pays, une séance de travail en présence du directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Néhémie Mwilanya Wilondja, sur l’exploitation du Chemin de fer de Benguela. Mais pourquoi Luanda y tient tant ?
L’Angola est financièrement exsangue à la suite de la dégringolade des cours du pétrole ces trois dernières années. Le marché de Lufu passe à ce jour comme une source inespérée d’approvisionnement en devises du pays car, les rd congolais font généralement leurs transactions en dollars américains. Et voilà que le chemin de fer de Benguela (Caminho de ferro de Benguela) s’impose, en effet, tel un trait d’union entre l’océan Atlantique et l’océan Indien. Il a été rouvert en 2014, après des années de guerre civile grâce à des investissements chinois (2 milliards de dollars). Cette voie ferrée passe pour une route loxodromique autant pour les exportations des minerais du Haut Katanga que pour les importations des équipements et engins destinés à l’industrie minière. La production du cuivre en RD Congo va crescendo depuis le dernier trimestre 2016 à la suite de la reprise des activités de Kambove, Luisha Mining et KCC. Le pays est passé depuis deux ans premier producteur mondial du cobalt. L’objectif inavoué de Luanda est donc d’attirer le trafic minier vers « ses » rails dont le tracé et une partie de financement, apprend-on, sont venus du Congo-Belge.
La dernière fois qu’un lingot de cuivre est passé par la voie de Benguela remonte à 1981, renseigne-t-on à la Gécamines. Depuis, avec l’effondrement du trafic fleuve-rail assuré alors par l’ex-ONATRA, les minerais de la RD Congo sont exportés par route via l’Afrique du Sud.
POLD LEVI