La police congolaise a présenté mercredi dernier aux autorités du Kasaï Central un chef coutumier accusé d’avoir participé à la décapitation de l’épouse de l’Administrateur du Territoire de Luebo dans cette région troublée du centre de la République Démocratique du Congo. Sébastien Tshibuyi Kabata a été remis à la Haute cour militaire de Kananga, en présence de centaines de personnes, rapporte l’AFP. Le chef coutumier est accusé d’avoir personnellement décapité l’épouse de l’administrateur du territoire de Luebo dans le Kasaï et incendié le siège du diocèse catholique du même nom en mars 2017.
On rappelle que l’image de la décapitation de la jeune dame avait été largement partagée dans les réseaux sociaux, provoquant une réprobation générale en RDC et à travers le monde.
Les enquêteurs de la Police déployés au Kasaï Central accusent également Tshibuyi Kabata et sa milice d’avoir détruit plusieurs autres infrastructures dont le bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
« J’étais présent le 12 mars 2017 lorsque l’évêché de Luebo a été incendié. C’est le même jour que l’épouse de l’administrateur a été décapitée mais je n’avais pas donné l’ordre qu’on la décapite », s’est mollement défendu Sébastien Tshibuyi Kabata, reconnu par plusieurs témoins comme un des meneurs de l’assaut sur Luebo.
Des dizaines des femmes présentes à cette cérémonie scandaient en Tshiluba (langue locale) des slogans hostiles à Sébastien Tshibuyi : « assassin ! Pendez-le ! », criaient-elles.
« Le jour même de son arrestation, Tshibuyi Kabata était occupé à recruter des jeunes (…) pour de nouvelles attaques » contre les institutions locales, a accusé Joachim Likaka, administrateur du territoire de Demba au Kasaï-Central.
La région du Kasaï a basculé dans les violences depuis une année. Ces atrocités qui ont été perpétrées par plusieurs jeunes drogués, avaient fait des centaines de morts parmi les représentants locaux de l’Etat, de la CENI, de la Police et de l’Armée soldats. Elles ont débuté en septembre 2016, un mois après la mort de Jean-Prince Mpandi, prétendant au trône traditionnel de la chefferie de Kamwina Nsapu, tué dans une opération militaire après avoir levé une milice armée pour appuyer sa revendication.
J.N.