Alors que certains milieux politiques hostiles le disent partant d’ici septembre prochain, Bruno Tshibala Zenzhe se voit encore Premier ministre après 2018. Comme Augustin Matata, qui s’était confectionné un budget sur 5 ans (2012-2017), l’actuel locataire du 5, Avenue du Roi Baudouin, à Kinshasa/Gombe, navigue en fonction d’un budget triennal présenté comme un cadre budgétaire à moyen terme, CBMT 2017-2019.
Au ministère du Budget, l’on atteste que « le CBMT se fonde sur le programme d’action du gouvernement défini par le Premier ministre, Bruno Aubert Tshibala, lors de son investiture le 16 mai 2017». L’économie est fille d’ordre…politique, se défend-on.
Scénario et acteurs.
Le président de la CENI, Corneille Naanga, a, outre-méditerranée, déjà fixé l’opinion : il n’y aura pas d’élections à fin décembre 2017. Une lapalissade. Parce que cette évidence se savait pertinemment bien, particulièrement au Sénat, la chambre haute du parlement de la RD Congo. Comme pour la présidence de la République, le budget 2017 n’a pas prévu des indemnités de sortie pour Kengo et ses pairs mais uniquement pour le personnel d’appoint. Certes, plus de 76 milliards de FC ont été prévus à titre d’indemnités de sortie des députés nationaux, mais Minaku et ses 499 collègues franchiraient sans grandes anicroches la date butoir de février 2018, faute d’élections. L’UDPS Tshibala est donc assuré de disposer d’une majorité confortable avec des élus MP à qui il offre un renouvellement de véhicules avec une enveloppe de 500.000.000 FC. Et pas seulement. Avec un tel scénario, que vaudra encore l’Accord du 31 décembre (Saint Sylvestre) ? Avec un Premier ministre issu du Rassop…Kasa-Vubu, l’Accord serait respecté à quelques écueils près notamment la non-tenue des élections à la période convenue. Felix culpa ! Le péché d’Adam a le mérité de nous avoir donné le Christ, estiment certains Chrétiens.
Il reste que la RD Congo suffoque politiquement et financièrement du fait des pressions de l’Union européenne, de la Belgique, ancienne puissance coloniale… et du Sénat américain. Mais aussi financièrement, si bien que Tshibala n’y va pas par le dos de la cuillère : une part essentielle du budget de l’Etat provient des ressources extérieures. Le recours à l’emprunt extérieur suppose le renforcement de la coopération financière avec les partenaires traditionnels et non traditionnels ainsi que la conclusion d’un programme formel avec le Fonds monétaire international, FMI. Les recettes extérieures pour 2017 sont de 3.847,3 milliards de FC contre 1.110,5 milliards de FC en 2016, soit un taux d’accroissement de 246,4%. Ces recettes couvrent les appuis budgétaires de 6,1milliards de FC et les financements des investissements de 3.841,1 milliards de FC constituées. Il s’agit de dons projets de l’ordre de 1.951,3 milliards de FC provenant de principaux partenaires bi et multilatéraux, notamment la Banque Mondiale (463,5 milliards de FC), l’USAID (296,7 milliards de FC), la BAD (207,8 milliards de FC), le Royaume-Uni (197,4 milliards de FC), l’Union européenne (165,5 milliards de FC) et le PNUD (103,6 milliards de FC), les emprunts projets de 1.889,8 milliards de FC attendus essentiellement de la Chine (626,6 milliards de FC) et du partenariat financier assuré par Exim Bank of China (404,8 milliards de FC) et Afrexim Bank (644,2 milliards de FC). Par ailleurs 62% du budget de la Santé publique dépend de l’aide étrangère.
Tshibala en chiffres.
Le Cadre budgétaire à long terme décline, en pratique, les prévisions de l’ensemble des dépenses et recettes du pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées, du solde qui s’en dégage ainsi que de l’évolution de l’endettement sur trois ans, de 2017 à 2018. Le CBMT a non seulement permis de déterminer plafonds des dépenses et recettes des institutions, ministères et services publics pour l’exercice2017. Mais fait également office de Cadre des dépenses à moyen terme central, CDMT.
La RDC devrait, entre 2017 à 2019, connaître, selon le gouvernement Tshibala, un relèvement de sa croissance économique par rapport à son niveau de 2016. La croissance se situerait à 3,5% en 2017, 5,5% en 2018 et à 7,0% en 2019, soit une moyenne de 5,3% l’an.
Les niveaux de l’inflation projetée permettraient de stabiliser le cadre macro-économique dans la durée et de maitriser les anticipations inflationnistes. Ainsi, le taux d’inflation moyen ne dépasserait pas une moyenne de 8,8 % l’an. Il est également attendu sur la période une décélération du rythme de dépréciation de la monnaie nationale. Le taux de change moyen passerait, pour un dollar américain, de 1.452,25 Francs congolais en 2017, à 1.731,12 Francs congolais en 2018 et à 1.791,07 Francs congolais en 2019. La pression fiscale devrait augmenter au rythme de 1 point de pourcentage annuellement sur la période sous analyse. Avec un niveau de 13% en 2017, elle atteindrait 14% en 2018 et 15% en 2019.
ABIJA BENAJA