La RD Congo aura produit environ 8 millions de barils de pétrole en 2016, donc près de 1.9 million au dernier trimestre 2016, selon les statistiques de la BCC (Banque Centrale du Congo). Au cours de cette période, les pétroliers producteurs PERENCO REP, MIOC et consorts ont versé plus de 30 millions de dollars (nettement 31.003.577,39 dollars) au Trésor public, indique le ministre des Finances, Henri Yav Mulang, dans une note datée du 31 mars 2017.
Ces recettes correspondent, à quelques différences près, à celles de la période correspondante en 2015. Au dernier trimestre 2014, les hydrocarbures avaient rapporté plus de 67,6 millions de dollars. Alors que les recettes tirées de l’exploitation de l’or noir décroissent, la pollution attend des proportions on ne peut plus inquiétantes. Il y a quelques jours, le gouvernement de la RD Congo a ainsi résolu de recourir à la procédure de gré à gré pour recruter le bureau d’études Cleamag RDC Sarl pour mener un audit environnemental des activités pétrolières à Moanda, au Kongo Central.
Selon les experts du ministère de l’Environnement, Cleamag a encaissé 56.118.000 FC, environ 50.000 dollars, pour éclairer l’Etat sur la sempiternelle question de la pollution et de la destruction des écosystèmes dans la région de Moanda par l’entreprise pétrolière Perenco et ses affiliées. Le dernier audit réalisé sur le sujet remonte à trois ans, à l’initiative du Sénat. Mais il a abouti à une vive polémique. Dans son rapport publié vendredi 8 novembre 2013, le Sénat a, en effet, accusé la société pétrolière Perenco de polluer l’air, l’eau et la terre dans la cité de Muanda. La Chambre haute du Parlement a notamment déploré « l’irresponsabilité » du gouvernement face à la pollution de cette cité côtière et recommandé à l’Exécutif national «de prendre ses responsabilités » et d’obliger l’entreprise Perenco à répondre aux recommandations de la commission d’enquête.
Le Sénat a, en effet, fait obligation à Perenco d’investir dans le respect des normes environnementales et de décontaminer le sol et les eaux de cette cité côtière, en assumant ses responsabilités pour le maintien de l’écosystème à Moanda. La Chambre haute a notamment recommandé que les fonds issus de la lutte contre la pollution pétrolière, quelque 88 millions de dollars soient transférés à la Banque centrale pour une gestion efficiente dans la dépollution de la cité mais aussi dans les actions sociales en faveur des populations. Tollé et levée de boucliers au Kongo central. Si, pêcheurs angolais et r-dcongolais approuvent la résolution du Sénat, soutenant que la pollution est à la base de la disparition de différentes espèces de poissons, le Comité de concertation de Moanda, à qui Perenco verse chaque mois 210.000 dollars à titre d’assistances sociales, rejette, par contre, les conclusions du rapport des sénateurs. Le président de ce Comité, Kiki Kiatonda, soutient haut et fort que sans Perenco, Moanda serait resté un gros village. Pour le Comité de Concertation qui regroupe près de 70 villages modernisés, électrifiés au gaz fourni par PERENCO, estime que les sénateurs devraient aborder la question de la pollution pétrolière d’une manière globale et non sectorielle. Kika Kiatonda accuse aussi les trafiquants pétroliers ainsi que l’entreprise SOCIR de pollution dans la région de Moanda. Par conséquent, le Comité de concertation de Moanda, qui reçoit notamment 600.000 dollars des autres pétroliers producteurs récemment venus dans la région, dit n’est pas être d’accord avec les conclusions du rapport des sénateurs accusant l’entreprise Perenco de polluer cette contrée de l’ex-Bas-Congo. Se considérant comme porte-parole et représentant exclusif de la population de Moanda, le président du Comité de concertation, Kiki Kiatonda, a accordé de fait un certificat d’EIE, Etude d’impact environnemental à PERENCO.
L’Etat r-dcongolais s’est, par ailleurs, engagé, à travers le ministère de l’Environnement, à se doter d’un Plan Polmarc crédible, voilà plusieurs une année déjà. Toujours rien. Le plan Polmar consiste, en pratique, en l’établissement des cartes de sensibilité décrivant des endroits sensibles et stratégiques pour la lutte contre les pollutions pétrolières dans le milieu marin.
Il est fait, en effet, obligation à tout Etat côtier de tenir à jour ses cartes de sensibilité et de disposer d’un cadre de concertation permanente avec les sociétés pétrolières et les ports maritimes en vue de faire face à l’urgence en cas de déversement accidentel des hydrocarbures dans le milieu marin.
Les entreprises pétrolières en phase de production à Muanda sont les suivantes, d’après ITIE/R-dCongo : Perenco, Chevron ODS, Muanda International Oil Company, Lirex, Surestream et Teikoku Oil. Et les entreprises en phase d’exploration sont Soco, Surestream appelé aussi Energulf. Les taxes ou différentiels où l’Etat tirent ses recettes se déclinent en 9 actes à savoir : des royalties, des droits superficiaires annuels, l’impôt sur les bénéfices et profits, l’impôt spécial forfaitaire, le précompte BIC, les dividendes, le bonus de signature, la taxe de statistique et la marge distribuable (profit oil Etat associé).
La RD Congo, en fait, le ministère de l’Environnement et les compagnies pétrolières, avait, en effet, produit des cartes de sensibilité en 2010 mais aussitôt rejetées par des environnementalistes pour leur caractère aléatoire, a-t-on appris. Ceci se sait et au ministère des Hydrocarbures et de l’Environnement, Conservation de la nature (et Tourisme). Ces cartes ont été, selon toute vraisemblance, réalisées à la va-vite. Nombre d’éléments biologiques pourtant nettement identifiés n’ont pas été pris en compte. Elles ont notamment fait impasse sur des dauphins qui sont pourtant présents depuis des lustres en amont de la plateforme Tshala.
POLD LEVI