Un vent favorable a fait parvenir à nos rédactions une lettre de Lambert Mende Omalanga, Ministre de la Communication et Médias et porte-parole du Gouvernement, en réaction au communiqué de presse N°006/ASADHO/2017 du 19 avril 2017 dans lequel l’Asadho dénonçait « l’instrumentalisation de la Radio Télévision Nationale Congolaise, RTNC ».
Ces deux documents en disent long sur la vraie nature de l’Asadho d’une part et sur le traitement que cette organisation ainsi que d’autres paravents qui charrient avec cynisme ou candeur, c’est selon, une hypocrisie malsaine sur les véritables objectifs poursuivis par cette ONG qui se retranche derrière un apolitisme de façade et qu’une presse libre digne se doit de débusquer. La reprise de volée de Lambert Mende ne laisse aucune place au doute : l’Asadho de Maître Jean-Claude Katende est au service des puissants intérêts économiques étrangers qui surfent sur l’infantilisation d’une certaine classe politique congolaise dans le but de pérenniser leur contrôle sur le scandale géologique de ce pays.
Pour le commun des mortels, il est difficile de s’apercevoir qu’une Association de défense des droits de l’Homme, du reste affiliée à la Commission Internationale des Juristes basée à Genève et à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) soit à ce point soupçonnée de n’être qu’un relais d’intérêts politico-stratégiques, surtout lorsque les hommes politiques appartenant à cette obédience ne font que perdre du terrain. Il suffit de remonter la filière du financement de la plupart de ces ONGs pour comprendre la convergence des intérêts qui les obligent à convoler en juste noces avec ceux qui se battent pour arracher le pouvoir des mains d’un Joseph Kabila taxé de « missile indocile non téléguidé » afin de le gérer au mieux des oukases de leurs maîtres étrangers emmenés, tout le monde le sait, par un quarteron de néolibéraux belges.
Ceci n’a pas échappé à deux talentueux journalistes de la RTNC, Guillaume Sylvestre Kuku Mamengi et Cédric Kenina dont le « dossier de la rédaction » a définitivement levé le dernier coin de voile sur les politiciens de l’Asadho dont l’efficacité rime souvent voire toujours avec le masque de défenseur des droits de l’homme. « Mais que viennent faire les droits de l’homme dans le soutien que la Monusco apporte conformément à un accord de siège au Gouvernement congolais quel qu’il soit ? », s’était interrogé légitimement un Cédric Kenina dont la clairvoyance fait des émules dans la très politisée capitale congolaise.
Il devient évident que s’il y a des personnes que la liberté de la presse congolaise, devenue de moins en moins jobarde, devrait dorénavant desservir, ce sont notamment ces politiciens qui se cachent dans des ONGs ou des soutanes cléricales et dont la nuisance ne porte plus lorsque leurs arguments sont passés au crible de la raison. C’est ce qui est arrivée dernièrement à un abbé Secrétaire général de la CENCO dont toute la ville haute connaissait les accointances incestueuses avec le richissime et fugitif ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, lorsqu’il a essayé de voler au secours de l’aile radicale du rassemblement de l’opposition bréviaire à la main devant notre confrère Simplice Kalunga.
Pour cette catégorie de politiciens œuvrant soit dans des ONGs, soit dans des confessions religieuses, mieux rétribuées par ailleurs, il faudrait donc inventer un nouveau délit de presse qui consisterait à bâillonner ou embastiller tout journaliste qui aurait eu le toupet de les démasquer par la puissance de feu de l’investigation qui est un des instruments privilégiés de la profession.
C’est ce qu’a demandé Jean-Claude Katende, ci-devant président national de l’Asadho (Association africaine des droits de l’homme) au Ministre congolais de la Communication et Médias Lambert Mende, lui demandant de « prendre des sanctions administratives contre le journaliste Kuku Mamengi, pour avoir proféré des menaces et tenu des propos discriminatoires, insultants et dégradants à l’endroit de l’Asadho et de son président national ».
C’était mal connaître Lambert Mende Omalanga dont l’expérience prouve à suffisance qu’il ne manque pas de talents d’exégète. Il a vite fait de déceler dans cette requête une drôle de « confession politique publique » de Katende, à travers « l’indignation à sens unique exprimée dans les précités ». Mende qui, à l’instar de Martin Heidegger, semble connaître le mouvement de l’être qui se voile en se dévoilant, renchérit : « A partir du moment où, contrairement à sa vocation, une organisation non gouvernementale des droits de l’homme verse publiquement dans les polémiques politiciennes, elle n’est pas à l’abri d’un retour de bâton ».
En d’autres termes, la cause des politiciens masqués utilisant le label des ONGs de défense des droits de l’Homme a été éconduite au Ministère de tutelle de la RTNC. Le contraire aurait étonné. Pour ce qui est de l’Asadho, le Ministre de la Communication et Médias lui propose une voie de sortie afin qu’elle puisse mieux s’adonner à sa vocation politique : « lever l’option d’affirmer (votre) militantisme politique », à défaut de « circonscrire votre action dans la défense et la promotion des droits de l’Homme ».
Les temps ont bien changé. Les clercs et autres politiciens qui jadis se protégeaient pudiquement derrière des manteaux droits-de-l’hommistes ou cléricaux imperméables, vont devoir, à leurs risques et périls expérimenter l’aspérité du débat politique au même titre que leurs « collègues » œuvrant ouvertement dans des partis politiques. Jean Claude Katende et l’Abbé Donatien Nshole, pour ne citer que ces deux exemples, l’ont appris à leurs dépens. A qui le prochain tour ?
B.B.