Aux négociations directes sur la mise en application de l’Accord de la Saint Sylvestre, ça bloquait encore sérieusement lundi 23 janvier 2017, à quelques heures de la plénière prévue à 16 heures le même jour. Les discussions tournaient toujours autour de la composition du Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus électoral (CNSP). Plus précisément, sur les postes de vice-président, la majorité présidentielle (MP) exigeant la 1ère vice-présidence, compte tenu du fait que le Rassemblement occupe déjà la présidence à travers la personne d’Etienne Tshisekedi. Pour le reste des postes à pourvoir au sein du CNSP aussi, les violons ne se sont pas tout à fait accordés. Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement exigeant une sorte de partage équilibré avec la majorité présidentielle et le Front pour la défense de la constitution, qui faisait la part trop belle à l’opposition, selon la majorité. Le Rassop a proposé une répartition à raison de 4 délégués par composante que la MP a rejeté catégoriquement. Cela fait 8 délégués de l’opposition (Rassop et Front) contre 4 seulement de la MP. « Ils veulent nous encercler », a expliqué au Maximum un délégué de cette famille politique joint au téléphone tard dans la nuit. Les discussions ont particulièrement piétiné du fait que parmi les délégués de la MP, beaucoup reprochent aux évêques catholiques qui assurent la facilitation des négociations du Centre interdiocésain un parti pris manifeste en faveur du Rassop et du Front pour la défense de la Constitution, dont les revendications sont adoubées sans broncher. Un reproche qui a été adressé sans ambages aux évêques le même jour. Dimanche 22 janvier, les protagonistes se sont séparés autour de 22 heures sans avancée notable sur la question, en dehors d’un rendez-vous convenu entre la majorité et le Rassop qui devrait permettre aux deux familles politiques les plus importantes de convenir de concessions réciproques et ainsi, d’arrêter le cycle d’interminables échanges sur le CNSP, selon la même source.
Les seuls points d’accord portaient donc, lundi avant la plénière, sur la date de la signature de l’arrangement particulier, fixé au 28 janvier prochain ; la date de l’installation du comité national de suivi et la notification à Etienne Tshisekedi, fixée au 26 janvier ; les mesures de redynamisation de la CENI et le Renouvellement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC).
Le point de désaccord le plus important reste, cependant, le mode de désignation du 1er ministre du futur gouvernement. Les deux camps campent sur leurs positions de départ et n’en démordaient pas encore jusque lundi 23 janvier dans l’après-midi : pour la Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, il lui revient de désigner le 1er ministre que Joseph Kabila devrait nommer sans autre forme de procès, conformément à l’accord politique signé le 31 décembre dernier. Niet, rétorque la MP qui fait valoir les prescrits de la constitution, qu’un accord politique ne peut remettre en cause. Ceux-ci stipulent que le Chef de l’Etat entérine une nomination lorsqu’il s’agit d’un pouvoir lié, par exemple après que la personne à nommer ait été élue (cas des gouverneurs des provinces) ; mais aussi que le Chef de l’Etat « nomme », lorsqu’il ne s’agit pas d’un pouvoir lié, c’est le cas du 1er ministre. Joseph Kabila détient le pouvoir de nommer le 1er ministre, que ni l’accord de la Saint Sylvestre ni le Rassop et ses alliés de l’opposition ne peuvent lui dénier sans énerver la constitution. D’où la proposition de soumettre à Joseph Kabila une liste de 7 à 5 personnes à nommer pour lui permettre choisir. Jusque dimanche soir, il semblait que le principe du choix à laisser au Chef de l’Etat était acquis. Restait la question du nombre de personnes à proposer, tout au plus 5 selon la MP, à la limite 3, selon les prélats qui assurent la facilitation. En supposant que le Rassemblement accède à cette exigence fondée sur la constitution, ce qui ne semblait pas tout à fait sûr, au moment où Le Maximum mettait sous presse.
En fait, ce qui bloque sur la question du mode désignation du 1er ministre, c’est l’ombre des Tshisekedi, Père et Fils. Des sources du Maximum chez les radicaux rapportent qu’à l’UDPS particulièrement, c’est le sort de Félix Tshisekedi, qui serait mis en ballotage avec d’autres candidats premier ministre, qui provoque des sueurs froides. Le Fils Tshisekedi proposé sur une liste de plusieurs personnes, cela offrirait au Président de la République la possibilité de le contourner en faveur d’un candidat au CV « mieux disant ». Un point sur lequel la MP ne démordra pas : « Il n’y a pas deux Chefs d’Etat, un qui désigne le 1er ministre, et un autre qui obtempère à cette désignation. Il n’y a qu’un Chef d’Etat à qui il faut soumettre les noms des candidats à nommer, selon la constitution », explique un délégué de la MP au Maximum.
J.N.