Vendredi 21 octobre 2016, le Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme en RDC s’est fendu d’un rapport sur les incidents meurtriers et insurrectionnels qui ont émaillé les manifestations politiques organisées par l’opposition katumbiste – tshisekediste les 19 et 20 septembre dernier. Un rapport, au finish, fort proche de celui communiqué par les autorités urbaines aux lendemains des incidents malheureux survenus à Kinshasa, au moins en ce qui concerne le nombre des morts et les dégâts matériels. Selon les rapports des services de police, près d’une quarantaine de personnes avaient trouvé la mort au cours de ces incidents, dont 4 agents de police lynchés par les bandes de manifestants. Le BNUCDH fait lui état de quelque 50 personnes décédées à la même occasion : soit, un écart d’une dizaine de victimes de plus, qu’une documentation concertée peut résorber alors que les porte voix du rassemblement créé à Genval (Belgique) en juin dernier évoquent plus de 100 morts. Pour une fois donc, les chiffres des officiels se révèlent très proches du BCNUDH, indiquant ainsi qu’une meilleure collaboration entre les officiels rd congolais et les Nations-Unies n’est pas chose impossible comme on en a l’impression jusqu’ici.
Mais en RD Congo, on est encore loin de ces conjectures optimistes. Même si, en principe, la Mission des Nations-Unies pour la Stabilité de la RD Congo (MONUSCO), dont fait partie le BCNUDH, est sensée œuvrer à la stabilité des institutions étatiques nationales, à la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. Dans la pratique, c’est tout le contraire : la plupart des organisations partenaires de la mission onusienne œuvrent au contraire à saper l’autorité de l’Etat lorsqu’elles ne cherchent pas à s’y substituer, carrément.
Le rapport du BCNUDH sur les événements malheureux des 19 et 20 septembre 2016 transpire à des lieux à la ronde une campagne de discréditation systématique de l’Etat rd congolais et de ses services de sécurité au profit de l’anarchie. A la lecture du rapport rendu public vendredi dernier, un analyste de la faculté des sciences sociales de l’Université de Kinshasa confiait aux rédactions du Maximum son étonnement à ce sujet : « on croirait lire un tract séditieux rédigé à la 10ème rue Limete » (i.e. : le siège de l’UDPS/Tshisekedi, un des partis politiques organisateurs de la manifestation qui a dégénéré les 19 et 20 septembre dernier). Il y a de quoi en effet, bien que les auteurs s’en défendent, arguant que les conclusions de leur rapport préliminaire sur les événements de septembre « sont principalement basées sur des informations de première main collectées par les officiers des droits de l’homme », sans pour autant révéler l’identité desdits enquêteurs affublés du titre « d’officiers des droits de l’homme ». Notre source affirme que ces fameux enquêteurs ne sont autres que des activistes rd congolais des droits de l’homme, rétribués au prorata de la gravité de leurs dénonciations, généralement partisanes, des responsables étatiques en place à Kinshasa. Est symptomatique à cet égard, le fait qu’aucune organisation de défense des droits humains, internationale ou rd congolaise, n’a jamais déploré ni dénoncé les violences mortelles perpétrées contre les agents de police en service commandé lors des manifestations de l’opposition. Dans le rapport rendu public, le reste coule comme de source : ce sont « les agents étatiques » qui sont accusés de tous les maux d’Israël. Pas les organisateurs de la manifestation qui, selon tous les observateurs indépendants présents à Kinshasa durant les événements, ont délibérément encadré les « débordements » dès ses premières heures. « Au total, le BCNUDH est en mesure de confirmer qu’au moins 53 personnes, dont sept femmes et deux enfants, et quatre policiers, ont été tuées. Quarante-huit ont été tuées par des agents de l’Etat, tandis que les autres auteurs n’ont pas pu être clairement identifiés. Cent quarante-trois personnes, dont 13 femmes et 11 enfants, ont été blessées – y compris 75 par des agents de l’Etat et 68 par des individus non identifiés– ; et plus de 299 personnes ont été arrêtées et détenues illégalement », lit-on sur ce document de 16 pages. Des affirmations qui méritent quelques questionnements sur la méthodologie de l’enquête onusienne. Quarante-huit personnes tuées par des agents de l’Etat ? Quels agents de l’Etat, où, et dans quelles circonstances précises ? Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme ne s’estime pas en devoir d’apporter une réponse quelconque à ces interrogations pertinentes et légitimes. Il se contente de lancer, tel des pavés dans la marre des accusations très graves mais insuffisamment étayées. Tout le contraire des rapports égrenés au jour le jour par la Police nationale congolaise (PNC) et rendus publics au fur et à mesure que survenaient les incidents, les 19 et 20 septembre 2016. Des rapports très détaillés qui documentent sur l’identité des victimes, le lieu ainsi que les circonstances de leurs décès.
Il ressort de ces rapports des services de police que nombre de décès survenus en banlieue kinoise, étaient survenus à la suite des pillages, les propriétaires des entreprises et/ou résidences «visités » par les pillards et les casseurs et leurs vigiles s’étant opposés armes à la main à la destruction ou à l’extorsion de leurs biens. Curieusement là-dessus, le rapport du BCNUDH reste totalement muet. La plupart des entrepôts, banques, stations services et sièges de partis politiques à Kinshasa sont généralement surveillés par des agents privés en armes ou des éléments de la police requis à cette fin le plus légalement du monde. Un certain nombre de ces établissements avaient subi l’assaut des « manifestants » les 19 et 20 septembre derniers. Même s’ils sont le fait d’agents de l’Etat (en service dans ces cas précis), des tels décès sont imputables à une obligation de légitime de protection de ces installations. On ne peut que s’étonner que les officiels des Nations Unies se permettent de les ranger indistinctement dans la catégorie des « exactions contre les manifestants ». Mais on comprend mieux l’orientation donnée au rapport onusien sur les événements de septembre dernier, et sans doute à bien d’autres, lorsqu’on lit quelques lignes plus loin dans le même texte que sur les 53 personnes mortes, « Quarante-huit ont été tuées par des agents de l’Etat, tandis que les autres auteurs n’ont pas pu être clairement identifiés ». Les autres auteurs ? Mais il n’y avait que deux parties dans ces événements, à en croire le BCNUDH lui-même : les « manifestants » et les agents de sécurité ! Si les auteurs ne sont pas les agents de sécurité ou de l’Etat, le bon sens le plus élémentaire n’indique-t-il pas qu’il s’agit des « manifestants » ? D’autant plus que des images l’ont montré : parmi les émeutiers de septembre 2016, certains portaient des armes à feu ravies aux policiers, au sujet desquelles le rapport du bureau conjoint onusien est tout aussi muet.
La tendance de tout mettre sur le dos de l’Etat congolais et de ses services de sécurité est aussi évidente chez les experts de la Monusco que le nez au milieu d’un visage humain : « Cent quarante-trois personnes, dont 13 femmes et 11 enfants, ont été blessées – y compris par des agents de l’Etat et 68 par des individus non identifiés », poursuit, imperturbable le rapport vanté par tous les médias occidentaux qui s’en donnent à cœur joie. Ce qui accrédite la thèse des souverainistes congolais qui accusent certains partenaires de leur pays d’avoir juré d’imposer dans l’opinion mondiale l’image d’un Etat congolais « voyou » ou « failli », prélude et justification à toutes les aventures dont la balkanisation.
Au lendemain des incidents de février dernier, avec un cynisme impénitent, les organisateurs de la « manifestation-casse-pillage » n’ont pas hésité à accuser l’Etat d’avoir « tué une centaine de personnes ». C’est ce que Joseph Olenghankoy des Fonus, mais aussi Jean-Marc Kabund de l’UDPS avaient claironné, suivis en cela par l’octogénaire Etienne Tshisekedi, président du Rassemblement qui n’a eu aucun mot pour condamner les débordements délibérés de ses ouailles. A ce jour, on attend toujours le moindre commencement de preuve de ces graves allégations auxquelles les acteurs politiques de l’opposition en RD Congo ont habitué l’opinion et qui ont été massivement répandues aux quatre coins par les médias « globaux ». La relativisation du nombre de « personnes tuées par les forces de sécurité » dans le rapport du BCNUDH n’enlève rien à l’impression que ce dernier donne de voler au secours de cette propension à la calomnie connue en RD Congo depuis un certain fameux « massacre des étudiants de Lubumbashi » au début des années ’90 lorsque la Belgique décida de « dégager » le président Mobutu. « Le BCNUDH a reçu des rapports selon lesquels un nombre non précisé de victimes blessées par balles auraient été jetées dans la rivière Ndjili par les forces de défense et de sécurité. Il en est de même pour les allégations de fosses communes dans la commune de Masina ». Incroyable insinuation dans ces milieux africains où l’organisation des deuils, mêmes des pires criminels, ne peut en aucune manière être frappé d’interdit ou être occulté. Les enquêteurs du BCNUDH se seraient donc dispensés d’inventorier les lieux des deuils de ces victimes introuvables à travers les communes parcourues et mentionnées dans le rapport ?
Mais il y a pire dans le rapport onusien sur les événements de septembre 2016, dont on sait qu’ils ont débordé dès lors que les « manifestants » ont changé et le point de ralliement et l’itinéraire convenus et sécurisés par les forces de police dans le but avoué de « faire comme au Burkina », selon l’un d’entre eux, Martin Fayulu, actuellement en fuite à l’étranger. Ici aussi, le rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme vole littéralement au secours des organisateurs qu’il tient à disculper contre toute évidence : « Au cours de la soirée du 18 septembre, la veille de la manifestation, des émissions de radio et de télévision, y compris des médias contrôlés par l’Etat, ont transmis des informations erronées sur l’itinéraire approuvé. Cela a pu contribuer à la mauvaise gestion de la manifestation du lendemain ». Pourtant à Kinshasa, tout le monde avait suivi en direct sur la chaîne publique et un certain nombre de stations audiovisuelles privées le gouverneur de la ville, André Kimbuta, entouré des organisateurs, rendre compte de son entrevue avec eux et préciser l’itinéraire convenu. Le BCNUDH ne dit pas quelle radio ou télévision aurait communiqué le fameux « itinéraire erroné » qu’il brandit pour justifier l’injustifiable, à quelle heure et au cours de quelle émission, étant donné qu’en matière de citation, de telles précisions sont rigoureusement requises pour permettre aux tiers d’en vérifier la véracité et l’exactitude.
Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que le rapport rendu public vendredi dernier est, dans une large mesure, un tissu de mensonges cousu de fil blanc avec un objectif qui n’a rien à voir avec la mission du BCNUDH en République Démocratique du Congo. C’est le point de vue d’un correspondant du Maximum résidant dans la commune de Lemba qui se dit fort surpris d’apprendre que selon le BCNUDH, « Les premières atteintes à la liberté de manifestation ont eu lieu dans la matinée du 19 septembre 2016, vers 7h30 du matin, quand des agents de la PNC ont commencé à disperser tout rassemblement avec des gaz lacrymogènes et procédé à l’arrestation de huit personnes dans la commune de Lemba ». Archifaux, selon ce témoin qui assure qu’à Lemba, des parages du rond point Super Lemba jusqu’à celui de Lemba Terminus un peu plus loin, les « manifestants », ou ceux qui sont présentés comme tels, avaient entrepris de brûler des pneus sur la chaussée pour perturber toute circulation avant 6h00 du matin. Ce sont eux que les policiers ont dispersés à coups de grenades lacrymogènes. C’est connu de tous. Tout comme il est connu de nombre d’observateurs plus ou moins neutres, grâce à la presse internationale dont l’Agence France Presse, qu’au point de jonction convenu avec les autorités urbaines à la place de l’Echangeur de Limete, des bandes de jeunes, ivres ou drogués, avaient attaqué les forces de police à coup de pierres dès 9 h 00, plusieurs heures avant l’heure convenue du début de la manifestation en mi-journée.
En convertissant de la sorte des délits et crimes punissables par les lois de tous les pays du monde en « libertés » à promouvoir dans le cadre de sa mission en RD Congo, en ce compris des atteintes flagrantes aux biens publics et privés, à la vie des personnes … que l’Etat se doit de protéger à son corps défendant, le rapport du BCNUDH sur les incidents des 19 et 20 septembre 2016 à Kinshasa constitue un véritable chef d’œuvre de sape de l’autorité d’un Etat que les Etats-Unis prétendent être venues renforcer et stabiliser. Rien d’autre. Il s’inscrit en droite ligne dans d’autres dévoiements du genre, provoqués par une certaine communauté internationale depuis quelques semaines. C’est le cas lorsque des responsables d’Etats étrangers s’épanchent dans les médias et les réseaux sociaux sur leur résolution de voir le président Joseph Kabila quitter immédiatement le pouvoir parce qu’il ne protège pas suffisamment les intérêts économiques de leurs pays en RD Congo. Les droits de l’homme prétendument violés, ce sont en réalité ces intérêts là qui sont avant tout mercantilistes. Un schéma rôdé depuis des décennies avec les éliminations de leaders souverainistes comme Patrice Lumumba au Congo, Salvador Allende au Chili ou Thomas Sankara au Burkina Faso et réitéré récemment avec la destruction de la Libye et l’assassinat du leader libyen Mouammar Kadhafi au sujet desquelles des langues commencent à se délier notamment en Grande Bretagne, sans émouvoir outre mesure ceux qui semblent n’avoir qu’un coffre fort à la place du cœur et les faibles d’esprit qui leur servent de relais dans les pays du Sud.
J.N.
MANIF’S DES 19 ET 20 SEPTEMBRE 2016 : Le BCNUDH sacrifie l’Etat sur l’autel de l’anarchie
