Le baril de pétrole a franchi la barre symbolique de 50 dollars, se négociant à 52 dollars en ce début de semaine. Petit pays producteur et exportateur de l’or noir, la RDC trouve-t-elle son compte avec un baril plus cher ?
Conséquence de la dégringolade des cours mondiaux des matières premières dont le pétrole, l’Etat n’espère pas plus de 200 millions de dollars des pétroliers producteurs pour l’exercice 2016. Un baril plus cher pourrait aider conduire la RDC à revoir ses prévisions, mais revers de la médaille, la RDC qui exporte quasiment 100% de ses besoins en produits pétroliers dépenserait plus, et sur la répercussion à la pompe serait immédiate. Selon le gouverneur de la Banque centrale du Congo, BCC, Deogracias Mutombo, l’Etat percevait en moyenne 38 millions de dollars le mois des pétroliers producteurs quand le baril titillait les 100 dollars. Or depuis début 2016, le baril oscille dans la fourchette de 30-49 dollars.
D’ailleurs, l’Angola, l’un de plus grands producteurs de l’or noir du continent et membre de l’OPEP, a réduit de 26% son budget 2016 du fait de la chute des cours mondiaux de plus de 40% durant le premier trimestre de l’année en cours. Luanda a en outre sollicité un appui financier à la Banque mondiale de l’ordre de 650 millions de dollars. L’Angola n’avait plus contracté des dettes ni sollicité d’aide depuis 2010. Année où la RDC avait aussi épongé le gros de sa dette et atteint l’IPPTE. La RDC perçoit en moyenne 450 millions de dollars l’an des pétroliers producteurs. Mais à mi-exercice 2016, les pétroliers producteurs sont largement en-deçà de leurs assignations.
Selon le Gouv de la BCC, Déo Mutombo, à la suite de la dégringolade des cours mondiaux du baril de l’or noir, les recettes mensuelles devraient être divisées par deux voire par 4. Les entreprises pétrolières en phase de production à Muanda sont les suivantes, d’après ITIE/R-dCongo : Perenco, Chevron ODS, Muanda International Oil Company, Lirex, Surestream et Teikoku Oil. Et les entreprises en phase d’exploration sont Soco, Surestream appelé aussi Energulf qui a finalement été par Nessergy. Le Franco-britannique PERENCO/R-dC opère à travers 3 sociétés à savoir MIOC, Muanda International Oil Company, qui exploite le pétrole en offshore, avec 2 entreprises partenaires, le Japonais TEIKOKU et une filiale du groupe formé par l’Américain CHEVRON et le français TOTAL, ODS. Cependant Muanda International Oil Company dispose des parts majoritaires, soit 50%. Sur les champs terrestres, en on shore, PERENCO exploite l’or noir à travers deux autres entreprises : PERENCO REP-qui dispose de 55% des parts- et LIREX qui détient 45% d’actions dont 15 reviennent à la Congolaise des hydrocarbures, COHYDRO. Encore actionnaire unique de la COHYDRO SA(RL), l’Etat r-dcongolais, sied-t-il de le rappeler dispose également de 20% des parts dans les sociétés concessionnaires off shore. L’Etat r-dcongolais ne dispose pas de part en nature, même pas un litre ! Son représentant, la société-encore- publique, Congolaise des Hydrocarbures, COHYDRO, n’effectue, en fait, aucune opération de commercialisation du brut r-dcongolais.
Et les taxes ou différentiels où l’Etat tirent ses recettes se déclinent en 9 actes à savoir : des royalties, des droits superficiaires annuels, l’impôt sur les bénéfices et profits, l’impôt spécial forfaitaire, le précompte BIC, les dividendes, le bonus de signature, la taxe de statistique et la marge distribuable (profit oil Etat associé). Les sociétés productrices versent en fait les revenus dus à l’Etat par le biais des services des finances spécialisés dont la DGRAD et la DGDA. Il s’agit entre autres, d’un royalty de 12.5 de la valeur des hydrocarbures à la tête de puits, contrairement à la plupart des pays producteurs qui font référence à la valeur d’exportation. Les producteurs on shore paient également un impôt spécial forfaitaire de l’ordre de 50% sur les bénéfices et n’expédient à la COHYDRO que les chiffres inhérents à la quantité du brut au titre des royalties revenant à l’Etat. Les producteurs offshores versent à l’Etat d’abord une taxe statistique de 1% sur les exportations du pétrole brut, puis 40% de la marge distribuable auprès déduction de toutes les dépenses opérationnelles, y compris les frais de forages incorporels et puits secs, ensuite 20% de participation perçus sur les 60% de la marge distribuable des sociétés après déduction der la participation soit 20% et des autres montants déductibles en vertu du régime du droit commun et qui n’auraient pas été déjà déduits.
Alors que des voix s’élèvent au sein même de la majorité au pouvoir pour décrier la politique de non endettement du cabinet Matata, PERENCO REP principale exploitant pétrolier au large de Muanda serait sur le point d’abandonner le pétrole pour le gaz dans la même zone où quasiment tous les puits sont à sec. Longtemps brûlé par torchère, PERENCO compte à moyen terme exploiter quelque 30 milliards de m 3 dont 10 milliards en on-shore.
NADINE KINGOMBE