En République Démocratique du Congo, l’opinion ignorait encore jusqu’à la fin du week-end dernier si tous les obstacles à la tenue du dialogue étaient levés. Des obstacles liés aux réticences et aux conditionnalités posées par certaines franges de l’opposition politique, celles qui sont apparentées au Rassemblement des forces acquises au changement, essentiellement. Reçue le 14 juillet dernier par le facilitateur du dialogue rd congolais, le diplomate togolais Edem Kodjo, la délégation du G7 conduite par Charles Mwando Nsimba a campé sur ses positions. Au cours d’un point de presse, le 19 juillet, l’octogénaire a indiqué que sa plate-forme tenait au respect de la constitution (en fait, des délais constitutionnels pour la présidentielle) et la mise en œuvre intégrale de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, rejetant la responsabilité de ce qu’elle considère comme une impasse électorale sur la majorité présidentielle au pouvoir.
Un argumentaire qui tient difficilement la route parce qu’il tire les draps du seul côté de ceux qui tiennent à prendre les rênes de l’appareil étatique par le sommet avant tout. Parce que selon la même constitution, ce sont bien quelque onze scrutins électoraux qui doivent être organisés, et non pas seulement le scrutin présidentiel. Derrière la question des fameux délais constitutionnels se dissimule une option, celle de privilégier la présidentielle et de renvoyer les autres élections à plus tard, sur laquelle la classe politique ne s’est pas encore mise d’accord. De ce point de vue, le G7 a tendance à vouloir imposer, sans titres ni droit, ses choix politiques à l’ensemble de la Nation. En rejetant la responsabilité du blocage électoral sur la majorité au pouvoir, la plate-forme des dissidents occulte sa propre responsabilité qui tient au fait qu’elle impose un point de vue et un choix unilatéral que nul n’est obligé de suivre, en réalité.
Le processus électoral rd congolais bloque, entre autres, parce que la classe politique ne s’est pas entendue sur l’agencement des scrutins, sur l’urgence et la priorité à accorder à tel scrutin et plutôt qu’à un autre, et donc sur les options politiques à lever par consensus préalablement à l’élaboration d’un calendrier des scrutins. Des options qui auraient dû être discutées dans le cadre du dialogue politique dont la tenue se heurte aux réticences d’une partie de l’opposition, dont le G7, justement. Lorsque Charles Mwando Nsimba évoque « … l’impasse électorale délibérément créée et entretenue par le Président Kabila et ses partisans en vue de se maintenir au pouvoir », on peut lui rétorquer la thèse de la même impasse électorale délibérément créée et entretenue par l’opposition et ses partisans en vue de le remplacer au pouvoir. Il y a donc une sorte de mensonge par occultation dans le chef du président de la plate-forme proche du candidat déclaré à la prochaine présidentielle, Moïse Katumbi Chapwe.
Mais cette argutie stratégique par omission vire carrément au mensonge lorsque l’octogénaire Charles Mwando Nsimba reproche à la CENI de « vouloir procéder à l’enrôlement des électeurs sans préalablement présenter un chronogramme global des opérations d’identification et d’enrôlement ». De chronogramme, la CENI en a produit au moins deux : un calendrier partiel et un autre, global, publié en février 2015, soit plus de 20 mois avant les fameuses échéances constitutionnelles. Les deux chronogrammes ont subi le même de la part de la classe politique : le refus intégral. D’où l’idée d’un calendrier consensuel dont l’élaboration dépend, encore une fois, d’options politiques préalables à convenir par la classe politique. Charles Mwando ment donc délibérément lorsqu’il accuse la CENI de refuser de « … publier un calendrier électoral et subordonne cette publication à la tenue du dialogue politique ». La centrale électorale attend que les acteurs politiques lui disent ce qu’ils veulent au terme de discussions qui ne peuvent plus se tenir dans le cadre restreint des cadres de concertations prévus la loi portant fonctionnement de la CENI. Ce cadre a, lui aussi, déjà éclaté du fait des d’incessantes tribulations qui agitent l’opposition et qui font qu’aujourd’hui on sait plus qui représente quelle tendance de l’opposition à CENI.
J.N.