Le centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa a récemment servi de cadre au baptême de l’ouvrage ‘’Risques bancaires et dispositifs prudentiels de gestion en RDC’’, de Emile Mudiangani Ilunga.
Paru aux Edition l’Harmattan, l’ouvrage étudie la complication entre les aléas de pertes et la profession bancaire à travers l’histoire des institutions bancaires en RDC. L’auteur scrute le métier de banquier via les rapports de gestion, l’observation concrète enrichie par l’expérience du chercheur et les dispositifs des accords internationaux ainsi que la réglementation nationale. Le Professeur Kabuya, qui a présenté l’auteur tout en remerciant les organisateurs de cette cérémonie a déclaré que la problématique de la sécurité financière est à l’ordre du jour tant dans le monde que plus près de nous. Il suffit d’évoquer l’épisode de la propagation et des séquelles de la dernière crise financière internationale ainsi que l’onde de choc provoquée chaque fois, en RDC, par ces turbulences et faillites. La sortie de cet ouvrage intervient après la pose d’un diagnostic sans complaisance, non comme une simple sonnette d’alarme, mais un appel au redressement de la profession bancaire et l’espérance d’un climat meilleur pour le financement du développement économique du pays, a-t-il poursuivi.
Cet ouvrage est bâti autour du métier de banquier – prise de risque – accompagnement prudentiel. Certes, le métier de banquier est universel. Pour en découvrir les principaux arcanes, il suffit d’ouvrir un bon livre d’économie monétaire. Mais la description de l’exercice de ce même métier, dans le contexte congolais, assaisonnée d’une certaine dose d’histoire du système bancaire national et de détails anecdotiques, confère une touche bien particulière à l’agencement de l’auteur célébré en ce jour, a encore expliqué le Pr Kabuya.
Aux dires du présentateur, la clé de lecture de l’ouvrage est fournie en termes de management stratégique et opérationnel qui préside dans l’organisation de la fonction financière de base : la collecte de dépôts et l’octroi des crédits aux clients. Ces dépôts constituant des fonds des tiers, l’exigence première dans le chef des banques demeure l’assurance à l’endroit des clients, de la sécurité, de la disponibilité et de l’accessibilité à leurs fonds en cas de besoin. Faut-il pour cela désespérer de l’avenir de notre secteur bancaire, s’interroge-t-il. Ce qui importe c’est de pouvoir l’identifier, l’évaluer, le prévenir et le maîtriser.
TYPOLOGIE CLASSIQUE DES RISQUES
L’auteur de ‘’Risques bancaires et dispositifs prudentiels de gestion en RDC’’, Emile Mudiangani Ilunga, a pour sa part dressé une typologie classique des risques : risque de crédit, risque de marché, risque de liquidité, risques opérationnels, risque-pays, etc. Les risques les plus encourus par nos banques sont ceux liés au crédit, aux variations du taux de change et au mécanisme de gouvernance interne et de contrôle externe. Les risques de change et le risque de taux d’inflation ont été relativement maîtrisés au regard de la stabilité relative du cadre macroéconomique ces dernières années. Le développement économique en cours tend à indiquer que le risque de change est permanent dans un environnement où l’essentiel de l’intermédiation bancaire porte sur des opérations en devises étrangères. La dollarisation de notre économie constitue une épée de Damoclès suspendue sur le système financier congolais. Autrement dit, nous ne sommes pas à l’abri d’une crise bancaire majeure, a-t-il expliqué.
L’asymétrie de l’information est source de risque, elle aussi. Risque d’anti-sélection et d’aléa moral entre les banques et les emprunteurs, risque résultant de la relation principal-agent des banques à l’égard des propriétaires. On parle de «rapports incestueux» entre propriétaires et dirigeants de banque.
Certaines questions restent en suspens. Le système financier de la RDC a paradoxalement des acteurs puissamment redoutables (groupes d’intérêts, propriétaires, intermédiaires cachés) capables de faire échec à une décision mûrement réfléchie de l’autorité de contrôle. Si oui, comment y remédier ? Quels types de banques nous faut-il, comment interpréter et concilier un afflux massif en RDC des banques africaines avec le risque-pays, comment garantir et sécuriser une industrie bancaire sans freiner la croissance et le développement. La confiance dans la monnaie et à l’égard des émetteurs est le mot clé de la stabilité d’un système bancaire, a-t-il encore fait remarquer.
HELENE OTSHUMBA