En séjour en terre ivoirienne dans le cadre des Journées africaines de l’administrateur (JAA) organisées à l’initiative de l’INAD-CI, le président du Conseil d’administration des lignes maritimes congolaises (LMC), Lambert Mende Omalanga a été convié à une prestation télévisée par la presse abidjanaise, pour parler de la guerre à l’Est de son pays.
Face aux caméras de Lifetv (Abidjan, 514.959, https://www.facebook.com/LIFETVCI), et devant un panel plutôt bien renseigné sur l’évolution de la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs, le leader lumumbiste et ancien porte-parole du gouvernement ne s’est pas raté. Il n’a pas raté Kigali non plus.
Interrogé sur les enjeux de la guerre que Kigali livre à Kinshasa, l’honorable Mende (il est député élu de Lodja dans le Sankuru) explique que le phénomène n’est pas récent parce qu’il dure depuis 1996, peu après le génocide rwandais de 1994, lorsque le nouveau pouvoir arrivé au Rwanda «s’est mis en tête de pouvoir vivre sur la bête». La RDC est un vaste pays avec d’immenses richesses et le Rwanda, un petit pays avec une démographie galopante et, en dépit d’efforts de développer des relations de bon voisinage promues par le premier pays cité, les autorités rwandaises ont décidé de disposer des ressources minières qui sont importantes dans la région, mais sans contrepartie. Mais, nuance. Mende assure que derrière Kigali se dissimulent des puissances étrangères bénéficiaires du pillage des richesses minérales congolaises, parce que l’armée rwandaise à elle seule ne dispose pas de moyens suffisants pour faire plier l’importante armée de la RDC. «Kigali bénéficie de la complicité de cdux qui convoitent les richesses congolaises et qui trouvent leur compte dans ce pillage», martèle le leader politique congolais.
Remonter au génocide rwandais
A la question de savoir si la RDC ne paie pas la relation incestueuse entretenue par Laurent-Désiré Kabila puis Joseph Kabila avec le Rwanda qui avait aidé le premier cité à prendre le pouvoir en RDC, Mende rappelle à ses interlocuteurs ivoiriens que «les choses remontent à un peu plus loin». La RDC a fait les frais d’une exigence de la communauté internationale. Ce qu’on peut reprocher aux dirigeants de l’époque, c’est peut-être une trop grande réceptivité vis-à-vis des impositions venues de l’Occident. «Le président Mobutu a été trop réceptif aux impositions occidentales lui demandant de recevoir les réfugiés politiques hutu rwandais fuyant devant l’arrivée du nouveau pouvoir en 1994», déclare-t-il. Le droit international nous interdisait de recevoir des réfugiés armés mais le président Mobutu avait passé outre une décision de son propre gouvernement, affaibli à l’interne par les décisions de la fameuse conférence nationale exigeant la démocratisation tout de suite et il a voulu bénéficier de l’appui occidental en ouvrant grandes les portes à toutes ses exigences et il a reçu des millions des réfugiés hutu rwandais. C’est le prétexte dont se sert aujourd’hui Kigali pour effectuer des promenades militaires incessantes sur le territoire de la RDC pour justifier la prise en chasse par son armée de ceux qu’il présente comme des génocidaires.
Mal peut advenir au Rwanda
Au sujet des accusations de survol de l’espace rwandais par l’aviation congolaise et des dénégations du Rwanda des accusations d’agression émises par la RDC, l’ancien porte-parole du gouvernement est formel. «Nous sommes habitués aux dénégations du président de la République rwandaise depuis 25 ans maintenant», commente-t-il. Avant de rappeler l’occupation de la ville Goma par le même M23 en 2013, dont la RDC ne s’est tirée que grâce à une injonction personnelle du président américain Barack Obama. Ce que ni Donald Trump ni Joe Biden, qui ont pris le parti de se servir de Paul Kagame comme leur homme de paille dans la région, n’ont osé faire jusque-là. «Ces dénégations, nous les connaissons. Mais sur le terrain nous voyons bien l’armée rwandaise. Les experts des Nations-Unies ont confirmé que des Rwandais se cachaient derrière l’appellation M23».
Le survol du territoire rwandais par l’aviation congolaise ? «C’est vrai, parce que notre gouvernement ne l’a pas nié», réplique Mende pour qui c’était une erreur malencontreuse de l’armée congolaise mais «qui démontre en même temps que le Rwanda doit faire attention parce que s’il se croit fort, mal peut lui advenir».
Invité à se prononcer sur la médiation du président Emmanuel Macron, Mende a expliqué que la politique de son pays n’est pas de rompre toute relation avec le Rwanda. «Nous sommes des pays voisins et nous devons apprendre à vivre ensemble», a-t-il souligné, avant de rappeller le chassé-croisé des dirigeants de haut niveau qui ont joué la médiation entre les deux présidents. «Ça n’a rien donné. Kagame a persevéré, il a continué à faire main basse sur une partie du Nord-Kivu. Et ça, nous ne pouvons pas l’accepter», a martelé le leader lumumbiste.
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